La formation en médecine au Maroc est dans une phase de réformes et de changement. Il s'agit, entre autres, de réduire la durée de formation en médecine générale de 7 ans à 6 ans, ou encore l'intégration des étudiants d'Ukraine au sein des facultés de médecine publiques. À cet effet, une réunion est prévue le 30 mars prochain entre les doyens des facultés de médecine publiques, les représentants du ministère de l'Enseignement supérieur ainsi que la Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc (CNEM). Joint à cet effet par Hespress Fr, Mohamed Kassimi Alaoui, coordinateur de la CNEM, nous a confié que cette réunion sera l'occasion de discuter de la proposition du ministère quant à une possible intégration des étudiants d'Ukraine au sein des facultés de médecine, du sort du 3e cycle (l'internat, résidanat, la spécialité, médecine de famille, etc), la réduction des années d'études ou encore les points relatifs à l'évaluation des études actuelles et autres. Par rapport à la réduction de la durée de formation en médecine générale de 7 à 6 ans, le coordinateur de la CNEM nous a expliqué que cette proposition a été discutée lors d'une première réunion tenue il y a un mois avec le ministre de l'Enseignement supérieur et les doyens. Un point, qui est également largement discuté au niveau des facultés et des conseils d'administration. x Publicité « Pour nous, réduire la durée de formation de 7 à 6 ans, si ça vient dans le cadre du Nouveau modèle de développement (NMD) et s'inspire des orientations stratégiques de notre pays, ça nous va. Mais la 7e année pour nous est une année où l'étudiant n'est pas formé, mais déformé. On sent que le ministère nous utilise pour combler les manques et remédier à la pénurie. Pour valider le stage de 7e année, la décision est entre les mains du délégué. Les étudiants subissent dans certains cas du chantage pour valider. C'est une exploitation directe de l'étudiant qui est envoyé dans un patelin sans moyens pour travailler et sans indemnisation. En plus, il se trouve face à une grande population exigeante sans aucun moyen, donc il est dépassé et commence à faire ce qu'il ne doit pas faire« , nous explique notre interlocuteur. Avec la suppression de cette 7e année, l'étudiant en médecine aura droit à un seul stage au lieu de 5 stages au sein des centres de santé publique. Un point qui peut-être régulé pour éviter une année de « dérèglement« , nous explique Mohamed Kassimi. Pour remédier à cela, la Commission nationale des étudiants en médecine a mis sur la table certaines exigences, à savoir mettre en place un cahier de charges pour réguler les stages au sein de la santé publique. Un point qui est en discussion avec les doyens des facultés, nous dit le coordinateur. « D'une part, il y a le réseau des doyens, et d'autre part le ministère de tutelle. Nous pensons que le réseau des doyens est sur la même longueur d'onde que nous. Pour ce qui est du ministère, on estime il y a des exigences politiques et la conjoncture actuelle, etc qui fait bouger la balance« , nous explique notre interlocuteur. Dans ce sens, la CNEM a insisté sur la nécessité de finaliser les détails de la réforme du 3e cycle avant de se pencher sur la réduction des années de formation. Des questions en suspens « On ne peut pas se permettre de réduire la durée de formation en médecine sans répondre à plusieurs questions notamment, le sort du diplôme (est-ce qu'il sera accrédité à l'étranger ou pas), le droit à l'exercice, l'indice de salaire – on parle de l'indice 509 est-ce qu'il prend en compte les étudiants avec bac+6..). Donc il y a énormément de questions auxquelles il faut des réponses. Et sans réponses, ni visibilité, on ne peut pas aller de l'avant« , a estimé le coordinateur de la CNEM. Le deuxième point, qui fera également l'objet de discussions entre les représentants des étudiants et les responsables, concerne la spécialité et le sort du concours de résidanat ou encore la mise en place d'un cahier de normes pédagogiques pour la spécialité. « Aujourd'hui, nous n'avons pas ce cahier de normes qui concerne la spécialité. Et de ce fait, il n'y a pas de cadre référentiel. À titre d'exemple, si à Fès on enseigne l'endoscopie, le service de gastro-entérologie de Casablanca peut se permettre de ne pas enseigner l'endoscopie. D'où l'importance de mettre en place un cahier de normes, uniforme, harmonisé entre tous les CHU du Maroc », précise cet étudiant en 6e année de médecine générale. Et de conclure : « Il est nécessaire que ce 3e cycle ait un cahier de normes, pour décider également du sort de la médecine de famille qui est évoqué dans le NMD et dont le Maroc a fortement besoin. Et la mise en place de tous ces paramètres doit être bien régulée et ficelée avant de se pencher sur cette réforme. L'étudiant a tout le droit d'avoir une visibilité sur son avenir et d'être un acteur dans l'élaboration de ces réformes« .