L'évolution récente concernant la question nationale montre de toute évidence que la communauté internationale veut mettre fin à ce différend artificiel. Trois pays, pour ne citer que ceux-là, ont pris au cours des dernières années, chacun de son côté, des initiatives qui vont dans ce sens. Il s'agit des Etats-Unis, de l'Espagne et de la France. Tous les trois sont membres du Groupe des amis du Sahara occidental, avec le Royaume-Uni et la Russie, et deux, la France et les Etats-Unis, sont membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU. Le temps semble venu pour que ces trois pays coordonnent leur action et mettent sur les rails un processus qui puisse aboutir au but recherché. Si l'Espagne a pu exprimer, du bout des lèvres, un soutien au plan d'autonomie marocain, il n'en reste pas moins que son rôle est décisif pour des raisons historiques évidentes. On sait que de multiples contraintes limitent l'action du gouvernement espagnol, ce qui rend d'autant plus louable la décision de Madrid. Vient ensuite la France, qui, malgré les pressions et les menaces algériennes, non seulement appuie l'initiative marocaine, mais s'est engagée à «agir en cohérence avec cette position, aux niveaux national et international.» Enfin, la position la plus audacieuse est celle des Etats-Unis : Washington reconnaît la souveraineté marocaine sur son Sahara et estime que le plan d'autonomie est le seul cadre acceptable pour une solution. Le communiqué du département d'Etat du 8 avril 2025 a été on ne peut plus clair à ce sujet. À peine deux jours plus tard, l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, a été reçu au département d'Etat par l'ambassadeur Lisa Kenna, sous-secrétaire d'Etat par intérim aux affaires politiques. Dans le texte qu'elle a publié sur X, la responsable américaine s'est référée à la déclaration du secrétaire d'Etat Marco Rubio réitérant la position claire des Etats-Unis : «une véritable autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution envisageable. Les parties doivent s'asseoir à la table des négociations dès maintenant pour parvenir à un résultat mutuellement acceptable.» Les informations disponibles ne permettent pas de savoir si l'envoyé personnel a été reçu à sa demande ou s'il a été «invité» par Lisa Kenna, ou encore si la rencontre s'inscrit dans le cadre d'une tournée des membres du Groupe des amis du Sahara occidental, à la veille de la réunion du conseil de sécurité du 14 avril. Quoi qu'il en soit, le «tweet» de Mme Kenna contient les mots clés de la proposition que la mission permanente des Etats-Unis auprès de l'ONU à New York, porte-plume de la question du Sahara occidental, pourrait soumettre prochainement au conseil de sécurité : L'autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution envisageable, Les négociations doivent reprendre sans délai. S'agira de mettre en avant la proposition marocaine d'autonomie, en la découplant de celle du Polisario qui est rituellement mentionnée dans les résolutions du conseil de sécurité à côté de celle du Maroc, et de souligner, d'une manière ou d'une autre, sa prééminence. Voici ce que j'écrivais en septembre 2024 : «Pour sortir de l'impasse, la résolution à venir pourrait à la fois inclure des éléments qui permettent de relancer les discussions sur le plan politique et renforcer les pressions sur l'Algérie pour qu'elle rejoigne activement les discussions. On peut penser à un paragraphe qui, prenant acte du soutien croissant accordé au plan d'autonomie, exprimerait un appui sans ambigüités à ce plan et appellerait les parties à s'engager de bonne foi dans le processus politique, sur la base de l'initiative marocaine.» Dans sa résolution S/2024/2756 (31 octobre 2024), le Conseil de sécurité de l'ONU s'est mis sur la bonne voie vers une reconnaissance de la solution marocaine pour le règlement du différend du Sahara Occidental. En «se félicitant de la dynamique récemment créée et demandant instamment qu'elle soit mise à profit», le Conseil a salué la démarche constructive et réaliste du Royaume, qui n'a cessé de défendre l'autonomie comme voie de compromis (Lire : Alger défie, Alger menace). En octobre 2025, le penholder pourra construire avec encore plus de raison et de force sur «la dynamique récemment créée» et introduire, dans des termes qui soient acceptables pour les autres membres permanents du conseil de sécurité, une qualification du plan d'autonomie comme «le seul cadre» ou «le cadre le plus approprié». Dans une telle hypothèse, séduisante à souhait, il ne faut cependant pas sous-estimer l'adversaire et ses réactions. Certes, Alger n'a pas la capacité de s'opposer aux Etats-Unis, on l'a vu récemment lorsque le gouvernement algérien s'est contenté de «regretter» timidement la position des Etats-Unis réitérée par le secrétaire d'Etat Rubio, mais, connaissant l'obstination du régime algérien, il pourrait, en désespoir de cause, s'il voit qu'il a perdu la partie au conseil de sécurité, porter le litige ailleurs. Il faut le répéter, quitte à agacer : l'Algérie ne «lâchera pas le morceau» tant que sa diplomatie n'a pas été vaincue par KO technique. Même acculée et le dos au mur, elle continuera à ferrailler en utilisant tous les recours qu'offre le caractère sui generis de la question du Sahara.