A la veille du 30ème vendredi de manifestations, un des leaders de l'opposition algérienne, Karim Tabbou, a été arrêté, de quoi alimenter la fureur de la rue. C'est la première fois qu'un chef de parti politique est emprisonné pour ses déclarations publiques, dans un véritable processus liberticide. La veille du 30ème vendredi de manifestations, Karim Tabbou, opposant et secrétaire général du Front des Forces Socialistes (FFS) a été arrêté par deux policiers en civil. Ces derniers auraient assuré à sa femme qu'il serait de retour chez lui dans deux heures. Depuis, il a été incarcéré à la prison de Kolea, et sont retenus contre lui les chefs d'inculpation suivants : « démoralisation de l'armée », et « atteinte aux symboles et au moral de l'armée algérienne ». C'est le même motif qui a conduit Lakhdar Bouregaa, vétéran de la guerre de libération, en prison depuis 3 mois. En réalité, ce qui est reproché à Karim Tabbou est surtout d'être un leader de l'opposition algérienne. Ses sorties médiatiques ont toujours eu le don de motiver et d'alimenter la contestataires, et en conséquence, de lui attirer les foudres de Gaïd Salah. Ainsi, au moment où Gaïd Salah s'affaire à préparer l'élection présidentielle avec acharnement, il va à l'encontre de l'apaisement qu'il avait promis à la rue. L'arrestation de Karim Tabbou traduit un véritable durcissement, conjugué à une ferme résolution d'aller vers les urnes avant la fin de l'année, sans aucun semblant de bienveillance. Suite à cette arrestation, l'économiste Smail Lamlas, qui avait claqué la porte de l'Instance de dialogue et de médiation, a réagi médiatiquement : « nous attendions des mesures d'apaisement de la part du pouvoir et nous avons été surpris par cette escalade que représente l'arrestation de l'activiste du Hirak et ex-premier secrétaire du FFS Karim Tabbou. C'est une escalade inacceptable et incompréhensible», explique-t-il dans un entretien au média algérien, TSA Arabi. Selon Smail Lalmas, «le climat actuel ne permet d'aller à aucune solution, y compris les élections». Il ajoute : «On aurait dû installer le climat politique propice pour convaincre le peuple». Face à cet autoritarisme du pouvoir, qui se permet désormais de toucher aux libertés les plus fondamentales, dont la liberté d'expression, Smail Lalmas affirme à TSA Arabi que «le pouvoir ne veut pas organiser les élections et ne souhaite pas une sortie de crise». «Il n'a ni la volonté ni l'intention de préparer les élections présidentielles, sauf s'il souhaite un scrutin sans le peuple», affirme-t-il. L'arrestation de Karim Tabbou a suscité une vague d'indignation en Algérie et le FFS a également réagi à l'arrestation de son premier secrétaire, notamment sur les réseaux sociaux. Le FFS a dénoncé un « acte irresponsable et arbitraire » et exigé sa « libération immédiate ».