L'affaire du gel de l'adhésion du membre de la direction collégiale du secrétariat national du Parti Authenticité et Modernité (PAM) est à tout le moins atypique. Le parti a décidé du gel de l'adhésion de Salaheddine Aboulghali, pourtant membre du trio de la présidence du parti aux côtés de Fatima Zahra Mansouri et Mehdi Bensaid. C'est une drôle d'affaire qui secoue actuellement le PAM. Après le communiqué du Bureau politique annonçant le gel de l'adhésion de Salaheddine Aboulghali, membre de la direction collégiale du secrétariat général du parti, auquel ce dernier a répondu par un long communiqué dans lequel il a notamment fustigé Fatima Zahra El Mansouri, les membres du Bureau politique du PAM ont tenu, mercredi 11 septembre, une conférence de presse au cours de laquelle ils ont pris le temps de développer les motifs de cette décision de geler l'adhésion d'Aboulghali. Ainsi, selon Mehdi Bensaid, il est question d'un litige commercial, n'ayant aucun lien avec les fonds publics, entre Aboulghali et un autre cadre du parti, susceptible d'avoir des répercussions sur le parti. Le BP du PAM a tenté d'intervenir pour résoudre le litige à l'amiable dans le souci de préserver la réputation du PAM, mais en vain, indique Bensaid, qui ajoute : « Nous nous sommes entretenus avec Aboulghali en espérant le convaincre de régler l'affaire dans un délai de deux à trois mois. Il ne l'a pas fait », soulignant que cette situation pourrait avoir un impact sur la gestion des affaires du parti et que la direction et les autres membres du parti sont liés par la charte d'éthique du PAM. Mehdi Bensaid a également fait savoir qu'il existe une sorte d'engagement entre les membres du PAM qui consiste à ce que si l'un d'entre eux est confronté à une affaire, il doit faire marche arrière dans la gestion du parti jusqu'à ce que cette affaire soit réglée afin de ne pas nuire à l'image du parti. Salaheddine Aboulghali précise les contours du litige commercial en question En réaction à cette sortie médiatique des membres du BP du PAM, Salaheddine Aboulghali a publié un second communiqué de presse dans lequel il expose le litige commercial ayant servi de motif au gel de son adhésion. Ainsi, on apprend que ce litige oppose le frère de Salaheddine Aboulghali, Abdesamad, qui représente la famille Aboulghali, à un cadre régional du PAM. Concernant le contenu du litige, Aboulghali relate ce qui suit : « la famille Abouelghali est propriétaire depuis environ 40 ans de 9 hectares de terre à Mediouna, et le gestionnaire légal est mon frère Abdessamad, signataire de la promesse de vente, qui est habilité à gérer les biens immobiliers de la famille, et ces neuf hectares sont hypothéqués auprès d'une banque marocaine. En 2022, mon frère Abdessamad a convenu avec un responsable régional du PAM de lui vendre six (6) de ces hectares, étant entendu qu'il soumettrait le montant de la transaction à un notaire pour finaliser le paiement de la dette bancaire afin de lever l'hypothèque de la banque et autre hypothèque, et permettre à l'acheteur d'acquérir le bien vendu. Sur cette base, une promesse de vente d'une durée de validité de 6 mois ferme a été établie ». Et d'ajouter : « cette transaction s'est étalée sur près de deux ans sans que la promesse de vente ne soit prolongée ou concrétisée, ce qui a occasionné à mon frère Abdessamad une lourde perte financière dans la mesure où les intérêts de la dette de la banque se sont élevés à plus d'un milliard de centimes ! Pour sortir de cette situation de crise, mon frère a décidé alors de se tourner vers un autre acheteur après l'expiration de la promesse de vente depuis plus d'un an et demi, pour pouvoir payer la dette de la banque et arrêter l'hémorragie des intérêts, et ensuite lever les autres hypothèques, d'autant plus que la banque avait menacé de recourir à la vente aux enchères publiques du bien hypothéqué », précisant que Salaheddine Aboulghali, membre de la direction collégiale de PAM, n'a aucun lien juridique avec cette affaire et ce n'est pas lui qui a vendu ou acheté, mais bien son frère Abdessamad. Que dit la Charte d'éthique du parti ? Il faut noter que la Charte d'éthique du parti ne fait nullement mention d'un cas similaire à cette affaire, qui entraîne le gel de l'adhésion d'un membre. Cette Charte, comme le précise Aboulghali, exige que les membres du parti adhèrent aux principes d'honneur, d'intégrité, d'honnêteté, de bonne moralité et de respect de la loi et des institutions, tout en s'efforçant d'établir avec les individus et les institutions des relations fondées sur le respect mutuel, caractérisées par un esprit de coopération et exemptes de tensions et de conflits. De même, son l'article 13 stipule que « le Bureau politique peut suspendre l'adhésion d'un membre du parti et adresser des avertissements à tout membre, et est compétent pour saisir le Comité national d'arbitrage et d'éthique afin de prendre les mesures nécessaires à l'égard de toute personne investie d'une mission déléguée ou représentative et poursuivie pour crime ou délit intentionnel lié à la gestion des affaires publiques, sur saisine de la Cour des comptes, de l'Inspection générale des finances ou de l'Inspection générale de l'intérieur ». Aussi, son l'article 14 précise que « le Comité national d'arbitrage et d'éthique prend une décision de suspension à l'encontre de tout membre du parti ayant fait l'objet d'une décision judiciaire passée en force de chose jugée pour un crime ou un délit intentionnel lié à la gestion des affaires publiques, à moins qu'il ne soit réhabilité ». Il est évident que le texte ne tient pas compte des litiges commerciaux, auxquels tout un chacun peut être confronté un jour ou l'autre et qui, en tout état de cause, ne sont pas de nature à nuire à la réputation d'une personne tant que les tribunaux ne se sont pas prononcés et n'ont pas, du reste, condamné une partie, que ce soit dans le cadre d'une procédure civile ou d'une procédure pénale.