Dans son mémorandum sur les revendications essentielles des travailleurs, l'Association marocaine des droits humains (AMDH) a souligné que la célébration de la fête du Travail cette année coïncide avec une situation exceptionnelle, que la classe ouvrière internationale n'a jamais vécu auparavant. Suite à la propagation de la pandémie du Coronavirus partout dans le monde, le mémorandum propose des actions urgentes pour protéger ces droits, et même pour les promouvoir comme point d'entrée pour tout effort visant à surmonter les répercussions du Covid-19. Sur le plan législatif, l'AMDH exige la ratification du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que toutes les conventions émises par l'Organisation Internationale du Travail (OIT), avec « la compatibilité de la constitution et de la législation marocaines avec les normes internationales dans le domaine des droits au travail, notamment celles incluses dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme ». L'Association plaide pour « l'abrogation de la législation et des exigences légales qui violent les libertés syndicales, y compris le droit de grève », et « l'adaptation des législations locales du travail au droit international du travail, qui appelle notamment à la révision du Code du travail et des décrets d'application de ses exigences, conformément aux droits du travail internationalement reconnus ». L'horizon fixé étant celui qui « permettra à tous les travailleurs et à tous les salariés de bénéficier au minimum des exigences de la législation du travail ». L'AMDH cite en particulier les travailleurs domestiques et les employés exerçant des professions de nature purement traditionnelle, appelant à réviser la loi sur les travailleurs domestiques masculins et féminins, « pour autant que ses exigences soient conformes aux normes internationales du travail ». Sur le plan réglementaire, l'AMDH préconise de « donner la priorité à la politique économique et sociale et au budget de l'Etat pour respecter le droit humain et constitutionnel pour tous les citoyens, et pour répondre aux demandes légitimes de la Coordination Nationale des chômeurs détenteurs de diplômes au Maroc, à et d'autres catégories de chômeurs, y compris les personnes handicapées, diplômées et sans emploi« . Elle réclame aussi de « mettre fin aux procédures qui affectent la stabilité du travail, qui conduisent à la vulnérabilité de l'emploi, et qui facilitent le licenciement des employés, en violation de l'article 91 du Code du travail, qui considère l'emploi permanent comme une règle et le travail temporaire comme une exception ». Le mémorandul exige également « la fin du contournement de la loi par un certain nombre d'opérateurs, ayant l'intention de créer de fausses sociétés avec la même adresse et société mère, dans le but de faciliter les procédures de liquidation », tout en mettant en place « des mécanismes efficaces et équitables pour le traitement rapide des conflits du travail individuels et collectifs, ce qui suppose, en particulier, le développement de rôle de l'inspection du travail et lui permettre de mener à bien ses missions et assurer la protection nécessaire ».