Le vice-président du Kenya et prochain candidat à l'élection présidentielle pourrait basculer son pays dans les rangs des partisans de la marocanité du Sahara. Le Kenya cherche-t-il à couper la poire en deux ? La question est aussi étonnante que l'est la nouvelle déclaration du vice-président de cette république d'Afrique de l'Est, William Ruto. À quelques jours de la mascarade du communiqué fallacieux du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine, le vice-président se présente comme un grand partisan du Maroc. Mardi, lors de sa rencontre avec l'ambassadeur du Maroc au Kenya, El Mokhtar Ghambou, le prochain candidat à l'élection présidentielle a affiché son soutien à la marocanité du Sahara. "Je déclare en tant que Vice-Président du Kenya que le Plan d'Autonomie sous souveraineté marocaine est la meilleure solution à la question du Sahara", a déclaré M. Ruto, faisant part de son refus catégorique de la reconnaissance du front séparatiste du Polisario par son pays, « la représentation du Polisario à Nairobi n'a aucun sens », a-t-il martelé. Vers un changement de position ? Tout au long du conflit du Sahara, le Kenya s'est rangé à plusieurs reprises dans le rang des pays hostiles au Maroc. La nouvelle génération de dirigeants, plus réaliste et pragmatique, incarnée par William Ruto et d'autres, peut changer la donne. Selon le vice-président, l'Algérie se prévaut du conflit artificiel du Sahara pour gaspiller l'argent de son peuple. « Le conflit autour du Sahara n'est qu'une excuse pour permettre à l'Algérie de continuer de dilapider les richesses de son peuple sur des causes perdues », a-t-il asséné, ajoutant que "la création d'un état séparatiste au Sud du Maroc n'est qu'un fantasme nourri par ceux qui n'aiment ni la paix, ni l'unité, ni la prospérité pour les pays africains". Des mots forts que nous entendons rarement de la bouche des responsables kényans, dont le président actuel Uhuru Kenyatta. Pour William Ruto, le Kenya doit rester actuellement attaché à la neutralité positive, en appuyant les efforts des Nations Unies. « Le Kenya ne doit jamais se défaire de sa neutralité et doit, au contraire, travailler directement avec l'ONU pour appuyer le processus de paix concernant la question du Sahara ». Tourner la page du Conseil de Paix Aux côtés de l'Algérie et de l'Afrique du Sud, le Kenya avait conduit le 18 mars une manigance contre le Maroc au Conseil de Paix et de Sécurité, en tentant d'impliquer l'UA dans le conflit du Sahara dans un processus parallèle, et ce, contre l'avis de la majorité des Etats membres. William Ruto semble vouloir tourner la page de cet épisode désagréable. "Au lieu de provoquer des conflits et divisions inutiles au sein de l'Union Africaine, cette instance panafricaine doit veiller à ce que l'intégrité territoriale des 54 membres soit respectée selon la charte de l'UA qui interdit l'ingérence dans les affaires internes des pays souverains", a-t-il tranché. Rappelons que le Maroc a condamné les manœuvres du trio hostile (Algérie, Kenya et Afrique du Sud), le ministère des Affaires étrangères avait regretté l'attitude inamicale du Kenya, « qui ne fait pas honneur à son histoire notoire et aux valeurs authentiques du peuple kenyan frère », et espéré que « ce pays retournera à sa raison pour être digne de sa réputation d'antan, d'Etat légaliste et conformiste ». Un appel qui a l'air d'avoir trouvé écho chez le vice-président. Repères William Ruto : Nouveau président admirateur du Maroc ? Candidat à l'élection présidentielle de 2022, William Ruto a des chances considérables pour peser dans le scrutin pour la magistrature suprême de son pays. Son élection pourrait constituer un tournant majeur dans le dossier du Sahara, vu le poids de Nairobi dans l'UA. Le vice-président actuel est un admirateur du Royaume, qu'il veut visiter le plutôt possible. À ses yeux, le Maroc "est un modèle économique en Afrique et que tous les pays africains sont appelés à s'en inspirer". Il a appelé, dans ce cadre, les investisseurs et hommes d'affaires du Maroc à venir investir au Kenya.
Communiqué du CPS : Non avenu pour Nasser Bourita S'exprimant lors d'un point de presse à l'issue de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères guinéen, Ibrahim Khalil Kaba, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a réagi officiellement à la mascarade du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) et au communiqué, dicté par Alger, que le président kenyan a rendu public. "Le Maroc ne se sent ni concerné ni intéressé par le communiqué qui a sanctionné la réunion du CPS de l'Union Africaine (UA), tenue le 9 mars 2021 sur la question du Sahara marocain", a affirmé, ce vendredi, Nasser Bourita. Et de préciser qu'il s'agit d'un « non-événement » pour le Maroc, qui continue à travailler au sein de l'UA dans le cadre de la décision 693 de l'Union.