Les médecins du secteur public ne sont pas les seuls à avoir annoncer un débrayage nationale les 25 et 26 mai pour exprimer leur colère. Les infirmiers et techniciens de santé seront également en grève nationale de 48H prévue à la même date. Et si la majorité du corps soignant se soulève d'un coup, c'est qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche dans le secteur de la santé au Maroc. En effet, le 9 avril dernier, le Mouvement des infirmiers et techniciens de santé au Maroc (MITSAM) avait dévoilé son programme de protestation pour « dénoncer la situation actuelle que traverse le secteur de la santé public au Royaume et la gestion unilatérale de leur dossier revendicatif par leur tutelle ainsi que par le gouvernement « , nous affirme Fatima-Zahra Belline du MITSAM. Dans les détails, il y a eu d'une part, une grève nationale de 48H tenue les 29 et 30 avril 2021, à l'exception des services d'urgences et de réanimations et de l'autre, un sit-in avec port de banderoles à l'occasion de la commémoration le 1er mai de fête du travail. Et maintenant place à une deuxième grève nationale de 48H qui a également été annoncée les 25 et 26 mai 2021 et à l'exception des services d'urgences et de réanimation, à l'instar de ce qui s'est passé avec les médecins. Le premier jour de cette prochaine grève seront organisés des sit-in aux niveaux régional et provincial comme précisé par le MITSAM. Outre ce programme de lutte assez chargé, le MITSAM a appelé les bureaux nationaux des syndicats de la santé à défendre réellement l'ensemble des revendications du corps soignant, au lieu de tout simplement assister lors de dialogues qui réduisent leur dossier revendicatif de manière flagrante. Certes le mouvement des infirmiers et techniciens de santé au Maroc avait suspendu sa lutte tout au long de la période de pandémie pour accomplir leur mission comme il se doit, mais il estime toutefois avoir été « trahi« , puisque le ministère de la Santé, lui, a poursuivi sa politique de dénigrement de leurs droits légitimes et légaux au lieu de répondre à leur dossier revendicatif. « Alors que le corps soignant était au front pour faire face à la pandémie, la tutelle en a profité pour bafouer les droits légitimes de cette catégorie de personnel de santé en adoptant le projet de décret N°2.21.146 modifiant le décret N°2.19.830 portant application de la loi N° 43.13 relative à l'exercice des professions de rééducation, sans aucune approche participative avec les concernés et alors que le MITSM a depuis toujours appelé à la création de l'Ordre national des infirmiers et techniciens de santé pour régir le secteur, surtout au niveau du privé », nous explique Fatima-Zahra Belline du MITSAM. Le dossier revendicatif des infirmiers et techniciens de santé, qu'ils soulèvent depuis quelques années déjà, comporte plusieurs points, plutôt logiques, notamment « l'augmentation de la prime de risque, la création de l'ordre des infirmiers et des techniciens de santé et l'élaboration du référentiel d'emploi et de compétences (REC)». Les manifestants demandent pareillement à leur ministère de tutelle qu'il y ait « des formations de base et des formations continues adaptées aux besoins réels, afin de revoir le rythme d'avancement de l'infirmier, l'augmentation des effectifs en embauchant les lauréats infirmiers pour soulager les effectifs en exercice, l'égalité des chances en matière de promotion professionnelle à l'instar des autres catégories (ingénieurs, pharmaciens, médecins et autres fonctions publiques) et enfin le recours et l'équité pour les victimes du décret n°2-12-535 portant statut particulier du corps interministériel des infirmiers et des techniciens de santé ». Du côté des médecins du secteur public qui réclament du changement depuis des années aussi, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public du Maroc (SIMSP) a appelé à mainte reprise le ministère de la Santé à l'amélioration des conditions de travail des médecins; des équipements biomédicaux suffisants; une augmentation des ressources humaines pour faire face à la demande dans les structures publiques; la réglementation des gardes; le droit à la mutation et à la démission; l'autorisation de la spécialisation en médecine ainsi que la révision de l'indice salarial 509 (équivalent d'un doctorat Bac+8). Cela dit, la pomme de discorde entre les médecins du public et le gouvernement c'est la révision de l'indice salarial 509. Cette revendication constitue le point de non-retour des médecins du public. Selon Mountadar Alaoui, « l'application complète et totale de l'indice avec toutes ses indemnités, est le seul moyen de réhabiliter le doctorat en médecine, et lui redonner sa noblesse » . Pour mieux comprendre cet indice 509, il faut savoir que les médecins du secteur public perçoivent leur salaire selon l'indice 336 (salaire équivalent au titulaire d'un master) qui se situe autour des 8.000 DH. En revanche, l'indice 509 que réclament les blouses blanches, leur permettra d'avoir un salaire minimum entre 11.000 DH et 12.000 DH, qui tendra au moins à compenser leurs 10 ans d'études minimum. Même si les revendications des médecins du secteur public et infirmiers et techniciens de santé semblent différentes, elles se retrouvent par ailleurs sur plusieurs points notamment l'amélioration des conditions de travail et d'accueil des patients, l'augmentation des ressources humaines ou encore l'équipement des structures hospitalières. Des demandes que tout citoyen peut constater par lui-même en se rendant à n'importe quel hôpital public du pays.