N'en déplaise à certains qui pensaient le Maroc asphyxié par l'arrêt du gazoduc Maghreb-Europe (GME), sur décision unilatérale d'Alger, la coulée inverse du pipeline a été activée, le 28 du mois en cours. L'Espagne a donc commencé à exporter du gaz vers le Maroc, via le GME, rapporte la presse ibérique, qui fait noter qu'un méthanier acheté par le Maroc s'est rendu dans l'une des usines de regazéification espagnoles pour commencer le déchargement. El Periódico de la Energía indique à ce propos, citant des sources gouvernementales, que « sur la base de relations commerciales et de bon voisinage, ce mardi a vu la première expédition par le gazoduc maghrébin de GNL précédemment acquis par le Maroc sur les marchés internationaux et déchargé dans une usine de regazéification espagnole ». « C'est la première expédition par le gazoduc maghrébin de gaz précédemment acheté par le Maroc sur les marchés internationaux et déchargé dans une usine de regazéification espagnole », explique-t-on auprès d'Enagás, l'opérateur et gestionnaire du système gazier en Espagne Pour faire taire les voix, qui ne sauraient tarder à s'élever à l'Est, des sources du ministère de la Transition écologique et du Défi démographique, assurent qu'une « procédure de certification garantit que ce gaz ne provient pas d'Algérie ». « L'interconnexion fonctionnera avec les règles techniques de l'UE, exactement comme les interconnexions avec le Portugal et la France », précisent-elles. Pour rappel, la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol, ministre de Transition écologique et du défi démographique, Teresa Ribera, avait notifié par courriel, le 27 avril, à son homologue algérien, la décision de son pays d'avoir autorisé le fonctionnement du GME, en flux inverse Cette annoncé avait été immédiatement condamnée par le gouvernement d'Alger, qui a vite fait de menacer que « tout acheminement de gaz naturel algérien livré à l'Espagne, dont la destination n'est autre que celle prévue dans les contrats, sera considéré comme un manquement aux engagements contractuels, et par conséquent, pourrait aboutir à la rupture du contrat liant la Sonatrach à ses clients espagnols ». De son côté, la ministre marocaine de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali avait annoncé, le 20 juin devant les représentants de la Nation, la signature, dans les jours à venir du premier contrat de livraison de quantités de gaz au Maroc. Le Maroc s'apprête à recevoir les premières livraisons de gaz naturel du marché international, avait-elle annoncé, ajoutant que l'appel d'offres lancé en vue de sécuriser l'approvisionnement des centrales thermiques (Tahaddart et Ain Beni Mathar) a suscité un important intérêt. « Nous avons reçu des dizaines de réponses. A l'issue d'une procédure accélérée, le premier contrat sera signé dans les jours qui viennent, au plus tard la semaine prochaine », avait précisé la ministre. Leila Benali avait, de même, souligné que le gaz importé d'Algérie était affecté à la production d'électricité, et l'arrêt de son acheminement a entraîné la suspension des centrales de Tihadart et Ain Beni Mathar, sans pur autant causer une quelconque pénurie ou insuffisance dans la satisfaction des besoins en électricité du Maroc.