Le leader du parti Authenticité et Modernité (PAM), Salaheddine Aboulghali, l'un des trois qui assurent la présidence collégiale du secrétariat général du parti du tracteur, n'a pas tardé à réagir à la décision de geler son adhésion, fustigeant vertement la posture très autoritaire de Fatima Zahra El Mansouri. Salaheddine Aboulghali jette l'anathème sur Fatima Zahra El Mansouri, avec laquelle et Mehdi Bensaid, il assure la direction collégiale du SG du PAM. Selon lui, El Mansouri « se conduit comme si le PAM était sa propriété fermière, où elle agit comme bon lui semble, loin des nobles valeurs auxquelles nous croyons et que Sa Majesté le Roi a mises en exergue dans Son message de félicitation à l'issue du Ve Congrès national du parti ». « Un litige commercial avec un autre membre du PAM » Alors que le communiqué du PAM motive la décision de geler l'adhésion de Salaheddine Aboulghali par le fait qu'il est « soupçonné d'avoir violé le statut du parti et compromis ses valeurs », Aboulghali fournit plus d'explications dans sa version des faits. « J'ai reçu un SMS de Mme El Mansouri me demandant de venir la rencontrer au siège central du PAM une heure avant le début de la réunion du bureau politique. Je suis arrivée à l'heure prévue, à savoir 17 heures. J'ai trouvé Fatima Zahra El Mansouri, accompagnée de Mehdi Bensaid, membre de la direction collégiale, de Samir Goudar, président de la région Marrakech-Safi, et d'Ahmed Touizi, président du groupe parlementaire du PAM et député de la ville de Marrakech. "J'ai entendu parler d'un litige commercial entre vous et l'autre adhérent du parti, et il s'apprête à porter plainte", m'a-t-elle lancé. Je lui ai demandé : "qu'avez-vous à voir avec une affaire purement commerciale qui n'a rien à voir avec le parti ?". Il était clair que El Mansouri avait pris sa décision, injustement, de faire pression sur moi en faveur de l'autre partie et de me demander de présenter ma démission si je refusais de me plier à son ordre. J'ai refusé, considérant qu'il s'agit d'affaires commerciales qui n'ont rien à voir avec le parti ou la gestion des affaires publiques. Elle m'a menacé de demander le gel de mon adhésion lors de la réunion du bureau politique, ce à quoi j'ai rétorqué en évoquant la gouvernance du parti, telle que mentionnée dans le message de SM le Roi, que Dieu L'assiste, ainsi que le Code d'éthique et les nobles valeurs et principes qui ont constitué la base et l'objectif de notre travail politique au sein du PAm », détaille le leader MAPiste dans un communiqué. « El Mansouri contrevient au Code d'éthique approuvé par le Conseil national » Poursuivant son récit des faits, Salaheddine Aboulghali soulève les points suivants : Tout d'abord, souligne-t-il, « le bureau politique n'est pas le lieu approprié pour résoudre des litiges commerciaux de nature privée, dans la mesure où il ne tient lieu ni de commerçant, ni de juge, ni d'intermédiaire ou de courtier soucieux de favoriser un commerçant au détriment d'un autre concurrent. Le bureau politique est un organe exécutif dirigé par la direction collégiale du secrétariat général du parti, qui a pour mission de mettre en œuvre la politique et les décisions du parti telles que déterminées par le Congrès national et le Conseil national, le tout n'ayant rien à voir avec les litiges commerciaux entre les membres du parti. Deuxièmement, l'origine du problème commercial avec un autre opérateur est due à un litige lié à des transactions de vente et d'achat d'un bien immobilier appartenant à ma famille, et si l'autre partie estime qu'elle a été lésée, elle a alors le droit de demander réparation, y compris par la voie judiciaire, qui seule est habilitée à trancher, et le fait que Fatima Zahra El Mansouri, membre de la direction collégiale du Secrétariat général, s'immisce dans ce litige commercial d'ordre privé, cela revient à introduire une question personnelle dans les affaires du parti, ce qui n'est ni juste ni acceptable pour une démocratie. Troisièmement, le comportement autoritaire de Fatima Zahra El Mansouri porte atteinte au Code d'éthique approuvé par le Conseil national, qui prévoit dans son article 13 que « le bureau politique peut suspendre l'adhésion d'un membre du parti et adresser des avertissements à tout membre et est compétent pour saisir le Comité national d'arbitrage et d'éthique afin qu'il prenne les mesures nécessaires à l'égard de toute personne investie d'une mission mandataire ou parlementaire contre laquelle des poursuites ont été engagées pour crime ou délit intentionnel lié à la gestion des affaires publiques sur saisine de la Cour des comptes, de l'Inspection générale des finances ou de l'Inspection générale de l'intérieur ». Tout cela n'a rien à voir avec les transactions commerciales privées ». De même, l'article 14 précise que « le Comité national d'arbitrage et d'éthique prend une décision de suspension à l'encontre de tout membre du parti contre lequel une décision judiciaire a acquis l'autorité de la chose jugée pour un crime ou un délit intentionnel lié à la gestion des affaires publiques, à moins qu'il ne soit réhabilité ». « Le bureau politique n'est pas habilité à décider de l'adhésion d'un membre de la direction collégiale du Secrétariat général » Dans son communiqué, Salaheddine Aboulghalie fait remarquer que « le bureau politique n'a pas l'autorité de se prononcer sur l'adhésion d'un membre de la direction collégiale du Secrétariat général » étant donné que les membres de cette direction « sont élus par le Conseil national, qui seul a le droit, selon l'article 88 du statut du parti ». Aussi, le leader PAMiste rappelle que « le message royal de félicitations n'a pas distingué une ou deux personnes, mais a plutôt mentionné et félicité les trois noms ayant été désignés suite aux élections du Congrès national ». « Samir Goudar, au centre de la discorde » Par ailleurs, et s'agissant de « la goutte qui a fait déborder le vase », comme le décrit Aboulghali, celle-ci remonte au moment « lorsque Mme El Mansouri a accompagné Samir Kodar, président de la région Marrakech-Safi, à la dernière réunion de la présidence de la majorité gouvernementale, tenue en juin 2024 à Rabat, et qu'elle a publié une photo de lui avec elle et les chefs des deux partis formant la coalition gouvernementale ». « Je lui ai fait remarquer, dans un esprit de camaraderie partisane, qu'elle aurait dû être accompagnée par un membre de la direction collégiale du Secrétariat général et, à partir de ce moment-là, le différend a commencé à s'aggraver », indique Aboulaghali. Et d'ajouter que « le comportement autoritaire de la membre de la direction collégiale a commencé à se manifester et à prendre de l'ampleur depuis la fin du Ve Congrès national en février 2024, surtout lorsque j'ai exigé, de temps en temps, de revenir aux conclusions du Congrès afin d'œuvrer à les mettre en œuvre dans les meilleures conditions pour remplir nos obligations et engagements, non seulement envers tous les PAMsites, mais surtout envers Sa Majesté le Roi et le peuple marocain, qui nous ont accordé leur confiance en nous permettant d'être la deuxième force politique du pays ». Toutefois, « plus j'insistais sur la nécessité de procéder à la révision organisationnelle et politique qui nous a été confiée par la plus haute instance décisive du parti, le Congrès national, plus la polémique faisait rage, d'autant plus que Mme El Mansouri était essentiellement préoccupée par les prochaines élections, non pas par souci de se donner les moyens de réussir cette bataille politique, mais plutôt par celui de cherche des éléments à même de remporter des sièges ». Par la suite, poursuit Aboulghali, « elle s'est entièrement consacrée à des réunions annoncées et non annoncées avec des noms spécifiques qu'elle seule a fixées, afin de préparer le prochain remaniement gouvernemental, en tenant secrets les contacts et les entretiens, de même que les critères de sélection et la liste des noms qu'elle transmettra au Chef du gouvernement ». Et de préciser que « Fatima Zahra El Mansouri n'est qu'un membre en pleine égalité avec le reste de la direction collégiale, et Mehdi Bensaid et moi-même avons décidé de la nommer coordinatrice. Et en ce qui concerne les consultations (pour le remaniement), j'avais précédemment proposé la formation d'un comité élargi pour sélectionner les candidats et les nominer aux postes ministériels pour plus de clarté et de transparence, afin que certains "proches" ne s'infiltrent pas dans des postes sans compétence et sans crédibilité. Ce désaccord entre nous l'a poussée à inventer des raisons fallacieuses et des mensonges flagrants pour m'empêcher de suivre ce qui se passe et pour permettre à M. Samir Goudar d'occuper mon poste en violation des décisions du parti ». « Pour ces raisons et pour d'autres, que je garde pour moi à toutes fins utiles, je dénonce ce comportement insensé, je continuerai à exercer toutes mes attributions, j'assisterai aux travaux du Bureau politique chaque fois qu'il se réunira, je ne me laisserai pas intimider par la tyrannie, je n'accepterai pas d'être mis sous tutelle, et je défie quiconque de s'attaquer à ma crédibilité et à mon éthique depuis que j'ai rejoint le PAM, à sa création », conclut Aboulghali.