Dans sa crise avec le Mali, l'Algérie tente toujours, et en vain, d'impliquer le Maroc. L'ancien diplomate algérien, Abdelaziz Rahabi s'en est également pris au Mali avec un air de condescendance. Au lieu de considérer la crise algéro-malienne comme une affaire bilatérale entre deux voisins, le diplomate a voulu donner à cette mésentente flagrante une dimension régionale. Il a ainsi considéré qu'il existe un « nouvel ordre régional » que des acteurs étrangers voudraient installer dans la région du Sahel « devenue un terrain d'expérimentation ». « On ne peut pas imaginer que les pays du Sahel puissent chercher un accès vers l'océan Atlantique. Ce n'est ni une logique géographique ni économique, mais plutôt un message diplomatique clair », a-t-il déclaré, réfutant l'idée d'une alliance atlantique. Rahabi s'en est pris au Mali avec condescendance, en suggérant que le ton virulent utilisé par les autorités maliennes était inhabituel, insinuant là une supposée infériorité par rapport à l'Algérie. Les autorités du Mali « n'ont pas les capacités politiques, diplomatiques ou militaires pour avoir ce ton avec l'Algérie », a-t-il indiqué, cité par le média algérien TSA. Et d'ajouter que si le pays adopte un tel langage c'est que « cela signifie qu'il s'appuie sur des puissances non régionales, ou qu'il est entré dans une stratégie de puissances non régionales ». Selon lui, la rupture de l'accord d'Alger par les autorités malienne serait un prétexte pour leur permettre de rejoindre le nouvel ordre régional. Il considère ainsi la Russie à travers les milices Wagner, les États-Unis qui ont des bases militaires dans le pays, et d'autres pays jouent au Sahel, citant en ce sens Israël, les Émirats arabes unis et le Maroc. Et comme il fallait encore trouver une autre façon d'impliquer le Maroc, le diplomate a avancé qu'il y aurait une « similitude » entre les éléments du discours des nouvelles autorités maliennes et ceux de l'allocution du représentant du Maroc à New York, Omar Hilale qui a proposé en 2021 d'organiser un référendum en Kabylie. « L'escalade dans le ton est très similaire à la méthode marocaine, et c'est un ton hostile et inacceptable », a déclaré Abdelazi Rahabi. « Le Sahel est devenu un terrain de conflits d'intérêts, et nous ne pouvons pas l'isoler de ce qui se passe en Ukraine et en Palestine. Nous vivons dans une guerre d'influence qui ne se limite pas à l'Ukraine », a encore dit l'ancien ambassadeur algérien à Madrid. Abdelaziz Rahabi, souligne TSA, va plus loin en estimant que la crise entre le Mali et l'Algérie aurait des visées pour réduire l'influence de l'Algérie, de mettre l'armée algérienne sous pression constante et de l'engager dans une guerre d'usure, mais aussi de créer des problèmes pour l'économie algérienne, avec des retombées sociales.