Les Algériens, sous un soleil radieux, ont manifesté ce vendredi 29 novembre en force et massivement, pour la 41e fois consécutive depuis le début du Hirak, le 22 février dernier. Ce nouvel acte en Algérie, intervient à treize jours du scrutin du 12 décembre, et à dix jours de la fin de campagne de la présidentielle, qui du reste, n'intéresse plus personne. Force est de constater que, dans les différentes villes et wilayas d'Algérie, la tension monte de plus en plus et que le bras de fer entre l'armée et la rue est de plus en plus musclé. Et même si, en ce vendredi, les manifestants ont été beaucoup plus nombreux que le précédent, on assiste collatéralement à un Hirak devenu quasi-quotidien dans tout le pays. Ce dernier est ponctué d'actions de protestation sur le terrain à chaque sortie d'un des cinq candidats choisis par Ahmed Gaïd Salah, des initiatives de soutien aux détenus d'opinion, ainsi que des rassemblements nocturnes de plus en plus nombreux, que les forces de l'ordre combattent à coup d'arrestations et de matraque, mais qui ont du mal à endiguer. Un concert de pilon en sourdine, mais combien assourdissant À ce propos, il est une belle anecdote qui démontre comment le grand peuple algérien joue d'ingéniosité face à la répression aveugle des autorités. Dans la nuit du jeudi à vendredi à Alger, la symbolique « opération Pilon » (Méhres), qui s'apparente aux casseroles latines et que les Algériens utilisent en soutien aux détenus d'opinion, a été interdite dans les rues par un imposant dispositif policier, qui avaient quadrillé la ville. Les Algérois ont du coup, animé la nuit de la capitale du plus beau des concerts de pilon à partir de leurs domiciles en composant le plus révolté des récitals. C'est dire la ténacité de la rue à continuer sa lutte pour le changement. Normalement cette manifestation est accompagnée de klaxons. Ces derniers n'ont malheureusement pas eu l'occasion de retentir, car les forces de l'ordre n'ont pas permis aux véhicules de stationner. L'appel à la manifestation nocturne a eu vite fait d'être enrayé par un déploiement impressionnant de la police. Pour en revenir à ce vendredi, acté 41, on a marché dans toute l'Algérie comme à l'accoutumée avec les mêmes slogans toujours hostiles et teintés du fameux « dégage » à l'égard du pouvoir en place et de l'armée, du « général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense algérienne Ahmed Gaïd Salah, l'homme fort qui tire les ficelles du régime en Algérie. Que ce soit à Alger, Tizi-Ouzou, Bouira, Oran, Tlemcen, Jijel, Mostaganem Tipaza, Constantine Hadjout, Sidi Bel Abbes, Dellyet et autres, tous les manifestants descendus en masse dans les rues se sont accordés à rejeter les élections et demander à l'armée de rentrer dans ses casernes et de rendre le pouvoir au peuple. Dispositif policier imposant À Alger, malgré une présence policière renforcée pour la campagne, les forces de l'ordre ont été débordées. Elles ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule en vain. De nombreuses interpellations ont eu lieu avant qu'in fine, la marche ne se déroule sans que d'autres incidents majeurs ne soient signalés. Ce vendredi avait un contexte particulier, celui d'avoir été marqué la veille par l'adoption d'une résolution sur l'Algérie de la part du Parlement européen. Ce dernier a condamné « fermement, arrestations arbitraires et illégales et emprisonnement, de journalistes, syndicalistes, avocats, étudiants, défenseurs des droits de l'Homme et de manifestants pacifiques qui prennent part aux manifestations du Hirak ».