En l'espace de quelques jours, la France et la Finlande ont apporté un soutien précieux à la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Faut-il y voir un effet d'entraînement et de stimulation? La conséquence d'une belle contagion entre deux pays européens ? On est à la fois sur du « rien n'est moins sûr » et « tout est envisageable ». Pour la Finlande, il s'agit d'une première pour ce pays scandinave qui ne restera certainement pas sans effet sur ses voisins directs que sont la Norvège et la Suède. La Finlande, connue pour sa légendaire neutralité, a franchi le pas de la reconnaissance et cette accélération est d'autant plus remarquable que dans ces contrées nordiques, la perception des conflits et des crises régionales se faisait presque exclusivement par le biais humanitaire et éducatif. Et à titre d'illustration, ce n'est que récemment que sous la pression de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, que la Finlande a demandé l'adhésion à l'organisation de l'Alliance Atlantique (OTAN), Helsinki partageant d'immenses frontières avec la Russie de Vladimir Poutine. Que la diplomatie marocaine, à la surprise générale, ait pu arracher cette reconnaissance dans ce pays connu par sa culture et sa volonté maintes fois affichée de ne pas s'impliquer dans les crises, est déjà en soi une performance à saluer. Et elle intervient dans le sillage d'un élan marocain qui souffle et qui emporte avec lui toutes sortes de réticences et de doutes quand il s'agit de son unité territoriale. La France et la Finlande viennent donc s'ajouter à la longue liste des 17 pays européens qui reconnaissent la marocanité du Sahara alors que les autres observent un attentisme diplomatique. Après le tournant français, suivi de la clarification de la Finlande, la stratégie diplomatique marocaine devrait pousser dans deux directions géographiquement opposées pour atteindre certains objectifs politiques. Ce qui donne cette impression que pour le dossier du Sahara, vieux de cinq décennies, le Maroc entame le sprint final des derniers cents mètres. La première est celle de tenter d'obtenir une position commune des 27 pays de l'Union européenne sur le Sahara marocain. Maintenant que le moteur franco-allemand, le cœur politique de l'architecture européenne, a adopté une position pro-marocaine, il n'y a plus aucune raison que cela ne déteigne pas sur les autres pays européens et les pousse à adopter une position commune de soutien au Royaume. Tant que des pays comme l'Espagne et la France étaient dans le flou, ces mêmes Etats européens qui n'avaient ni liens directs ni histoire commune avec l'Afrique du Nord, n'osaient pas franchir le pas. Maintenant que les anciennes puissances coloniales que sont l'Espagne et la France, celles mêmes qui ont fabriqué les actuelles frontières entre les pays du Maghreb attestent de la marocanité du Sahara, plus aucun obstacle ne s'oppose à une unanimité européenne en la matière. Obtenir l'adhésion des 27 pays membres de l'UE aura pour conséquence immédiate de sanctuariser à jamais l'exceptionnelle relation que le Royaume du Maroc avait construite avec l'espace européen. Il s'agit d'anesthésier les forces hostiles qui cherchent à empoisonner les relations entre Rabat et les autorités de Bruxelles. Comme l'illustrent les nombreuses polémiques juridiques sur les accords de pêche et les accords commerciaux qui lient le Maroc à l'UE. La seconde direction vers laquelle la diplomatie marocaine est déjà certainement en train de concentrer ses efforts de persuasion et de séduction est celle de l'union africaine (UA. Il s'agit ni plus ni moins que de convaincre les membres de cette structure qu'il est dans l'intérêt du continent africain d'expulser un membre aussi illégitime que fantomatique. La pseudo RASD a en effet été imposée à l'union africaine par la corruption algérienne. Réussir à convaincre l'UA de se débarrasser des séparatistes du polisario serait le denier coup de grâce qui va clôturer définitivement cette discorde régionale et imposera à ses derniers soutiens dans le continent africain que sont encore le régime algérien et l'Afrique du Sud, une dure révision de leurs réalités. Sauf à prendre le maquis diplomatique du continent africain, Alger et Pretoria n'auront d'autres choix que d'accepter la volonté de la communauté internationale qui a été séduite et convaincue par la pertinence et la légitimité historique des revendications marocaines.