Les autorités françaises ont expulsé Abdel Zahiri, un militant des droits de l'homme qui détient le nationalité française et marocaine, car impliqué dans le mouvement des « gilets jaunes ». L'homme de 44 ans, fiché « S » (terrorisme, ndlr) a été expulsé de France, selon les médias français pour « antisémitisme ». Ancien gilet jaune, le franco marocain, marié, père de deux enfants et vivant sur le territoire français, a été expulsé mercredi vers le Maroc, précisément à Casablanca. Selon les médias français, Abdel Zahiri aurait été expulsé pour son antisémitisme et ses appels continus à manifester contre le gouvernement français. D'autres médias ont indiqué que le franco-marocain s'est fait connaitre en interviewant des personnalités « soutenant des théories conspirationnistes et haineuses ». Sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, l'homme qualifié par Le Dauphiné comme « à la fois agitateur et militant d'extrême-gauche », serait une personnalité « bien connu(e) à Avignon où il est arrivé alors qu'il était un enfant âgé de 3 ou 4 ans ». Il aurait écopé de 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt à l'audience pour insultes envers un commissaire de police au commissariat d'Avignon en 2019. Zahiri était assigné à résidence et a été interpellé à son domicile le 12 juin. Il a aussitôt été mis dans un vol en direction de Casablanca après un laissez-passer consulaire délivré par les autorités marocaines. « C'est comme une peine de mort pour lui. Il n'a pas de famille là-bas », a indiqué son avocat cité par la même source. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, le militant s'est interrogé sur le bien-fondé de la décision française, qui ne lui semble pas tout à fait claire. Il a affirmé que les autorités françaises ne lui ont pas dit si leurs homologues marocains avaient donné leur accord quant à la décision d'expulsion. La décision française intervient sur fond d'une crise diplomatique entre Paris et Rabat. Et pour l'expert en relations internationales, Mohamed Al Nachtaoui, la décision judiciaire française « a un caractère purement politique, car elle met les relations franco-marocaines sous la pression d'abus continus ». Dans une déclaration à Hespress, l'expert a rappelé que Zahiri « est un militant français, et même s'il détient une nationalité marocaine, cela ne justifie pas son expulsion », affirmant que cette affaire n'est qu'une vengeance pour « ses positions gênantes vis à vis du gouvernement français, dans le cadre de la politique de canalisation des crises internes à l'étranger ». « Les relations entre le Maroc et la France ne peuvent plus tolérer plus de chocs », a poursuivi l'expert en relations internationales, expliquant que « l'expulsion de Zahiri par les autorités françaises contredit ce que Paris revendique des droits de l'homme et de la liberté d'expression ». De son côté, Abbas El Ouardi, professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat, s'est interrogé sur « les raisons qui ont empêché la France de maintenir l'intéressé sur son territoire, et d'insister sur son expulsion vers le Maroc, avec lequel les relations connaissent des turbulences constantes ». « La France insiste pour exploiter les affaires judiciaires impliquant des ressortissants marocains, afin de canaliser ses positions hostiles envers les immigrés marocains, ce qui s'est souvent produit ces dernières années », a-t-il dit. Le politilogue a poursuivi en affirmant que ces expulsions répétées visant des personnes d'origine marocaine « nuisent à l'image de la France » en matière de droits de l'homme et « portent atteinte à ses slogans de défense des droits de l'homme, qu'elle utilise, que ce soit au niveau externe ou interne, pour porter atteinte à la souveraineté d'autres pays au service de ses intérêts ».