Alors qu'il devait s'envoler pour Conakry pour représenter Emmanuel Macron pour les 60 ans d'indépendance de la Guinée, le ministre de l'Intérieur a fait un retour fracassant en réitérant sa démission auprès du président de la République française prenant de cours l'Elysée. Gerard Collomb signe la fin de sa collaboration avec Emmanuel Macron. 2ème démission en 48 heures Il avait présenté sa démission le 1er octobre, mais Emmanuel Macron l'avait refusée. Soucieux de l'avenir de sa ville, Lyon, Gérard Collomb souhaite briguer un nouveau mandat en 2020, son quatrième à la mairie de Lyon. Sa décision lui a valu d'âpres critiques alors qu'il faisait une annonce sur sa candidature un an et demi à l'avance, préparant le terrain pour prendre les commandes de sa ville. Dans une interview accordée au Figaro mardi après-midi, le ministre de l'intérieur a fait part de son intention de maintenir sa démission, prenant de cours tout le monde. « J'ai vu le président lundi. Je lui ai fait part de ma volonté de lui donner ma démission pour une raison simple : je ne veux pas que des échéances locales puissent venir troubler la vie politique nationale » a-t-il avancé sur les colonnes du quotidien français. Au terme d'un bras de fer entre le numéro 2 du gouvernement et l'Elysée, c'est Collomb qui a eu le fin mot de l'histoire. « Nous sommes à un tournant. J'ai impulsé beaucoup de réformes, mais aujourd'hui, compte tenu des rumeurs et de la pression qu'il peut y avoir, je ne veux pas qu'une candidature demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur. (...) Je maintiens donc ma position de démission », a-t-il martelé durant son interview. Le locataire de la place Beauvau avait annoncé sa démission Bis à Emmanuel Macron par téléphone avant de donner cet entretien. Mercredi 3 octobre, à l'issue du conseil des ministres, le président français a balayé les rumeurs de crise politique après la démission du ministre. «Rien de ce qui se passe depuis 48 heures ne s'apparente à une crise politique, l'Etat fonctionne, les transformations sont engagées, le gouvernement est parfaitement à sa tâche », a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Le président a aussi appelé « chaque membre du gouvernement à savoir s'élever au-dessus des intérêts particuliers », en référence à ce qu'a fait Gérard Collomb. Réactions et Affaire Benalla Chez l'opposition, ce nouveau départ émet beaucoup de doutes sur ce gouvernement bancal, comme l'avait fait celui de Nicolas Hulot un mois plus tôt qui a aussi annoncé sa démission par voie médiatique. « Le gouvernement ressemble à un radeau de la Méduse », a ironisé le sénateur socialiste Rachid Temal sur franceinfo, en référence à l'œuvre du peintre Théodore Géricault exposée au Louvre. Le 25 août 1819, "Le Radeau de la Méduse" de Théodore Géricault est visible pour la première fois à Paris. #CeJourLà pic.twitter.com/ckX5qaNMFJ — Ministère Culture (@MinistereCC) August 25, 2017 « Depuis le début septembre, on voit bien que ce gouvernement, ce pouvoir autour d'Emmanuel Macron (…) est quelque part en panique», a réagi à ce sujet Eric Ciotti le député Les Républicains sur RTL. « Le Titanic s'enfonce de plus en plus vite et l'orchestre pour le coup a arrêté de jouer », a-t-il dit jouant sur le même registre. Mardi, en début d'après-midi alors que sa démission commençait à s'ébruiter, les ministres et les parlementaires réunis à l'Assemblée nationale étaient sidérés, Gérard Collomb ne s'y est pas présenté. Un proche d'Emmanuel Macron qui a réagi sur le vif a pris cette décision comme une « trahison ». Un député de la république en marche (LREM) a, quant à lui, estimé que c'est l'affaire Benalla qu'il n'a toujours pas digérée qui serait derrière cette démission. Le duo Macron-Collomb que personne ne comprenait vu leur différence de générations, un duo qui a toujours marché depuis trois ans qu'Emmanuel Macron occupe des fonctions dans les plus hautes sphères du pouvoir, n'est plus. Celui qui a été le premier à croire en Emmanuel Macron à l'époque ministre de l'économie sous présidence Hollande, ne souhaite plus endosser le rôle du méchant flic. La relation de travail et amicale qui lie les deux hommes, s'est fissurée depuis l'affaire Benalla cet été. En mentionnant des gênes et des entraves au fonctionnement du ministère, mais tout en restant évasif sur les détails liés à son maintien au poste de ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb a déclaré au Figaro « je peux être une gêne pour lui (Emmanuel Macron, ndlr) et le premier ministre. Et ce n'est pas ce que je souhaite ». Dans l'affaire Benalla, Gérard Collomb s'était dédouané de toute responsabilité et avait impliqué la responsabilité de l'Elysée qui, voulait faire de lui le pion à écarter en cas d'escalade de crise. A ce jour, il est le troisième ministre d'Etat à avoir démissionné depuis qu'Emmanuel Macron est président. (Photo Denis Allard pour @libe) pic.twitter.com/JmMl9iCkd4 — Adrien Franque (@AdrienFranque) October 3, 2018 En attendant de lui trouver un remplaçant, c'est Edouard Philippe, le premier ministre, qui se chargera du ministère de l'Intérieur par intérim, le temps de soumettre au président de nouveaux profils de ministres. Pendant la passation de pouvoir entre les deux hommes mercredi, l'ambiance était amère. Hochements de tête ennuyés et traits graves, Gérard Collomb est resté de marbre face au discours d'Edouard Philippe. La poignée de main des deux hommes en dit long sur la cuisine interne de l'Elysée.