Le chef de la diplomatie française, Jean Yves le Drian, a déclaré s'être entretenu avec son homologue marocain Nasser Bourita au sujet de la crise avec l'Espagne qui concerne l'accueil illégal et sous une fausse identité du chef des milices séparatistes, Brahim Ghali, en Espagne. Le ministre français des Affaires étrangères a précisé avoir parlé samedi à Nasser Bourita pour « essayer de contribuer à ce que le dialogue entre Rabat et Madrid puisse reprendre ». La relation Madrid et Rabat est « assez compliquée » en ce moment, a-t-il reconnu. Invité de l'émission le Grand jury sur LCI, le ministre français a exprimé le souhait que la situation puisse « se rétablir le mieux possible » en évoquant « quelques éléments, quelques tensions (qui) ont amené cette relation particulière ». Concernant le volet de l'immigration, le chef de la diplomatie française a admis que « jusqu'à présent, il y avait une relation sur l'immigration plutôt positive partagée entre le Maroc et l'Espagne », et affirmé qu' »il faut respecter les grands principes de responsabilité et de solidarité en matière d'immigration irrégulière ». Un argument que le Maroc a toujours fait valoir en affirmant que la responsabilité doit être partagée et non pas rejetée sur les épaules du Maroc qui, ne souhaite pas être le gendarme de l'Europe. En ce sens, le chef de la diplomatie marocaine a tenu à clarifier un point notamment sur les aides européennes octroyées au Maroc pour faire face à l'afflux migratoire en tant que pays où se dirigent la majorité des candidats à l'immigration clandestine. « L'Europe ne nous donne même pas 20% du coût que le Maroc assume dans la lutte contre la migration clandestine », a-t-il déclaré, en rappelant le lourd coût financier que le royaume du Maroc assume pour créer ce climat de « bon voisinage » avec l'Espagne et que « que certains ont malmené ces derniers jours », en faisant allusion à l'accueil secret et illégal du chef du mouvement séparatiste du polisario en Espagne et de la réaction démesurée et irrespectueuse du gouvernement espagnol concernant la migration à Sebta occupée. A ce titre, Nasser Bourita a accusé l'Espagne de tenter de détourner le fond de la crise diplomatique entre les deux pays en utilisant les événements à Sebta pour sortir du débat. Après s'est défilé de sa responsabilité et en étant resté très vague sur le sujet en évitant de répondre aux questions du Maroc, la cheffe de la diplomatie espagnole a finalement déclaré dimanche que le chef du polisario doit faire face aux poursuites judiciaires engagées contre lui devant les tribunaux espagnols et en disant espérer qu'il va se résoudre à se présenter devant ses obligations devant la justice espagnole. Le chef de la diplomatie française a déclaré que cette légère crise migratoire à Sebta -qui a déjà été réglée puisque l'Espagne a refoulé tous les migrants manu-militari- « montre de manière très forte la nécessité que l'Europe soit au rendez-vous de sa politique migratoire. Elle ne l'est pas ». De son côté, le ministre marocain a estimé que le Maroc était en droit d'exiger de ses partenaires européens le même engagement et la même responsabilité et la même confiance qu'il témoigne. « Le Maroc n'est pas le gendarme, mais il est toujours un acteur responsable », a-t-il soutenu. En ce sens, il a démontré que les événements enregistrés en début de semaine où près de 8.000 personnes sont arrivées à la nage dans l'enclave occupée ont montré que 99% de l'effort de lutte contre l'immigration illégale est fourni par le Maroc qui y consacre son budget et ses forces de sécurité pour préserver son voisinage, qui ne fait « rien de l'autre côté ».