Les éleveurs de volaille au Maroc ont appelé le gouvernement à exempter les importations de poussins de poulets de chair et d'aliments pour volaille des droits de douane afin de mettre fin au monopole de certaines entités, de réduire les coûts de production pour les éleveurs et de garantir une offre suffisante de viande de volaille à des prix abordables sur le marché national. Le président de l'Association nationale des éleveurs de poulets de chair (ANPC), Mohamed Aboud, a exhorté le gouvernement de Aziz Akhannouch à appliquer cette exonération pour les agriculteurs dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas cinq millions de dirhams. Selon lui, «cette revendication portée par son association depuis dix ans dénonce les manipulations des entreprises de couvoirs dans la production dans le but de faire grimper les prix.» Il a également souligné que l'importation de poules reproductrices pourrait générer un surplus parce que «la production a été réduite cet été de 11 millions à cinq millions de poussins entraînant une augmentation des prix. Par la suite, la production a repris, mais les prix des poussins sont restés élevés.» M. Aboud a également réclamé aux entreprises d'aliments pour volaille et de couvoirs de restituer les subventions publiques dont elles ont bénéficié sans que les résultats escomptés n'aient été atteints. Il a ajouté «que le coût d'un poussin en Europe est de 0,35 euro (environ 4 dirhams), tandis qu'il est vendu à 14 dirhams au Maroc.» Le responsable a, par ailleurs, comparé les coûts de production d'un kilogramme de viande de poulet en Europe et au Maroc : «alors qu'il revient à 1,25 euro (environ 13 dirhams) à un agriculteur européen, ce coût s'élève à au moins 17 dirhams pour un éleveur marocain.» Stabiliser les prix Dans le même contexte, l'ANPC a appelé à autoriser les éleveurs à importer des poussins de poulets de chair en exonération de droits de douane à l'instar des poussins de dinde. Selon elle, une telle mesure «contribuerait à stabiliser les prix de vente pour les consommateurs.» L'association a également invité les couvoirs nationaux «à cesser les hausses excessives et injustifiées des prix des poussins de poulets de chair en fixant un plafond de six dirhams par poussin et de 20 dirhams pour un poussin de dinde.» Par ailleurs, elle a suggéré aux entreprises d'aliments composés de réduire leurs prix pour refléter la baisse des coûts sur le marché international. L'association a, également, «prôné un contrôle strict des intervenants dans les circuits de commercialisation depuis la ferme jusqu'au consommateur.» Elle a souligné que «l'absence de vente directe entraîne une hausse des prix pour le consommateur allant de 3 à 4 dirhams par kilogramme.» En outre, les baisses des prix à la ferme ne se traduisent souvent pas par une réduction équivalente des prix pour les consommateurs dans les points de vente. L'association a également demandé à simplifier les procédures d'octroi des autorisations pour l'exploitation de puits souterrains et pour le raccordement aux réseaux d'eau potable afin d'assurer un approvisionnement en eau pour l'élevage de volaille. De même, elle a demandé une simplification des démarches administratives pour l'exercice de l'activité d'élevage de volaille. Evolution des prix de la viande de volaille Le prix moyen du kilogramme de viande de poulet a progressivement augmenté au cours des 50 dernières années. Il est passé de 4,18 dirhams en 1970 à 6,15 dirhams en 1980, puis à 12,24 dirhams en 2000, à 11,30 dirhams en 2010, et enfin à 16,76 dirhams en 2024. Selon des données officielles, le Maroc a importé environ quatre millions de poules reproductrices par an ces dernières années. Rien qu'au cours des premiers mois de l'année 2024, environ 2 millions de ces volailles ont été importées. En parallèle, Rabat a exporté plus d'un million de poussins destinés à la production de viande de poulet au cours des premiers mois de 2024.