La grève des médecins du secteur public a débuté ce mardi dans les hôpitaux marocains, marquant un tournant dans la mobilisation des professionnels de santé. Dès demain, mercredi, les médecins internes et résidents viendront renforcer ce mouvement de protestation. Cette situation soulève de vives interrogations sur son impact sur les services médicaux essentiels et la prise en charge des patients à travers le pays. Les grévistes se veulent toutefois rassurants : les services vitaux, tels que les urgences et la réanimation, continueront de fonctionner normalement durant toute la durée de la grève. Cependant, des voix, notamment parmi les défenseurs des droits humains, s'alarment déjà des répercussions sur les centres de diagnostic et d'autres services non urgents. Cette mobilisation a donné lieu à des appels pressants, exhortant le ministère de la Santé et de la Protection sociale ainsi que les syndicats à organiser des réunions d'urgence pour garantir le droit fondamental des citoyens à la santé et à la vie. Des excuses nécessaires mais une protestation inévitable Dr El Mountadar Alaoui, secrétaire général national du Syndicat indépendant des médecins du secteur public, a tenu à exprimer ses regrets face aux désagréments engendrés par cette grève : « Nous nous excusons auprès de chaque patient marocain, mais nous sommes contraints à ces actions de protestation », a-t-il déclaré avec gravité. Lors d'un entretien accordé à Hespress, Dr Alaoui a pointé du doigt la responsabilité partagée des médecins et du ministère. Selon lui, les multiples demandes de dialogue du syndicat ont été ignorées ou reportées à maintes reprises. Il a également dénoncé une situation où « même lorsque des réunions ont lieu et aboutissent à des accords, ceux-ci sont souvent annulés, ce qui est inacceptable ». Le syndicaliste a précisé que la grève n'a pas pour vocation de paralyser les hôpitaux publics, insistant sur le maintien d'un service minimum pour les urgences, la réanimation et les services essentiels. « Ces équipes médicales, une fois leurs actions de protestation terminées, reprennent leur travail avec un effort cumulatif, sans plaintes ni refus, en raison de la nature humaine et sociale de ce secteur », a-t-il souligné. Dr Alaoui a également mis en lumière les sacrifices consentis par les médecins grévistes, qui subissent des retenues sur leurs salaires déjà modestes. Il a déploré l'absence d'augmentations salariales en faveur des médecins, contrairement à d'autres fonctionnaires, et ce malgré les engagements pris dans le cadre du dialogue social. « La seule solution réside dans une approche participative, à laquelle nous sommes déjà engagés », a-t-il affirmé, appelant à l'ouverture de nouvelles discussions avec le ministère sur une base de responsabilité commune. Un droit de grève, mais à quel prix ? Mohamed Zahari, ancien président de la Ligue marocaine pour la défense des droits humains, a également pris la parole pour exprimer ses inquiétudes. « Le secteur de la santé est crucial », a-t-il rappelé, mettant en garde contre les répercussions de ces grèves sur les citoyens. Bien que les syndicats aient promis de maintenir les services critiques comme les urgences et la réanimation, il a souligné que « l'impact sur les services de diagnostic et les prises de rendez-vous est considérable ». Tout en reconnaissant que « le droit de grève est un droit constitutionnel et un moyen légitime de pression sociale », Zahari s'est interrogé sur la réactivité du gouvernement face aux revendications avant le déclenchement de cette grève. Zahari a particulièrement insisté sur les risques encourus par des patients nécessitant des soins continus, comme les dialyses. « Certaines interventions médicales, comme les dialyses dans les centres publics, ne peuvent être interrompues sans risquer des pertes humaines », a-t-il averti. Dans un ultime plaidoyer, Zahari a rappelé que « le droit à la vie est sacré ». Il a exhorté le ministère de la Santé et les médecins à engager immédiatement des discussions constructives pour répondre aux revendications et mettre fin à une situation aux conséquences potentiellement graves.