Au Bundestag, Sevim Dagdelen, une députée suppléante du Titulaire Michael Georg en l'occurrence, tous deux du parti Die Linke, ou « La Gauche » en français, a interrogé ouvertement le gouvernement allemand sur la position de l'Allemagne quant au Sahara marocain. Et bien, l'Exécutif allemand a gentiment renvoyé cette femme politique allemande, d'origine turque et non moins présidente de la commission des affaires étrangères du Bundestag pro-polisario de surcroit, à ses tendres leçons politiques en confirmant son soutien au plan d'autonomie présenté en 2007 par Rabat. « L'Allemagne ignore le droit international, c'est de l'hypocrisie », s'est emportée l'une des Érinyes en consultant les réponses du gouvernement. Berlin impassible avait répondu: « Nous continuons de soutenir tous les efforts des Nations unies pour parvenir à une solution juste, viable, durable et mutuellement acceptable ». En effet, dans un document de quinze pages, paru la mi-novembre, le gouvernement de la République fédérale allemande avait nettement clarifié ses positions sur le sujet après les questions de la députée. Des réponses qui confirment le revirement allemand récent en faveur du Maroc. « C'est un pas décisif sur une voie qui ne considère plus, sur les bases de toutes les résolutions des Nations-unies, la possibilité d'une indépendance », décrypte, sur la Deutsche Welle (DW), Werner Ruf, professeur de relations internationales et retraité de l'université de Kassel en Allemagne. La DW, qui émet régulièrement depuis 1953, est le service international de diffusion de l'Allemagne de radio par ondes courtes, internet et satellite. Il diffuse en trente langues ainsi que des programmes de télévision en quatre langues. « Le gouvernement allemand considère que l'autonomie est une bonne voie ». La réponse de Berlin est habile. Ainsi, la diplomatie allemande ne reconnaît pas formellement la souveraineté marocaine sur le Sahara, comme l'avait fait Donald Trump par exemple, mais elle affiche un soutien plutôt clair à Rabat et évite soigneusement de fâcher le Royaume, sachant que le Roi Mohammed VI disait dans son discours à l'occasion du 69ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple que le dossier du Sahara est « le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ». Le Souverain adressait un message on ne peut plus clair à tout le monde laissant à la propre conscience de chacun l'aune du partenariat qu'il désirait établir. « S'agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu'ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d'une manière qui ne prête à aucune équivoque », avait dit le Souverain. Un message que l'Allemagne avait bien entendu et s'est rangée auprès de la justesse de la cause marocaine. Selon DW, c'est un glissement d'une position neutre du gouvernement allemand dans le dossier vers celui d'un soutien au Royaume du Maroc engagé depuis près d'un an, avec l'arrivée de la ministre des Affaires étrangères écologiste, Annalena Baerbock. Elle s'était d'ailleurs rendue à Rabat en visite officielle en août dernier. « Il est dans l'intérêt des deux parties de faire vivre et d'approfondir les relations bilatérales, historiquement bonnes et étroites« , écrit la diplomatie allemande aujourd'hui dans le rapport. Une position qui s'explique par différentes raisons. Il y a d'abord les questions énergétiques. L'Allemagne cherche des alternatives au gaz russe et investit déjà des dizaines de millions d'euros dans l'hydrogène au Maroc. « Il y a aussi la question des phosphates qui prennent de plus en plus d'importance vu la crise alimentaire du monde« , ajoute Werner Ruf, notant qu'« il y a surtout aussi la pêche, parce que les eaux territoriales du Sahara sont parmi les plus riches du monde et c'est une affaire énorme ». Rabat a aussi un rôle essentiel à jouer dans le contrôle de l'immigration (l'Allemagne est le troisième pays pour l'immigration) aux portes de l'Europe, et le Royaume est considéré comme étant un partenaire sûr en la matière.