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Analyse du match Maroc-Lesotho: Regragui aurait-il trouvé la formule ?
Publié dans L'opinion le 19 - 11 - 2024

Les Lions de l'Atlas réussissent la passe de six, un sans-faute lors de cette phase qualificative à la CAN couronné par une pluie de buts. Qui plus est, Regragui a changé de visage pour se montrer plus accessible et transparent, alors que l'équipe carbure mieux avec cette stratégie offensive. Analyse.
Walid Regragui l'a dit lui-même, les vrais tests auront lieu en mars, avec le 17 un déplacement au Niger, puis la réception de la Tanzanie le 24. Entretemps, les Lions de l'Atlas, souvent décriés avant ces matchs de qualification pour leur manque d'efficacité, sont parvenus à puiser dans leur potentiel, notamment offensif, pour offrir du spectacle aux aficionados, et faire preuve de réalisme, offrant un nouveau visage.
Ainsi, ils sont parvenus à inscrire pas moins de 26 buts, tout en en encaissant 2 seulement, en six rencontres et autant de victoires, soit une moyenne très favorable de 4,3 buts inscrits par match, un record. De ce fait, ils sont l'équipe qui a inscrit le plus de réalisations lors de cette phase, devant l'Algérie qui est parvenue à un total honorable de 16 buts, l'Afrique du Sud, 13 buts, et l'Egypte, 11 buts.

En outre, la dernière fois que le Maroc avait infligé 7 buts à un adversaire remonte au 29 août 1996 contre le Zaïre. Mieux, l'équipe nationale n'était jamais parvenue à inscrire au moins 5 buts lors de 4 rencontres sur une année civile, ce à quoi elle est parvenue aujourd'hui.

Le Maroc est efficace autrement que contre les grandes nations

5-1 contre le Gabon et 7-0 contre le Lesotho, les scores sont sans appels. Toutefois, il aurait été difficile de nous imaginer caracoler avec une telle avance face à ces « petits » adversaires juste après le mondial. Le Maroc avait acquis en un laps de temps très court l'ADN d'une formation capable de défendre 90 minutes contre des nations réputées plus fortes, et n'arrivait, en conséquence, pas à maîtriser le jeu et le match contre des challengers. Pour ce faire, l'équipe se devait forcément de passer par une mue en profondeur.
Aujourd'hui, c'est chose faite. Face à la critique, Walid Regragui s'est creusé la tête et a proposé une nouvelle formule flamboyante, basée sur des éléments offensifs de qualité, tout en offrant lui-même progressivement un nouveau profil face aux médias. Mais on reviendra sur ce dernier point un peu plus tard.

Toujours est-il que si le Maroc a réussi pendant la Coupe du monde 2022 au Qatar et juste après la compétition à surclasser d'une courte tête de grands pays européens ou sud-américains où le football est roi (2-0 contre la Belgique, 0-0 et victoire sur penalties contre l'Espagne, 1-0 contre le Portugal et 2-1 contre le Brésil en amical), il ne parvenait pas pour autant à vaincre certaines nations africaines sans avoir à transpirer outre mesure, se faisant même tenir la dragée haute dans des matchs souvent plats. Ce fut le cas à chaque fois en amical contre le Pérou (nation sud-américaine, 0-0), contre le Cap-Vert (0-0), contre le Burkina Faso (victoire 1-0) et contre la Mauritanie (0-0).

Cela résulte donc d'une certaine façon de l'incorporation de meilleurs joueurs offensifs, notamment suite à la nouvelle venue de Brahim Diaz. Ezzalzouli s'est quant à lui affirmé dans son rôle d'élément déséquilibrant, et Ben Seghir se révèle de plus en plus important dans le jeu rencontre après rencontre. À la pointe de l'attaque, les Kaabi, Rahimi et En-Nesyri sont tous les trois en grande forme, une première si l'on considère le niveau global de ces trois 9. La concurrence dans le secteur offensif est telle que même un cadre comme Ziyech n'a pas été appelé lors de cette trêve, lui qui ne joue pas beaucoup en club. Cela ne serait pas arrivé il y a quelques mois, quand la hiérarchie était clairement établie. Pour résumer, Regragui a changé son fusil d'épaule et ne fait pas de privilèges tout en optant pour son 4-2-3-1 suite à l'arrivée de Diaz, stratégie qu'il n'a quasiment plus abandonnée depuis le 22 mars 2024 et une victoire 1-0 contre l'Angola (match amical). Depuis, des ajustements ont été faits, et l'équipe s'est révélée à elle-même.

7-0, qui dit mieux ?

Le match contre le Gabon à Franceville était en quelque sorte un remake du match aller remporté 4-1. Les Panthères se sont montrées dangereuses tout en manquant de réalisme, au contraire des Lions de l'Atlas qui en ont planté 5 en quasiment autant d'occasions. Si nouveauté il y a, elle réside dans le fait que nous nous sommes montrés efficaces sur coups de pied arrêtés (3 buts, 17ème, 20ème, et 23ème), ce qui semble être désormais une nouvelle corde à l'arc de Regragui. En effet, 4 des 12 buts de cette trêve internationale ont été marqués sur balles arrêtées.

Contre le Lesotho, on pouvait imaginer un tout autre scénario, tant ils ont été difficiles à vaincre à l'aller en défendant à dix derrière. Mais il s'agit justement du seul match où coach Walid est revenu à son 4-3-3 autrefois fétiche. Brahim Diaz était entré en jeu et avait alors débloqué la situation après la fin du temps règlementaire (1-0). Ce lundi, c'était une toute autre affaire, Diaz, encore lui, a marqué ses troisième, quatrième et cinquième buts lors de cette fenêtre de campagne de qualification, tout en ouvrant le score très tôt, à la 5ème minute, dissipant s'il le fallait, tous les doutes sur le caractère incertain de cette confrontation. Le feu follet a aussi prouvé qu'il savait déséquilibrer un bloc et s'est définitivement adapté aux joutes africaines, se positionnant comme un leader, preuve en est ses 7 buts en 4 rencontres (sur 6) lors de ces éliminatoires, qui en font le meilleur buteur toutes équipes confondues.

Saibari a également marqué quelques points, scorant par deux fois de manière spectaculaire, c'était à chaque reprise le dernier but de son équipe. À la 90ème contre le Gabon et à la 70ème face au Lesotho, le natif de Terrassa a marqué deux buts d'anthologie et a montré que nous bénéficiions d'une belle profondeur de banc. En-Nesyri s'est quant à lui offert un remake de son but contre le Portugal en devançant le gardien sur un coup-franc tiré par Ezzalzouli (68ème), nous remémorant de beaux souvenirs. Grâce à cette performance, les Lions de l'Atlas se sont offert leur plus large victoire depuis celle glanée contre l'Arabie Saoudite en 1961 (13-1).

Walid Regragui plus accessible, plus communiquant

De quoi satisfaire Regragui, et à juste titre. Conscient de l'enjeu de donner à son équipe une allure plus fringante, puisque la majorité des rencontres se jouent contre des nations moins bien classées, et que celles disputées contre des équipes de niveau égal verront leur verdict se dénouer grâce à notre efficacité supposée, le sélectionneur s'est montré plus facile d'accès face aux journalistes en conférences de presse, mais aussi plus transparent.
Auparavant hermétique sous plusieurs aspects, le technicien parle plus volontiers des joueurs, du projet de jeu et de la stratégie qu'il va adopter, tout en s'appuyant sur des chiffres. Sur le terrain, ce parti pris se voit, le message passe mieux et les joueurs font preuve de plus de mobilité dans leur ensemble.

Comme exemple de sa transparence, le coach avait déclaré en conférence de presse qu'il tenterait probablement un nouveau système. Déclaration qui s'est suivie d'acte contre le Lesotho avec l'entrée de Masina à la 76ème et le passage en 3-5-2 (Mazraoui montant d'un cran).
Cela nous prouve qu'en cas de besoin et en cours de match, les Lions sont aussi capables d'évoluer différemment, si l'équipe d'en face nous demandait plus d'homogénéité sur le terrain ou si l'on souhaitait préserver le score.


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