Face à la flambée vertigineuse des prix des moutons destinés au sacrifice pour l'Aïd Al-Adha, dont les tarifs ont atteint des sommets inédits cette année, de nombreux Marocains se voient contraints de privilégier l'achat de viande au kilo en boucherie. La tradition du sacrifice, synonyme de célébration et de partage, se heurte cette fois-ci à une réalité économique plus austère. A près de deux jours de l'Aïd Al-Adha, les marchés de plusieurs villes marocaines voient leurs boucheries prises d'assaut par une foule sans précédent. C'est d'ailleurs ce qu'a constaté Hespress FR sur le terrain, dans les villes de Rabat, Salé et Kénitra, où de nombreux ménages, confrontés à l'envolée des prix des moutons sacrificiels, se tournent vers l'achat de viande au détail. Incapables de supporter les tarifs prohibitifs des moutons, ils optent pour cette alternative plus en adéquation avec leur pouvoir d'achat. Ces citoyens consultés par Hespress FR, amers de ne pouvoir accomplir le sacrifice et combler les attentes de leurs familles, se résignent à cette solution économique. Pour beaucoup, l'achat de viande rouge au kilo, incluant diverses parties de vaches ou de moutons, s'avère être une option plus abordable, bien que le prix du kilogramme varient entre 100 et 150 dirhams pour la viande ovine et entre 90 et 120 dirhams pour la viande bovine. Ils déplorent profondément l'obstacle financier qui entrave la perpétuation de cette tradition essentielle. Ils ont également affirmé avoir fait le tour des marchés à la recherche d'un mouton, sauf que, malgré leur quête assidue, la hausse cruelle des prix ne leur a pas permis de concrétiser leur désir, leur budget étant fixe à ne pas dépasser et choisissent donc de s'adapter à une réalité financière plus contraignante et des circonstances économiques impitoyables. Rappelons que les conclusions d'une récente enquête du Centre marocain pour la citoyenneté (CMC) ont révélé que près de 57% des citoyens marocains optent pour une non-célébration de l'Aïd al-Adha cette année, une décision motivée par cette escalade des prix et par le recul du pouvoir d'achat. Selon ces personnes interrogées, l'abstention de la célébration cette année allégerait significativement leurs contraintes financières, bien qu'elles expriment le désir de maintenir les traditions liées à l'Aïd Al-Adha. En ce qui concerne les mesures gouvernementales, 64% estiment que l'Exécutif favorise les intérêts des éleveurs et des agriculteurs au détriment des citoyens. En ce sens, 82% des répondants ont plaidé en faveur d'un soutien financier direct du gouvernement aux familles nécessiteuses pour l'achat des moutons de l'Aïd, plutôt que de le donner aux importateurs. D'après les explications du ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki, la hausse des prix de la viande rouge au Maroc est principalement attribuée à l'augmentation des aliments pour animaux en raison de la sécheresse que le Maroc connaît ces dernières années. Il avait précisé, lors d'une séance de questions orales à la Chambre des représentants, « la raison de l'augmentation des prix est due à la hausse des coûts de production de la viande rouge en raison de la détérioration de la couverture végétale des pâturages et de la faible production de fourrage, ainsi que de l'augmentation des prix des aliments pour animaux d'environ 70% ». Il a en ce sens affirmé que son ministère a pris plusieurs mesures en vue de garantir la stabilité des prix. Toutefois, il semble que ces mesures n'ont pas réussi à atteindre l'objectif dessiné.