Le gouvernement s'apprête à déployer une réforme de l'impôt sur le revenu (IR) annonçant des changements radicaux, notamment l'exonération progressive des pensions de retraite. L'objectif affiché ? Soulager la pression fiscale qui pèse sur les ménages. Pourtant, cette initiative, aussi louable soit-elle, ne fait pas l'unanimité, suscitant un véritable concert de critiques, tant sur son envergure jugée insuffisante que sur les dissensions qu'elle engendre entre le gouvernement et l'opposition. Certains retraités pensent être floués. Au cœur de cette réforme, une mesure phare : l'exonération totale des pensions de retraite de l'IR, à l'horizon 2026. Fouzi Lekjaa, vice-ministre du Budget, a présenté un plan en deux temps : une réduction de 50% dès 2025, suivie d'une suppression complète l'année suivante. Toutefois, précisons-le avec la plus grande clarté, cette mesure ne s'applique qu'aux pensions de base et aux rentes issues des régimes officiels. Les revenus complémentaires, eux, restent malheureusement dans le champ de l'imposition. Un comble ! Jugent par plusieurs salariés. Cette décision, accueillie avec enthousiasme par les organisations de retraités qui militent depuis des lustres pour un tel allégement, arrive dans un contexte économique particulièrement tendu, marqué par une inflation qui ronge inexorablement le pouvoir d'achat. Pour les retraités, c'est une bouffée d'oxygène, un véritable soulagement. Pourtant, Brahim Belghazi, un retraité des impôts et domaines, tempère en précisant que c'est uniquement la retraite de base qui est concernée et interpelle le gouvernement sur le cas de la retraite complémentaire à savoir la CIMR. Certains experts, plus pragmatiques, mettent en garde contre les conséquences potentielles sur les recettes fiscales de l'Etat, déjà fragilisées. Un véritable dilemme budgétaire. Lire aussi : Lekjaa : Les réformes fiscales propulseront les recettes fiscales à plus de 329 MMDH en 2025 La réforme prévoit également une révision du barème de l'IR pour les salaires. Les revenus inférieurs à 6 000 dirhams mensuels seront exonérés, avec un relèvement du seuil annuel de 30 000 à 40 000 dirhams. L'ambition est clairement affichée : faire passer le pourcentage de contribuables exonérés de 71,4 % à 80 %. Un objectif ambitieux, voire audacieux, qui rappelle une course de vitesse contre la montre. De plus, les taux d'imposition des tranches supérieures seront revus à la baisse, avec des réductions pouvant atteindre 50 % dans certains cas. Le taux marginal maximal passera de 38 % à 37 %. Ces ajustements, estimés à 5,2 milliards de dirhams, visent à injecter une dose de sérénité dans le porte-monnaie des classes moyennes et supérieures. Cependant, l'efficacité réelle de ces mesures est loin de faire consensus. Comme le souligne un article de L'Economiste, l'augmentation du salaire net reste modeste face à l'inflation galopante. Pour un salaire net de 9 989 dirhams, l'augmentation mensuelle serait de 435 dirhams ; pour un salaire de 21 155 dirhams, elle atteindrait 546 dirhams. Des chiffres qui, à la lumière de la situation actuelle, semblent dérisoires. Au Parlement, la réforme a été adoptée sans modifications majeures, les amendements proposés ayant été rejetés. Cette décision a exacerbé les tensions, certains députés dénonçant une réforme timide, incapable de répondre aux défis économiques actuels. Une véritable déception pour certains. Un autre point de friction : l'augmentation des réductions fiscales pour charges familiales. L'aide passera de 360 à 500 dirhams par personne à charge, avec un plafond annuel porté de 2 160 à 3 000 dirhams pour un maximum de six personnes. Une mesure positive, certes, mais jugée insuffisante pour faire face aux coûts croissants de l'éducation, de la santé et des transports. Un pansement sur une jambe de bois, diront certains. En résumé, cette réforme traduit une volonté politique de calmer le jeu social tout en préservant la résilience économique du pays. Cependant, seule la mise en œuvre et l'observation des résultats concrets permettront de juger si cette réforme sera perçue comme un tournant décisif ou une occasion manquée. L'avenir nous le dira.