A quatre jours de l'expiration du contrat sur le gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui livre l'Espagne et le Portugal en gaz algérien, les efforts de Madrid pour raisonner Alger n'ont pas été concluants. L'Algérie qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc cherche à le contourner sans avoir de plan B. Mercredi, la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera, chargée de l'Energie, s'est rendue en Algérie pour tenter de convaincre la partie algérienne de renouveler le contrat dans un contexte d'inquiétudes et crise de l'énergie en Europe. La ministre espagnole a rencontré le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, pour s'entretenir sur la façon avec laquelle l'Algérie comptait honorer ses engagements dans le cas de non renouvellement du contrat GME qui traverse le Maroc. La décision des autorités algériennes de ne pas reconduire ce contrat est motivée surtout par son hostilité envers le Maroc, pays avec lequel elle a rompu ses relations diplomatiques en août au moment où le royaume de son côté, à travers un discours du Roi Mohammed VI, rappelait les liens forts qui unissent les peuples des deux pays voisins et appelait à créer une nouvelle page dans les relations entre les deux pays et régler tous les différends. La décision de rupture des relations diplomatiques à l'initiative de l'Algérie a été très mal accueillie au sein de la communauté internationale, surtout que le Maroc avait proposé de mettre à disposition d'Alger deux Canadairs pour éteindre les feux en Kabylie alors que l'Algérie n'avait pas les moyens de combattre les incendies et les avions des pays méditerranéens voisins étaient mobilisés en Grèce et en Turquie. Mais les motivations de cette décision d'Alger et toutes les actions qui en découlent restent lucides et elles sont liées principalement à une volonté des dirigeants algériens à entretenir un mythe de menace extérieure pour faire oublier au peuple les dysfonctionnements du pays au moment où le Hirak est toujours d'actualité, mais également le dossier du Sahara dans lequel l'Algérie mobilise sa diplomatie contre le Maroc. Les discussions entre la ministre espagnole et le ministre algérien ont tourné autour du GME. La ministre n'a pas réussi à faire entendre raison à son homologue pour retourner dans le cadre de l'accord en vigueur depuis 1996 et qui permet de faire transiter environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Le ministre algérien a tenu à rassurer Teresa Ribera en assurant que son pays sera en mesure de fournir les quantités normales. « Les partenaires espagnols ont été rassurés que l'Algérie fournira tous les approvisionnements prévus. Nous nous sommes engagés également à ce que toutes les livraisons se fassent à travers les installations se trouvant en Algérie, via le gazoduc Medgaz et les complexes de conversion de gaz », a-t-il déclaré cité par l'agence algérienne officielle. L'Algérie compte utiliser un autre gazoduc sous-marin, le Medgaz, qui fonctionne depuis 2011, sauf que ce dernier est déjà au maximum de sa capacité de 8 milliards de m3 par an, et ne peut supporter que la moitié des exportations algériennes annuelles vers l'Espagne et le Portugal. Selon la presse espagnole, malgré les assurances d'Alger, la réunion entre les deux parties n'a pas permis de définir de manière claire les garanties du gouvernement algérien, ni comment il allait sécuriser les demandes espagnoles, au moment où les demandes en gaz augmentent en hiver. Alger n'exclut pas de renforcer les capacités du gazoduc sous-marin, et les deux parties sont à la recherche de moyens de faciliter le transport du gaz, et l'option du transport maritime est envisagé aussi, sauf qu'il devrait être coûteux et pas à l'avantage de l'Algérie.