Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a été réélu avec plus de 94% des voix, selon l'instance électorale algérienne, mais son « écrasante » réélection dans un contexte de machine bien rodée pour lui permettre cette « victoire », était trop parfaite pour être vraie, si bien que le président sortant lui-même a remis en cause les chiffres annoncés et les taux accordés aux candidats. Alors que le pouvoir algérien avait tout orchestré et mis en oeuvre pour permettre une reconduction du président septuagénaire pour un second mandat à la tête de l'Algérie, en ne permettant pas aux candidats potentiellement dangereux de se présenter, les généraux algériens ne se doutaient pas de la réaction à chaud des deux candidats malheureux de ce scrutin. Il faudrait être naïf pour croire à une élection démocratique et totalement transparente d'Abdelmadjid Tebboune à plus de 94% des voix. Et il semblerait que les adversaires du président algériens ne sont ni naïfs, ni prêts à accepter leur défaite. Selon les résultats provisoires de l'instance électorale algérienne, l'islamiste Abdelali Hassani Cherif, et le socialiste Youcef Aouchiche n'auraient obtenu respectivement que 3,2 % et 2,2%. Mais le plus cocasse dans l'histoire c'est que le président Tebboune, lui-même, a dénoncé « des irrégularités et contradictions » dans les résultats publiés par l'Autorité électorale indépendante. « Les directions de campagne informent l'opinion publique nationale des imprécisions, des contradictions, des ambiguïtés et des incohérences qui ont été relevées dans les chiffres lors de l'annonce des résultats provisoires par le président de l'Autorité électorale nationale indépendante (Anie), Mohamed Charfi », ont écrit conjointement Abdelmadjid Tebboune, Abdelali Hassani Cherif et Youce Aouchiche dans un communiqué. Le président algérien s'est lui-même étonné des chiffres incroyablement hauts en sa faveur. Avec ses compagnons de malheur, Tebboune a critiqué les « imprécisions » et les « contradictions dans les chiffres des taux de participation annoncés ». L'Anie avait annoncé samedi, une participation de 48,03 %. La crédibilité de l'instance censée être indépendante et la seule habilitée à donner les résultats de cette élection a été ébranlée par ce communiqué fulminant qui remet en cause tous les chiffres annoncés. Les trois candidats dénoncent des « contradictions » entre les « chiffres annoncés par le président de l'Anie et les procès-verbaux de dépouillement et de concentration des voix remis par les commissions électorales communales et de wilaya ». De même, Abdelmadjid Tebboune admet que les taux annoncés pour les candidats ne sont pas réels, sans pour autant reconnaitre que ce scrutin est donc caduc. Les trois candidats ont ainsi relevé une « incohérence dans les taux annoncés pour chaque candidat ». « L'ambiguïté du communiqué d'annonce des résultats provisoires de l'élection présidentielle, qui ne comportait pas la plupart des données essentielles des communiqués d'annonce des résultats, comme il est d'usage dans toutes les échéances nationales importantes », ajoutent les candidats. Face à cette situation inédite, l'instance électorale algérienne a répondu dans un communiqué laconique, arguant qu'il s'agissait de « résultats non définitifs et qu'elle continuait à recevoir les procès-verbaux de dépouillement qu'elle transmettra dès leur réception à la Cour constitutionnelle ». L'Anie a ajouté qu'elle « tiendra au courant l'opinion publique des résultats de contenus dans ces procès-verbaux conformément au principe de la transparence et pour sauvegarder la crédibilité de l'opération électorale qui s'est déroulée dans les meilleures conditions ».