Les Algériens vont-ils si mal que ça ? Leurs conditions de vie sont-elles si déprimantes ? La corruption, les difficultés socio- économiques, l'insécurité ou encore l'injustice sociale sont des maux dont souffre toute société moderne. Les Algériens semblent le vivre très mal, conscients qu'ils sont que les ressources de leur pays peuvent leur offrir une meilleure qualité de vie et des perspectives d'avenir plus réjouissantes. La mal vie de nos voisins de l'Est est telle que chaque année, 1100 personnes mettent un terme à leur vie et 9000 autres en font la tentative, selon des données de la Ligue algérienne des droits de l'homme. L'organisation qui a publié mercredi 12 septembre ses conclusions, précise que la wilaya de Tizi Ouzou enregistre le taux le plus haut du pays en termes de suicide, notamment depuis deux décennies. Elle fait valoir des raisons ayant trait au manque de projets d'aide et de soutien psychologique, qui a un impact sur la santé mentale des victimes. Pour la ligue algérienne, la corruption, la violence, les difficultés socio- économiques, le chômage, la pauvreté, la précarité, l'insécurité, l'injustice sociale et le banditisme sont autant de facteurs qui contribuent à une souffrance partagée collectivement, laquelle se manifeste parfois dans des comportements suicidaires. Cette thèse est étayée par un rapport de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme) qui met en évidence le contexte de précarité dans lequel le citoyen algérien vit. Pour s'être penchée sur la situation des droits économiques, sociaux et culturels en Algérie, la Fédération explique que le contexte d'oisiveté et d'insécurité dans le pays fait de certains individus une proie facile pour le développement de troubles mentaux (dépression et anxiété notamment) et de comportements suicidaires. Le comportement suicidaire est expliqué par les spécialistes comme un acte désespéré, une sorte d'appel à l'aide. En quelque sorte, la personne qui prend la décision de se suicider ne fait pas ce choix parce qu'elle ne veut plus vivre, mais parce qu'elle vit mal. Le passage à l'acte est, dans tous les cas, le résultat du fait que la personne qui se donne la mort ne peut plus supporter sa souffrance. Est-ce suffisant pour que les autorités algériennes prennent conscience de la situation de précarité qui sévit dans le pays ? Les psychologues s'accordent à dire que « le suicide a des raisons multiples, lesquelles une fois réunies, engendrent le passage à l'acte, mais c'est souvent l'absence d'une présence et d'une oreille attentive à l'ultime moment qui en est le principal élément déclencheur ». Les autorités algériennes prêteront-elles cette oreille attentive au peuple, ou persisteront-elles dans leur politique qui détruit sa jeunesse, se joue de ses rêves et tue en elle toute envie de vivre, jusqu'à la pousser à commettre l'irréparable ?