Dans son dernier rapport "Finance in Africa", la Banque européenne d'investissement (BEI) met en lumière la performance du secteur bancaire marocain, qu'elle qualifie de plus avancé en Afrique du Nord. Le système bancaire marocain se distingue par sa stabilité et ses indicateurs de performance solides, contribuant au soutien de l'économie nationale et à l'expansion de ses opérations dans d'autres pays africains. Le secteur bancaire marocain se renforce et s'illustre comme un pilier de l'économie du pays, d'après les dernières analyses de la Banque européenne d'investissement (BEI). Reposant sur une profondeur financière inégalée dans la région et des actifs dépassant largement le produit intérieur brut national, les banques marocaines jouent un rôle crucial dans le développement économique. En s'appuyant sur un système concentré mais résilient, elles réussissent à conjuguer stabilité et rentabilité, malgré des défis économiques mondiaux persistants. Le rapport de la BEI souligne un ratio crédit au secteur privé/PIB de 88 %, le plus élevé d'Afrique du Nord. Ce chiffre témoigne de la capacité des banques marocaines à soutenir activement le financement des entreprises et des ménages, stimulant ainsi la croissance nationale. À titre de comparaison, d'autres pays de la région présentent des ratios bien inférieurs, avec 62 % pour la Tunisie, 31 % pour l'Égypte et seulement 21 % pour l'Algérie. Cette profondeur financière confère aux banques marocaines un avantage leur permettant également de mener des stratégies d'expansion à l'étranger, en particulier en Afrique subsaharienne. Le secteur bancaire marocain, composé de 24 institutions, dont 19 banques traditionnelles et 5 banques islamiques, affiche des actifs représentant environ 130 % du PIB du pays. La concentration y est notable, les trois plus grandes banques détenant à elles seules environ 62 % des actifs totaux. Cette configuration, bien que centralisée, favorise la gestion des risques et permet aux banques marocaines de demeurer financièrement résilientes dans un environnement de plus en plus compétitif. Au fil des deux dernières décennies, les banques privées ont par ailleurs pris le pas sur les établissements publics, ces derniers étant passés de 40 % du total des actifs en 2002 à 22 % en 2023. Malgré les tensions économiques et l'incertitude mondiale, le secteur bancaire marocain a conservé un ratio de prêts non performants stable de 8,6 % en 2023. Néanmoins, le rapport de la BEI note que certains défauts de paiement persistent dans le secteur privé, notamment en raison des prêts subventionnés accordés pendant la pandémie, dont le remboursement demeure difficile pour certaines entreprises. L'augmentation des taux d'intérêt a également contribué à améliorer la rentabilité des banques marocaines, avec un retour sur fonds propres passant de 10,9 % en 2022 à 11,8 % au premier semestre 2023. La BEI souligne que cette rentabilité est soutenue par des ressources à faible coût issues des comptes courants et d'épargne, qui continuent de renforcer la stabilité du secteur. Le rapport insiste enfin sur l'importance des exigences de fonds propres, un levier essentiel pour la solidité du système bancaire marocain. Le ratio de capital Tier 1, actuellement à 12,9 %, dépasse le minimum réglementaire de 9 %, garantissant ainsi un matelas de sécurité pour absorber les éventuels chocs économiques. Une surcharge de capital est d'ailleurs prévue pour les plus grandes banques du pays d'ici 2025, consolidant davantage la stabilité du secteur.