Personne ne peut le nier : des vents favorables soufflent sur le voilier du Sahara marocain pour l'amener en toute sécurité et en toute quiétude à bon port. La dernière réunion des Nations Unies sur la question prolonge un statu quo favorable au Maroc en consacrant la solution politique proposée par le Maroc comme le cadre de la sortie de crise, en mettant la pression sur l'Algérie, partie prenante de cette crise, l'invitant instamment à rejoindre les tables rondes onusiennes, en louant la bonne interaction du Maroc avec les instances de l'ONU chargées des questions de droits de l'homme pour vider de toute leur substance la propagande anti-marocaine. Cette consécration onusienne a été quelque peu chahutée, du moins dans les médias, par une proposition non officielle de l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, de partager le Sahara entre le Maroc et le front polisario. Une vieille idée du régime algérien recyclée dans la bouche du responsable de l'ONU et qui n'a aucune chance de toucher la réalité, le Maroc l'ayant déjà refusée à plusieurs reprises dans le passé. La souveraineté ne se partage pas. Et ce n'est pas aujourd'hui, alors qu'il collectionne les victoires diplomatiques et qu'il provoque une unanimité internationale croissante sur sa souveraineté sur le Sahara, que le Maroc va se livrer à une telle concession. Face à cette situation, le Maroc doit gérer deux défis majeurs pour plier définitivement le match diplomatique de cette question saharienne. Le premier est en direction du continent européen et le second est en direction du continent africain. Deux actions diplomatiques asymétriques qui vont éteindre définitivement cette discorde régionale entretenue par la seule volonté pyromane du régime algérien. Pour l'Europe, alors que les pays importants de cet espace, comme la France, l'Espagne et l'Allemagne, pour ne citer que ceux-là, se rangent ouvertement derrière le Maroc, l'enjeu pour la diplomatie marocaine est d'arracher une position commune des 27 pays de l'Union européenne sur le Sahara marocain. Cette mission ne semble pas impossible dans le contexte actuel. Récemment, à l'occasion du jugement très controversé et contesté de la Cour de justice européenne sur deux accords commerciaux entre les autorités de Bruxelles et le Maroc, les multiples niveaux de décision européenne (Conseil de l'Europe, Commission européenne, Parlement européen) se sont précipités pour souligner avec une emphase inédite l'immense valeur qu'ils accordent, en tant qu'Union européenne, au partenariat avec le Maroc. Quelle autre manière de célébrer cette importance et d'inscrire dans le marbre cette priorité que de produire une position commune de l'Union européenne sur la marocanité du Sahara ? C'est de cette manière que ces pays européens peuvent répondre à une demande régulière de la diplomatie de sanctuariser la précieuse relation entre l'Union européenne et le Maroc. Tout en travaillant à convaincre l'Europe de formuler une position politique commune sur le Sahara, qui fermerait définitivement les portes aux forces hostiles cherchant à polluer leurs relations, la diplomatie marocaine se doit de relever le grand défi africain. Celui de convaincre les membres influents de l'Union africaine qu'il est temps d'exclure de leurs rangs la RASD, une structure sans aucune existence légale qui a été incrustée dans les institutions africaines à la poignée de mallettes de pétrodollars algériens. La présence du polisario au sein de l'Union africaine est devenue anachronique et handicapante pour l'Union africaine, à voir les nombreux couacs qu'elle provoque dans le dialogue de coopération entre les pays de l'Union africaine et les autres puissances internationales. Aussi bien pour l'Union européenne que pour l'Union africaine, la diplomatie marocaine travaille avec la légendaire discrétion qui la caractérise. Sa mission est de convaincre ses amis et ses alliés que le temps est venu d'adopter les grandes décisions qui marquent les esprits et font la différence. Et s'il y a un tournant majeur à attendre de cette séquence diplomatique, c'est de voir un sommet de l'Union européenne se positionner avec la plus grande solennité sur la souveraineté du Maroc sur son Sahara et un sommet de l'Union africaine prononcer l'expulsion de la fantomatique RASD. Une double victoire qui permettra à la région du Maghreb, longtemps tiraillée et paralysée par ce conflit, d'envisager une séquence politique, diplomatique et économique plus prometteuse.