«La véritable source de la crise, c'est l'accueil par Madrid sous une fausse identité du chef séparatiste des milices du Polisario», a déclaré jeudi le ministre des affaires étrangères Nasser Bourita cité par l'agence officielle MAP. Le chef de la diplomatie marocaine accuse l'Espagne d'agir avec sournoiserie. Les voyants rouges s'allumaient déjà dans les relations maroco-espagnoles au moment où le flot des arrivées à Sebta s'est tari. Dimanche 23 mai, la diplomatie marocaine a précisé sa pensée. «Pour moi, c'est d'abord une crise migratoire née d'une crise politique entre deux partenaires», a rétorqué le chef de la diplomatie marocaine au micro de la station de radio privée généraliste française Europe 1. Une crise «dont la responsabilité impute à l'Espagne», affirme le ministre. «Durant quatre ans, le Maroc a démantelé 8 000 cellules de trafic d'êtres humains, 14 000 tentatives de migration clandestines, dont 80 sur la ville de Sebta», indique Nasser Bourita, quelques jours après un déferlement sans précédent de Marocains candidats à l'exil ayant afflué vers la ville de Sebta, alors que les tensions diplomatiques entre Rabat et Madrid restent fortes. Le Maroc est furieux depuis l'arrivée en avril en Espagne, pour y être soigné, de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, accusé de divers crimes. «Le bon voisinage n'est pas à sens unique», tonne M. Bourita. «Le Maroc n'a pas l'obligation d'agir, le Maroc n'est ni le gendarme, ni le concierge de l'Europe. Il le fait en partenaire», avec un partenariat entre Rabat et Bruxelles «fondé sur la compréhension des intérêts des uns et des autres». Or, «on ne peut pas manigancer le soir contre un partenaire, et lui demander le lendemain d'être loyal», épilogue le chef de la diplomatie. Selon M. Bourita, «l'Espagne n'a pas consulté l'Union européenne avant d'accueillir sous un faux nom Brahim Ghali, l'Espagne n'a pas consulté le Maroc. Madrid a créé une crise et veut la faire assumer à l'Europe» sous-entendant que Madrid met en avant la crise migratoire pour se défausser du vrai problème. «La crise durera tant que sa véritable cause ne sera pas résolue. Le Maroc refuse de recevoir ce genre d'intimidations, fondées sur des clichés du passé», a objecté M. Bourita en réponse aux multiples protestations de Madrid. M. Bourita «évoque un problème de confiance et une attitude hostile» de son voisin espagnol. «C'est à eux de trouver la solution». Et d'alerter : «Si l'Espagne pense que la crise pourrait être résolue en exfiltration le monsieur [Brahim Ghali, ndlr] par les mêmes procédés, c'est qu'ils cherchent le pourrissement, l'aggravation de la crise, voire même la rupture».