Le réalisateur franco-marocain Saïd Hamich Benlarbi est à son deuxième opus cinématographique. Dimanche, «La mer au loin» (Across the sea) a été montré au Festival international du film de Marrakech (FIFM 2024), où il fait partie des 14 longs-métrages en compétition. Le film «La mer au loin» (Across the sea) du réalisateur franco-marocain Saïd Hamich Benlarbi, a été projeté, dimanche, dans le cadre de la compétition officielle du 21e Festival international du film de Marrakech (FIFM 2024), qui se tient du 29 novembre au 7 décembre dans la cité ocre. Il fait partie de 12 œuvres soutenues par les Ateliers de l'Atlas, le programme industrie initié par le Festival en 2018, incluses à la sélection de cette édition de la grand-messe. Le cinéaste signe son deuxième long-métrage, une romance autour de Nour, 27 ans, migrant sans-papiers dans le Marseille des années 1990. Incarné avec brio par le comédien et acteur marocain Ayoub Gretaa, le personnage principal vit de petits trafics, jusqu'à ce qu'il rencontre Serge (Grégoire Colin), policier aux vies paradoxales, entre l'image de sa fonction et son cheminement familial mouvementé. Pris sous l'aile de l'agent, Nour plonge dans les tréfonds du déchirement entre les deux rives de la Méditerranée, loin de son Oujda natal. Il est le témoin des vies multiples de ses hôtes, des nouvelles vies de ses camarades de traversées, tantôt rattrapé par un passé qu'il continuera de fuir, tantôt accroché à ses rêves malgré l'usure de l'exil. Ph. FIFM A travers ce récit, le film se situe à la croisée de la fiction et de la réalité de parcours migratoires des années 1990, rejoignant en partie le vécu du réalisateur lui-même. Visiblement ému en présentation de son nouvel opus cinématographique, Saïd Hamich Benlarbi a en effet rappelé que cette histoire était en quelque sorte la sienne également, lui qui a quitté le Maroc à l'âge de 11 ans, connaissant ainsi les stigmates de la séparation familiale. Dans l'intimité des cicatrices du passé et de l'éloignement Mêlant réel et imaginaire, intime et politique, le cinéaste propose une fresque historique sur une décennie, du début des années 1990 à la veille d'un nouveau millénaire. On y découvre le monde fragmenté de Nour, mais aussi la vie nocturne marseillaise, le refuge des immigrés du Maroc et de l'Algérie dans les musiques de Cheb Hasni et du raï à son âge d'or, ainsi que les combats personnels de Fadela (Rym Foglia), de Noémie (Anna Mouglalis) et de Houcine (Omar Boulakirba). A l'écran, le comédien Ayoub Gretaa se met naturellement dans la peau de Nour, personnage principal qu'il a réussi à incarner dans une interprétation cinématographique digne du septième art mondial. Souvent silencieux et profondément expressif, son jeu d'acteur fait tous les moments forts en émotions dans le film. Sélectionné en séance spéciale à la 63e Semaine de la critique au Festival de Cannes, en mai 2024, l'opus a d'ailleurs été acclamé grâce à la prestation dramatique du jeune artiste. Ayoub Gretaa / Ph. FIFM Autant dire que cette œuvre cinématographique ne laisse pas indifférent, brossant le tableau mitigé de l'intégration dans le pays d'accueil, questionnant problématiques sociales, culturelles et économiques, loin des clichés et dans un langage incontestablement artistique.