Les opérateurs français visent désormais le Maroc et les pays subsahariens pour remplacer l'Algérie. Malgré les démentis du gouvernement algérien concernant des «restrictions imposées au commerce avec la France» en raison de la position française en faveur de la souveraineté territoriale du Maroc, des sources économiques françaises se sont confiées à Barlamane.com et ont confirmé que les exportations françaises de blé vers l'Algérie «ont subi de sérieuses entraves depuis juillet», lorsque Paris a reconnu que le plan marocain d'autonomie du Sahara de 2007 est «la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», selon une lettre d'Emmanuel Macron adressée au roi Mohammed VI, rendue publique. Le chef de l'Etat a précisé au passage que «le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.» M. Macron a souligné aussi dans son texte «l'intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour [le] Royaume.» L'Algérie, qui importait entre deux et six millions de tonnes de blé français chaque année, était l'un des plus grands clients de la France. Cependant, selon les mêmes sources, les quantités importées ont nettement diminué ces dernières années, atteignant environ 1,8 million de tonnes au cours des campagnes 2021-2022 et 2022-2023 puis chutant à 1,6 million de tonnes pour la campagne 2023-2024. Pour la saison en cours, la récente importation de blé français effectuée par l'Algérie remonte à juillet avec une quantité modeste de 31 500 tonnes, selon des chiffres officiels. Le Maroc bien prêt Selon les opérateurs français, les relations diplomatiques entre Paris et Alger sont «complexes pour des raisons sans lien avec les céréales (...). Nous avons ainsi perdu ce marché, mais il faut être prêts à en conquérir d'autres comme le Maroc et les pays subsahariens. Parfois, il est nécessaire de vendre nos produits dans des conditions spécifiques sur des marchés qui s'ouvrent ponctuellement.» Ils précisent qu'il «faut suivre l'évolution de la situation sur le long terme.» L'Algérie, qui figure parmi les plus grands importateurs de blé au monde, s'approvisionnait principalement auprès de la France pendant de longues années, celle-ci dominant largement le marché par rapport à ses concurrents directs. Toutefois, cette année surtout, l'Algérie s'est tournée vers les pays d'Europe de l'Est pour ses achats de céréales, notamment de blé tendre. Sanctions commerciales En octobre, des sources commerciales en France ont indiqué à l'agence Reuters que l'Algérie avait exclu les entreprises françaises d'un appel d'offres pour l'importation de blé, organisé lors de la première semaine du mois. Selon ces mêmes sources, l'Algérie aurait exigé que les entreprises participantes ne proposent pas de blé d'origine française. Reuters a mis cet épisode en lien avec une «recrudescence des tensions diplomatiques entre les deux pays», après le soutien français au Maroc, désormais officialisé. À noter que l'Algérie avait déjà suspendu ses échanges commerciaux avec l'Espagne en 2022, après que Madrid a également soutenu la proposition marocaine. Cependant, les échanges entre les deux pays ont repris il y a quelques semaines, sans que l'Espagne ne modifie sa position politique. Le 7 novembre, le gouvernement algérien a vivement critiqué des informations diffusées sur les réseaux sociaux par l'ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt. Ce dernier avait affirmé que l'Algérie aurait «imposé des restrictions au commerce avec la France» en raison de la crise entre les deux pays. M. Driencourt avait notamment déclaré : «Pour remercier la France, l'Algérie décide d'interdire toutes les importations françaises et les exportations vers la France. Nous sommes vraiment aveugles.»