Tsunami, invasion massive, déferlement, crise.. Autant de termes apocalyptiques utilisés dans le traitement médiatique des questions migratoires. Le phénomène ne concerne pourtant que 3,4% de la population mondiale. C'est afin d'attirer l'attention sur ce langage aléatoire ressassé par les différents médias - du nord comme ceux du Sud - que la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) a prôné à Marrakech un traitement médiatique plus juste, équitable et de cette question, d'abord humaine. Consciente du besoin de promouvoir un journalisme plus éthique dans son traitement de la question migratoire, l'instance de régulation a tenu un atelier de réflexion autour du rôle des médias et des régulateurs africains et méditerranéens face au phénomène des migrants et réfugiés. Un colloque qui intervient dans une conjoncture particulière, au moment où la communauté internationale s'apprête à adopter le Pacte Onusien pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Nouvellement aux commandes de l'instance de régulation, la Présidente de la Haute autorité, Mme Latifa Akharbach a appelé ce samedi à Marrakech les professionnels du secteur à favoriser la culture de la bonne pratique journalistique. Chiffres à l'appui, elle a mis le doigt sur la responsabilité de certains médias dans la banalisation de la terminologie sensationnaliste, lors de leurs couvertures des faits relatifs aux migrants, africains en l'occurrence. En effet, sur la population de migrants internationaux, seuls 14% sont africains – soit 36 millions. Or, le visage médiatique du migrant est souvent celui de l'africain noir. Près de 80% de ces migrants africains sont réguliers, contre 20% seulement d'irréguliers – soit 7,2 millions. Or, le migrant africain installé légalement ou encore ayant réussi son projet migratoire reste marginal dans le flot de l'information produite à propos de la migration et des migrants. Sur ce contingent de migrants africains irréguliers, les 4 cinquièmes restent en Afrique or il est quasiment établi, dans tous les esprits, que la migration illégale est un phénomène propre à l'occident et aux pays développés. Partant de ces données, le régulateur se voit interpellé pour déployer davantage de programmes et d'actions en vue de réduire les pratiques médiatiques stigmatisantes et bannir le discours anti-immigration et déconstruire les clichés à l'égard des migrants et de leurs familles. n. Ont pris part à cette rencontre portée par la HACA, de concert avec le Réseau des instances de régulation méditerranéens (RIRM) et le Réseau des instances africaines de la régulation de la communication (RIARC), en marge de la Conférence intergouvernementale sur la migration, des représentants d'instances de régulation des médias membres du RIRM et du RIARC, des représentants des deux agences onusiennes "l'OIM et l'UNHCR" et des opérateurs audiovisuels et professionnels des médias. Dans son allocution, le Directeur des magazines d'information et du documentaire à 2M, Réda Benjelloun a fait valoir l'intérêt que porte la chaîne depuis toujours à la question migratoire, et ce à travers les différents programmes et émissions diffusées depuis le début de l'an 2000 sur son antenne. "Errances Africaines", "Syriens au Maroc, une vie en pointillées" "Aji -Bi, Femmes de l'horloge", de grands reportages primés et rediffusés par d'autres médias qui retracent le quotidien des migrants, les fait témoigner.