La disponibilité des complexes touristiques au profit de la famille de l'enseignement revient encore une fois sur la scène. Sur les réseaux sociaux, plusieurs cadres de l'enseignement se sont plaints de l'indisponibilité de places au sein de Ces structures, notamment au niveau du nouveau Resort and Spa, Zéphyr Mazagan, inauguré début avril par le ministre de l'Education nationale, Said Amzazi. Les syndicats, eux, vont plus loin en dénonçant l'application du projet de loi n°79.19 modifiant et complétant la loi N°73.00, portant création et organisation de la Fondation Mohammed VI de promotion des œuvres sociales de l'éducation-formation, par le ministère de l'Education nationale, sans y être impliqués. Ce texte intervient dans le sillage de l'exécution du plan décennal 2018-2028 de la Fondation, présenté devant le Roi Mohammed VI le 17 septembre 2018. Il rappelle ainsi, selon Said Amzazi, les principes et objectifs de la loi-cadre 51.17, relative au système de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, notamment les dispositions ayant trait à la qualification du capital humain à tous les niveaux, et ce à travers la révision de la loi actuelle pour renforcer les rôles de la Fondation et ses mécanismes d'intervention. Selon la Confédération démocratique du travail (CDT), il s'agit d'un projet de loi « qui ne sert pas les intérêts du personnel éducatif, et transforme l'institution sociale en une structure à la recherche de profit qui soutient le secteur privé au détriment du secteur public ». Joint par Hespress Fr, Abdelghani Raki, secrétaire général du syndicat national de l'enseignement (SNE) affilié à la CDT, nous explique dans un premier temps que « le projet de loi prévoit l'augmentation des droits d'inscription qui passeront de 80 dirhams à 600 dirhams par an », selon le statut de chacun« , notant qu'aujourd'hui, « la famille de l'enseignement est en colère en raison de la politique d'improvisation qui prévaut dans la gestion du processus des vacances d'été et la peur de ne pas pouvoir bénéficier de ces complexes d'été qui leur sont dédiés en principe« . « La Fondation de Med VI pour les oeuvres sociales de l'éducation-formation est financée par l'argent public, notamment les cotisations des femmes et des hommes de l'enseignement. Ces cotisations symboliques, et depuis la création de la Fondation en 2001, ont été définis à 80 dhs/an tandis que le ministère de l'Education nationale contribue avec 2% de la masse générale des salaires. Au final il s'agit donc de milliards qui reviennent à la fondation. La première année où la fondation a été créée, ces 2% du ministère de l'Education étaient de 38 millions de dirhams. J'imagine que la somme a augmenté avec l'augmentation de la famille de l'enseignement au fil des années« , nous explique le syndicaliste. Malgré ces sommes importantes, Raki du SNE estime que la fondation a beaucoup tardé pour mettre en place des services sociaux au profit de la famille de l'enseignement, surtout en ce qui concerne les complexes touristiques. « Aujourd'hui on a deux complexes, un à Marrakech et un à El Jadida. Et on parle de deux autres qui vont suivre. Mais ça reste faible par rapport à la masse salariale. Il s'agit de plus de 400.000 travailleurs dans l'enseignement. De plus, il y a une forte demande quant à ces complexes par les cadres de l'enseignement et l'impossibilité de répondre à la demande des 400.000 à la fois. D'où le problème de réservation qu'on a observé récemment« , relève-t-il. Ces espaces touristiques, poursuit notre interlocuteur, » sont gérés par la société Zéphyr qui ouvre la voie malheureusement aux particuliers et le secteur privé qui n'ont aucun lien avec le secteur de l'éducation nationale, en dehors des saisons estivales« . Une action qui reste « ambiguë tout de même« , estime Raki Abdelaghni, et qui a « poussé les cadres de l'enseignement à protester contre la présence de personnes n'appartenant pas au secteur de l'éducation pendant la période estivale prenant ainsi la place de cadres de l'enseignement à qui ces espaces sont dédiés. Surtout quand plusieurs fonctionnaires du MEN ont vu leur demande de réservation rejetée vu l'indisponibilité de place« . En somme, le bureau national du Syndicat national de l'Education/CDT met en garde contre la politique de soutien au secteur privé au détriment du secteur public et exprime son rejet de l'augmentation importante et injustifiée du montant de cotisation, selon les termes du PL. Ainsi, le syndicat réaffirme son attachement à ses revendications concernant la Fondation Med VI des oeuvres sociales, à savoir la révision de la représentation des femmes et des hommes de l'éducation au sein du comité de direction afin d'atteindre une certaine égalité entre les représentants des employés (syndicats) et les représentants de l'administration, demandant également la participation effective des syndicats de l'enseignant aux modifications qui affectent la loi réglementant la Fondation. Il s'agit également de démocratiser la gestion de la Fondation, rompre avec les modes bureaucratiques actuels et atteindre la transparence dans la gestion financière de l'institution. Le syndicat demande également d'attribuer des complexes d'été exclusivement aux femmes et aux hommes de l'enseignement adhérents de la Fondation tout au long de l'année, en simplifiant les procédures pour en bénéficier. Enfin, le syndicat demande de lier l'inscription des travailleurs de l'enseignement privé à la cotisation du salarié d'une part et de l'employeur d'autre part comme c'est le cas dans le secteur public, le retrait de toutes formes de soutien au secteur privé au détriment du secteur public et des droits des travailleurs de l'éducation à travers la fondation, ainsi que l'augmentation du nombre de centres d'estivage au profit de la famille de l'enseignement pour répondre à la forte demande et surmonter le problème de la pression actuelle sur eux.