La Présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach a plaidé samedi décembre à Marrakech, pour un traitement médiatique plus précis, plus équitable et plus éthique de la question migratoire. Intervenant à un atelier sous le thème « Le rôle des médias et des régulateurs africains et méditerranéens face à la crise des migrants et réfugiés », Akharbach a mis l'accent sur la nécessité d'un traitement objectif et indépendant de l'information, y compris dans les nouveaux médias, ainsi que la sensibilisation des professionnels des médias à l'utilisation d'un langage approprié et la promotion de la culture de la tolérance. Après avoir souligné que la migration est un phénomène complexe et global dont la représentation et le traitement médiatique posent partout de nombreux problèmes, elle a noté que les « médias mainstream » ont une responsabilité dans l'instrumentalisation politique de la question migratoire. « Cela apparaît dans la banalisation de la terminologie sensationnaliste (« déferlement », « tsunami », « invasion » entre autres) et une manipulation fréquente d'images lors de la couverture des faits relatifs aux migrants et une prolifération des « fake-news » sur la migration surtout dans les médias numériques. Et de noter que l'action des médias a ainsi participé à exacerber l'obsession identitaire, le repli nationaliste et a libéré le discours anti-immigration renforçant par la même occasion les stéréotypes et clichés à l'égard des migrants et de leurs familles. Dans un tel contexte, a-t-elle expliqué, le régulateur est interpellé pour déployer plus de programmes et d'actions afin notamment de participer à la réduction des pratiques médiatiques stigmatisantes et à la promotion par la formation et la sensibilisation entres autres de traitements médiatiques sensibles aux droits et à la dignité des migrants. Et de plaider en faveur de la mise en place d'un mécanisme ad hoc inter réseaux pour le suivi du traitement par les médias de la question migratoire qui permettrait de prolonger « notre connaissance de la question et servirait en même temps de support pédagogique pour les formations qui pourraient être mises en place sur cette question qui nous intéresse tous ». « La HACA, membre à la fois du Réseau des instances de régulation méditerranéens (RIRM) et du Réseau des instances africaines de la régulation de la communication (RIARC) voudrait contribuer au renforcement de l'échange et du dialogue entre les deux réseaux autour de la question migratoire et à contribuer à enrichir cette réflexion par la perspective africaine », a-t-elle insisté. Et de relever par ailleurs, que « le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », en tant que nouvel instrument de coopération internationale en vue d'une gouvernance mondiale de la migration, offre une occasion de greffer la contribution commune et concertée des régulateurs des médias à l'effort global souhaité afin de renforcer le référentiel des droits humains, dans les pratiques médiatiques.