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Rentrée scolaire 2020-2021/Saaid Amzazi : «L'enveloppe horaire des enseignants ne changera pas»
Publié dans Finances news le 01 - 09 - 2020

◆ La priorité du ministère, c'est la santé des élèves et la continuité pédagogique dans leur processus d'apprentissage.
◆ Une solution unique, d'enseignement 100% en présentiel ou 100% à distance n'aurait pas pu satisfaire toutes les familles.
◆ Les écoles privées sont soumises aux mêmes décisions ministérielles que les écoles publiques.
◆ Le ministre de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saaid Amzazi, explicite les mesures prises au titre de la rentrée scolaire 2020-2021, dans un contexte caractérisé par une aggravation de la situation épidémiologique au Maroc.


La Quotidienne : Vous avez finalement opté pour des cours à distance au titre de la rentrée scolaire 2020-2021, tout en donnant aux parents la possibilité de choisir l'enseignement en présentiel. Ce modèle hybride n'est-il pas lourd à gérer en termes de logistique et de ressources humaines pour le ministère ?
Saaid Amzazi : L'élaboration de la stratégie relative à la rentrée et l'année scolaire au niveau du ministère a constitué un véritable défi en raison de la multitude de contraintes qu'il nous fallait prendre en compte, tant sur le plan sanitaire que sur les plans pédagogique, humain ou encore logistique.
La solution finalement retenue est, comme vous le savez, celle d'un enseignement à distance, qui offre la possibilité pour les parents qui le souhaitent d'opter pour un mode d'enseignement présentiel pour leurs enfants.
L'objectif d'un tel processus est effectivement essentiellement d'ordre pédagogique et logistique. Il reposera notamment sur l'organisation et la planification mises en place par les directeurs d'établissements avec le concours de toutes les parties prenantes : enseignants, inspecteurs pédagogiques, associations de parents d'élèves...
Ces derniers devront veiller à satisfaire le choix de chaque famille, à organiser les classes et le planning des enseignements en présentiel et la répartition des enveloppes horaires des enseignants, tout en veillant à un respect rigoureux des précautions sanitaires de mise.
Il s'agit de la distanciation physique au sein des différents espaces, la gestion des accès des entrées et des sorties, le respect des consignes de lavage des mains et du port du masque, la désinfection des locaux et la réduction du nombre d'élèves dans les transports scolaires...
Tous ces aspects sont décrits dans le détail dans un protocole sanitaire relatif aux établissements scolaires, élaboré en concertation avec le ministère de la Santé, qui a été distribué à tous les établissements scolaires et sera adopté par ces derniers.

L. Q. : Plus concrètement, quels mécanismes vont être mis en place pour permettre aux enseignants d'assurer des cours à distance et l'enseignement en présentiel ?
S. A. : Il faut savoir que l'enveloppe horaire des enseignants ne changera pas.
Celle-ci pourra être totalement consacrée, en parfaite concordance entre le directeur d'établissement et ses enseignants et en concertation avec les inspecteurs pédagogiques, au présentiel ou au distanciel, ou encore comprendre les deux formes d'enseignement, selon le contexte de l'établissement au sein duquel se trouve l'enseignant.
Pour ce qui est de l'enseignement à distance, les enseignants peuvent avoir recours à la plateforme nationale «Telmidtice», qui abrite plus de 6.500 contenus pédagogiques relatifs au second semestre de l'année scolaire écoulée, sachant qu'en outre, les différentes académies régionales et directions provinciales du ministère ont enregistré, dès le mois de juillet dernier, les cours de la session d'automne, dont 80% sont déjà disponibles à l'heure actuelle et viendront enrichir cette plateforme, dont la gratuité de l'accès sera assurée grâce à un data center et dans le cadre de notre partenariat avec les opérateurs télécoms.
Les enseignants pourront également recourir au modèle de la classe virtuelle. Nous en avions créé près de 800.000 au cours du 2ème semestre de l'année scolaire écoulée, ou encore enregistrer des cours destinés à la diffusion sur les chaînes nationales de télévision.

L. Q. : L'option de l'enseignement en présentiel ne risque-t-elle pas d'être perçue comme un transfert de responsabilité du ministère vers les parents, au regard notamment de la situation épidémiologique ?
S. A. : Une solution unique, d'enseignement 100% en présentiel ou 100% à distance n'aurait pas pu satisfaire toutes les familles, car elles n'ont pas toutes les mêmes moyens, ni les mêmes contraintes, exigences ou conditions.
En mettant en place cette option de l'enseignement en présentiel, en plus de l'enseignement à distance, le ministère entend endosser son entière responsabilité en s'adaptant aux deux modes d'enseignement, afin de faire en sorte que les familles puissent avoir le choix.
Et s'il ne l'avait pas fait, on lui aurait de toutes façons reproché de ne pas tenir compte de la situation de certains familles…Impliquer les familles dans la décision ne veut pas dire leur transférer notre responsabilité.
C'est au contraire leur donner l'opportunité de choisir ce qui leur convient le mieux, même si pour nous cela implique un surcroit d'efforts d'organisation et de logistique pour le ministère.
Les familles qui auront opté pour un enseignement en présentiel devront simplement remplir un formulaire, déjà disponible depuis le 26 août, sur la plateforme Massar ou auprès des établissements scolaires, qui les engage à respecter rigoureusement le protocole sanitaire et l'organisation pédagogique mis en place par l'école.
Le ministère, quant à lui, va assumer entièrement sa responsabilité en ce qui concerne la sécurité et la santé des élèves et du corps professoral et administratif.

L. Q. : Vous avez laissé entendre que ce modèle pédagogique pourrait à tout moment de la prochaine année scolaire, faire l'objet d'adaptation au niveau local, provincial ou régional à la lumière de l'évolution de la situation. Ces réajustements en permanence ne risquent-ils pas d'entretenir un climat d'instabilité dans la dispense des cours et de perturber les élèves ? Surtout, le système éducatif dispose-t-il des outils nécessaires pour être aussi agile ?
S. A. : Nous vivons une crise pandémique planétaire, tous les systèmes éducatifs du monde recherchent leurs propres solutions d'adaptation.
La priorité de notre ministère, c'est la santé des élèves et la continuité pédagogique dans leur processus d'apprentissage.
Tout réajustement qui pourra être apporté ne le sera que dans l'objectif de ces deux priorités, même si, je tiens à le répéter, la solution miracle n'existe pas.
Quant au climat d'instabilité, voire d'insécurité qui pourrait affecter les élèves, il est sans aucun doute plus imputable à la crise pandémique elle-même, et je pense notamment aux inévitables conséquences psychologiques du confinement sur les familles, qu'au mode d'enseignement que nous adopterons.
Dans la mesure où la situation épidémiologique à l'échelle nationale est très variable, tout sera mis en œuvre pour que l'on puisse favoriser le choix des familles d'un enseignement en présentiel quand celui-ci est possible.
A contrario, dans les zones les plus touchées, seul le mode distanciel pourra être déployé.

L. Q. : Les examens de la première année du baccalauréat ont été reportés en octobre. Ce report était-il justifié et les examens se tiendront-ils effectivement à cette date ?
S. A. : On ne peut se voiler la face : la situation épidémiologique au Maroc est devenue inquiétante, avec une nette recrudescence des cas de contamination.
Dès lors, nous avons considéré qu'organiser, dans un tel contexte, un examen national en présentiel dont le report ne pose aucun problème pédagogique, constitue une prise de risque inutile d'exposer au virus 330.000 élèves.
L'examen national de première année du baccalauréat donne à l'élève une note qui sera comptabilisée à 25% dans le résultat final de la 2ème année du baccalauréat. Il ne détermine en aucun cas son passage vers la deuxième année du baccalauréat.
En effet, les conseils de classe ont déjà statué sur la décision de réussite des élèves concernés sur la base des notes des contrôles continus en présentiel, et ces derniers entameront donc tout naturellement leur 2ème année du baccalauréat le 7 septembre prochain.
Sur le plan pédagogique, il faut savoir qu'au cours de cette deuxième année du baccalauréat, de nombreuses matières figurant à l'examen national de première année sont toujours enseignées, ce qui constitue pour les élèves un avantage substantiel et un renforcement salutaire de leur niveau dans ces matières.
Néanmoins, et suite à la réunion tenue avec les organisations représentant les associations de parents d'élèves au niveau national, nous avons convenu d'organiser cet examen les 1er, 2 et 3 octobre prochain, si bien sûr la situation épidémiologique s'améliore d'ici-là.
Ainsi, cet examen interviendra à la fin de la période de révision et soutien scolaire prévue tout au long du mois de septembre et avant le démarrage des cours de 2ème année Bac.

L. Q. : Parallèlement, vous vous êtes entretenu avec les représentants des écoles privées. Quelles sont les principales mesures mises en place pour entamer la rentrée dans de bonnes conditions, et surtout éviter le clivage entre ces établissements et les parents d'élèves ?
S. A. : Les écoles privées sont soumises aux mêmes décisions ministérielles que les écoles publiques.
Elles devront appliquer les directives émanant de la note ministérielle n° 39.20 sur la rentrée et sur le déroulement de l'année scolaire, et donc présenter une offre d'enseignement à distance et en présentiel pour les familles selon leur choix.
Dans ce cas précis, je pense au contraire que notre décision est de nature à faire disparaître le clivage que vous évoquez, puisque la décision finale revient aux parents.

L. Q. : N'est-il pas opportun de revoir le cadre législatif régissant l'enseignement privé, d'autant plus que la période du confinement a montré ses lacunes sur ce plan ?
S. A. : Pour l'instant, la loi 06.00 relative à l'enseignement privé étant ce qu'elle est, elle restreint la relation du ministère avec les écoles privées au plan purement pédagogique, c'est-à-dire à tout ce qui porte sur l'autorisation, l'accompagnement et l'inspection.
La loi n'octroie donc pas de droit de regard du ministère sur les frais de scolarité, d'inscription et d'assurance pratiqués par ces établissements.
Une révision de cette loi, qui a montré ses limites, particulièrement en ces temps de crise sanitaire, s'impose donc.
Le ministère s'est déjà attelé à ce chantier, afin de permettre une marge de régulation des tarifs des établissements privés et de régir leurs relations avec les parents.
L'amendement de la loi 06-00 figure d'ailleurs sur l'agenda du plan législatif de mise en œuvre de la loi-cadre de l'éducation et de la formation et sera à l'ordre du jour des sessions législatives du parlement à l'automne prochain.
En attendant, de multiples consultations ont déjà eu lieu avec les fédérations des parents d'élèves ainsi qu'avec les représentants des établissements privés afin de leur permettre d'apporter leur contribution à l'élaboration des amendements de cette loi.


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