La décision du ministère de l'Education nationale de laisser le choix aux parents d'élèves de choisir entre l'enseignement à distance ou en présentiel pour la rentrée scolaire 2020-2021, prévue le 7 septembre, fait toujours polémique. Alors que le département de Saïd Amzazi avait laissé planer le doute sur le mode de reprise des cours, l'annonce faite le 22 août a surpris l'opinion publique soulevant ainsi de nombreuses questions principalement de la part des parents d'élèves. Ces derniers vont devoir choisir la meilleure option afin de s'organiser en fonction de la rentrée sociale qui s'annonce bientôt (fin des congés, reprise du travail…) et la situation épidémiologique inquiétante qui risque de se développer encore plus en septembre. Face à tous ces facteurs, les parents d'élèves estiment avoir été mis face à un choix « crucial » en l'absence d'une stratégie claire et nette de la part de la tutelle qui définit les mesures prises pour chaque cas de figure (enseignement à distance ou en présentiel) pour garantir à leurs enfants un enseignement réussi tout en les protégeant contre le virus fantôme. Pour Abdelghani Raki, secrétaire général du syndicat national de l'enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), « le ministère de l'Education, en tant qu'institution publique chargée de planifier et gérer le secteur, a failli à sa mission en mettant cette grande responsabilité sur le dos des parents, au lieu de l'assumer et trancher sur la question ». Joint par Hespress Fr à ce sujet, Raki avance dans un premier temps avoir été « surpris de la décision du ministère, qui a gardé le silence sur le mode de reprise des cours pendant un long moment, pour sortir finalement avec une hérésie de laisser le choix aux parents ». « La décision du ministère veut que les parents assument la responsabilité si leurs enfants sont contaminés au cas où ils choisissent l'enseignement en présentiel, et assumer également la responsabilité de leur échec scolaire s'ils choisissent l'enseignement à distance, qui a d'ailleurs été un grand échec » nous explique le syndicaliste, soulignant que « la décision prise par la tutelle est comme une échappatoire de la responsabilité » Selon Raki, la tutelle « devait faire son travail en tranchant sur la question par elle-même et en choisissant entre l'enseignement à distance ou en présentiel ». De plus, le syndicaliste estime que le ministère de l'Education pouvait opter pour un troisième choix, que son syndicat et quelques associations de parents d'élèves avaient proposé à savoir l'enseignement par rotation. Ce dernier choix pouvait être satisfaisant, surtout pour les parents qui travaillent ou encore pour les familles du milieu rural, qui ne disposent pas des outils technologiques nécessaires, et qui comptent énormément sur l'enseignement en présentiel. Cette option aurait été bénéfique aussi pour l'école publique, poursuit-il, afin qu'il n'y ait pas d'encombrement dans les classes, dans le cas où la majorité des parents optent pour le présentiel, et éviter ainsi la contamination tout en permettant aux enseignants de gérer la classe et les cours à distance. Concernant les enseignants justement, Hespress Fr a interrogé le syndicaliste sur la capacité des 210.000 enseignants, que compte notre système d'éducation, de gérer les deux modalités d'enseignement, d'un seul coup, surtout qu'ils avaient du mal à gérer l'enseignement à distance qui était une première expérience en la matière pour eux. Selon lui, « c'est faisable, mais cela exige une organisation rigoureuse de l'emploi du temps de chaque enseignant pour qu'il puisse gérer les deux modalités en même temps ». Tout en rappelant que son syndicat a exprimé son rejet de cette décision « irréfléchie et irresponsable » du ministère de l'Education nationale, Raki souligne à nouveau que ce dernier a « failli à sa responsabilité de gérant du secteur, chargé de planifier et réfléchir à des solutions à la place du citoyen, tout en garantissant le droit des enfants à une éducation de qualité et leur sécurité sanitaire, au lieu de laisser le citoyen choisir par lui même ». Cela dit, la question qui se pose est pourquoi le syndicat et l'opinion publique notamment, n'a pas perçu cette décision de manière positive. Le syndicaliste a préféré nous répondre par un exemple. « Si on veut laisser le choix au citoyen, pourquoi ne pas lui avoir laisser le choix entre porter le masque ou pas. Or, ce qui a été fait, et que le gouvernement a pris la décision d'imposer le masque pour tous pour protéger les citoyens du virus et éviter sa propagation. Si le gouvernement avait laissé le choix au citoyen, une partie consciente du danger du virus portera le masque tandis que l'autre partie inconsciente ne le portera pas et on assistera donc à une crise sanitaire sans précédent » explique le syndicaliste. Même chose pour l'enseignement, souligne Raki. « Le ministère de l'Education nationale devait faire un choix et l'annoncer au public, en donnant les détails de sa mise en œuvre, tout en rappelant que tout dépend de l'évolution de la situation épidémiologique dans le pays, au lieu de laisser au citoyen cette responsabilité de choisir » conclut-il.