Le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch a dévoilé, lundi, les principaux engagements de son cabinet pour le prochain quinquennat. Parmi ces engagements figurent le classement du Maroc parmi les 60 meilleurs pays en termes de systèmes éducatifs, l'augmentation des salaires des enseignants ainsi que l'ouverture du dialogue avec les acteurs du secteur. Des engagements dont les syndicats les plus représentatifs du secteur ont pris note avec beaucoup d'intérêt, nous confie Abdelghani Raki sectaire générale du bureau du Syndicat national de l'enseignement (SNE) affilié à la CDT, mais qui soulève tout de même deux interrogations: Quand et comment cela va-t-il se faire? « Le chef du gouvernement s'est engagé à augmenter les salaires, surtout pour ceux ayant des salaires très bas. Mais il a annoncé un autre engagement fort qui concerne tous les Marocains, et pas uniquement les enseignants, à savoir placer le Maroc dans le top 60 en termes de système éducatif. On estime bien sûr qu'il faut défendre l'école en premier avant de défendre les professionnels de l'enseignement. Et partant de là, nous accueillons à bras ouverts l'engagement du gouvernement et nous considérons même qu'il s'agit de l'un des meilleurs engagements avancés par l'Exécutif« , nous indique le syndicaliste. Pour le secrétaire général du SNE, il est temps de sortir des classements déshonorants pour notre pays, surtout quand on voit que Gaza, en Palestine, qui est en guerre et sous embargo, est classée parmi les premiers en termes d'éducation ou encore la Jordanie ou l'Egypte, etc. « En comparaison avec les pays de la région MENA ou d'Afrique, on est loin de nos voisins en termes de lecture et de calcul, etc« , a-t-il ajouté Raki. Le dialogue, une urgence pour les syndicats de l'enseignement Le chef du gouvernement fraîchement désigné a également promis aux professionnels de l'éducation nationale, l'ouverture d'un dialogue pour faire avancer les choses dans le secteur. Un autre engagement positif relevé par les syndicats qui se plaignent justement de l'absence de communication avec le bureau de l'ancien ministre de l'Education nationale, Said Amzazi, pendant plus de 2 ans. » Les dossiers revendicatifs des professionnels se sont accumulés pendant ces deux dernières années pour cause justement de l'absence de communication avec la tutelle. On a atteint aujourd'hui 23 dossiers non réalisés. On espère donc l'ouverture du dialogue dans les plus brefs délais avec le nouveau ministre, Chakib Benmoussa« , souhaite le syndicaliste. S'agissant de l'augmentation des salaires, Abdelghani Raki précise qu'elle concernera uniquement les enseignants ayant un salaire minimal (5000 dhs), et non les autres professionnels du secteur des échelles 6, 7, 8 et 9 qui touchent beaucoup moins que ça. D'autre part, le syndicaliste estime que l'augmentation doit concerner l'ensemble des enseignants, même si c'est une augmentation inéquitable. « Les salariés marocains aujourd'hui, surtout la classe moyenne dont nous faisons partie en tant qu'enseignants, subissent de plein fouet la hausse du niveau de la vie et l'augmentation observée dans plusieurs produits de première nécessité. Pour notre cas, on a des salaires fixes. Avec le niveau de vie qui augmente constamment alors que les salaires ne bougent pas, cela nous pose un sacré problème. On espère donc voir une augmentation générale des salaires. Il se peut qu'elle ne soit pas équitable. C'est-à-dire augmenter de manière significative les personnes ayant un salaire minimal, contre une augmentation minime pour les personnes ayant un salaire moyen. Mais tout le monde a besoin d'augmentation de salaire pour couvrir la hausse du niveau de vie« , estime Abdelaghni Raki. En somme, la réalisation des trois engagements pris par le chef du gouvernement est faisable si plusieurs dossiers sont résolus, notamment le dossier des enseignants recrutés par contrat auprès des AREF. « S'il y avait eu des discussions approfondies et pragmatiques sur le sujet, on aurait pu résoudre ce dossier il y a bien longtemps, en se mettant à table avec l'ensemble des parties prenantes, principalement les enseignants concernés. On aurait pu trouver un consensus. Surtout que ce recrutement auprès des AREF, a créé une division parmi les enseignants du secteur public« , fait observer le syndicaliste. En tout cas, la priorité aujourd'hui chez les syndicats les plus représentatifs du secteur reste le statut qui concerne toutes les catégories de professionnels du secteur. « On espère la sortie d'un statut unifié et équitable qui permettra la résolution de plusieurs dossiers, notamment celui des enseignants contractuels », espère le syndicaliste. Si les syndicats les plus représentatifs du secteur de l'enseignement restent optimistes quant aux engagements avancés par le nouveau chef du gouvernement, ils s'interrogent toutefois sur le calendrier de leur mise en oeuvre.