L'euro a effleuré ce mardi le seuil de un dollar, plus atteint depuis 2002, année de sa mise en circulation, plombé par le risque d'une coupure des approvisionnements russes en gaz qui menace l'économie de l'Union européenne. Les investisseurs privilégiaient le billet vert, valeur refuge, qui gagnait 0,35% à 1,0005 dollar vers 09H20 GMT (11H20 à Paris) après être monté à 1,0001 dollar, un sommet depuis décembre 2002. Le marché craint une crise énergétique majeure sur le Vieux continent, doutant du rétablissement par la Russie des flux de gaz après une interruption pour maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Cette situation accentue les inquiétudes de récession en Europe. L'énergie en provenance de Russie « est au cœur de la tourmente en Europe » et l'annonce par le Canada samedi qu'il restituerait à l'Allemagne des turbines destinées au gazoduc Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie « est sans impact positif », commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda. Lundi, le géant russe de l'énergie Gazprom a entamé dix jours de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. L'Allemagne et d'autres pays européens attendent de voir si la livraison de gaz sera rétablie. « La question clé est de savoir si le gaz reviendra après le 21 juillet. Les marchés semblent avoir déjà pris leur décision », note M. Halley. Dans ce contexte compliqué pour la zone euro, les analystes se demandent pourquoi la parité n'a pas été déjà franchie: Guillaume Dejean, analyste chez Western Union, estime qu'il ne s'agit probablement que d' »une question d'heures ». Il souligne que l'euro est également en difficulté face au franc suisse, également une valeur refuge: l'euro cédait 0,20% à 0,9852 franc suisse, après avoir reculé à 0,9836 franc suisse, un plus bas depuis 2015. Et le dollar brille aussi face aux autres monnaies considérées comme vulnérables au risque: la livre sterling a plongé jusqu'à 1,1807 dollar, un niveau plus atteint depuis mars 2020, quand le début de la pandémie de Covid-19 en Europe, en pleines négociations sur le Brexit, avait fait reculer la devise britannique à son plus bas niveau depuis 1985.