Le dollar et l'euro ont atteint la parité, ce qui n'était pas arrivé depuis 20 ans. Cette nouvelle donne qui devrait s'installer pendant les prochaines années aura des conséquences directes pour le Maroc. Depuis la création de l'euro en 2022, il a toujours été au dessus du dollar, mais depuis mardi, une nouvelle configuration de l'économie mondiale vient de s'ouvrir. L'euro est en difficulté face au dollar, mais également face au franc suisse considéré comme une valeur refuge comme le dollar, où il a reculé à 0,9836 franc suisse, un plus bas depuis 2015. Le dollar s'est apprécié aussi face à la livre sterling qui a plongé jusqu'à 1,1807 dollar, un niveau plus atteint depuis mars 2020. Plusieurs analystes estiment que l'euro qui a atteint actuellement la parité avec le dollar, deviendra plus faible par rapport au dollar. Cette situation entraine une conséquence directe pour le Maroc étant donné que le cours du dirham qui est calculé sur la base d'un panier de devise composé à 60% en euro et 40% en dollar. Le dirham se déprécie donc face au dollar et s'apprécie par rapport à l'euro. En ces temps d'incertitude économique, la libéralisation du dirham voulue par plusieurs institutions monétaires internationales, aurait eu des conséquences catastrophiques. Le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri avait donc raison de repousser l'idée de l'élargissement de la bande de fluctuation du dirham qui aurait totalement livré la monnaie nationale au marché et aurait été fortement dépréciée face au dollar. Car selon les analystes économiques, le dollar qui vient d'atteindre la parité avec l'euro, va entrer dans une nouvelle configuration où il sera de plus en plus fort ces prochaines années. Cette hausse du dollar s'explique par plusieurs éléments, dont le premier revient à la hausse des prix des produits issus des hydrocarbures (gaz et pétrole). Si l'Europe se dirige vers un arrêt des livraisons de gaz russe, cela entrainerait une récession dans toute la zone euro. Face à l'incertitude de la guerre en Ukraine, les pays exportateurs de pétrole ont gardé une grande partie de leurs recettes aux Etats-Unis, ce qui augmente les réserves monétaires de le première puissance mondiale. En outre la FED a augmenté ses taux contrairement à la Banque centrale européenne (BCE) qui a mis du temps à réagir et aura des difficultés à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l'inflation. La situation en Ukraine où les Européens subissent les conséquences des décisions de prise de distance de la Russie, inquiètent les investisseurs, ce qui s'est traduit par une fuite des capitaux vers les Etats-Unis. Face aux perspectives de récession en Europe, les investisseurs se tournent naturellement vers des marchés où la situation est plus avantageuse, notamment en misant vers des valeurs refuge comme le dollar. Conséquences pour le Maroc, le Royaume qui achète ses importations en dollars, devra payer ses importations plus cher. Cela concerne le pétrole, les métaux, certaines matières premières, et ces hausses impacteront les prix à plusieurs niveaux pour les consommateurs dont le pouvoir d'achat est en crise à cause de l'inflation fulgurante. Pour les Marocains, cela va se répercuter en premier lieu sur les prix de l'énergie mais aussi sur les produits de consommation comme l'alimentaire ou encore l'équipement. Le gouvernement de son côté, aura du mal à tenir ses promesses sociales au vu de la conjoncture, surtout que les produits subventionnés subiront des hausses, mais même si les prix ne changeront pas pour le consommateur, il y aura des répercussions sur le budget général de l'Etat.