Karim Younes, l'ancien président du parlement algérien et coordinateur du panel de médiation en charge du dialogue, s'est livré hier à l'émission "offshore" de Radio M afin d'expliquer à l'opinion publique algérienne sa décision de poursuivre sa mission de coordinateur du panel de médiation même après le recul du pouvoir sur son engagement initial d'apaiser la situation. Très critiqué par une bonne partie du "Hirak", l'ancien président de l'APN, veut continuer à croire à sa mission, pour trouver une solution de sortie de crise. Pour lui, sa position est une position de dignité. « Mais qu'est-ce que je peux faire ? J'ai démissionné devant les membres du panel en demandant qu'ils comprennent ma position qui est une position de dignité. Ils ont été contactés par leurs relations qui leur ont dit que si je démissionne, ça créera plus de problèmes et compliquera davantage la situation. Ma démission aurait en effet entraîné la dissolution du panel », a-t-il indiqué. Alors que Smail Lamas a été le premier à jeter l'éponge en quittant le panel de médiation et de dialogue pour dénoncer les divergences au sommet de l'Etat, Karim Younes annonce que ce n'est pas son rôle de commenter s'il y'a des divergences ou pas au sommet de l'Etat. « Ce qu'a dit Gaïd Salah n'est pas de ma responsabilité. On s'est entendu avec le chef de l'Etat. Soit il concrétise ses engagements, soit il ne le fait pas et là, l'opinion verra comment fonctionne l'Etat algérien. Dans la prochaine étape, le rôle de l'armée sera dans les casernes. Le discours du chef de l'Etat est clair, aucune partie ne s'immiscera dans le dialogue, ce sont les partis et la société civile qui discuteront de tous les points ». Il semble que l'ancien président de l'APN est très contrarié par ce double discours et des actions qui sapent les efforts fournis pour apaiser la situation. Lors de cette rencontre, Karim Younes a exprimé qu'il a déjà demandé la libération des jeunes qui ont manifesté avec le drapeau amazigh qui est le drapeau de l'algérianité, des couleurs algériennes, des couleurs historiques. » On ne peut pas arrêter quelqu'un pour avoir brandi un drapeau. Ce drapeau ne change pas la géographie de l'Algérie ». Karim Younes a également dénoncé le blocage des sites TSA et Interlignes ainsi que les pressions exercées sur les médias en général. « Quelles que soient les conditions, il est anormal que la presse soit empêchée de faire son travail. Fermer TSA et des sites électroniques comme Interlignes est inacceptable », a-t-il ajouté. « Je suis contre la fermeture de médias importants et de les empêcher de faire leur travail », a-t-il encore dit. Mais en dépit de la position très inconfortable dans laquelle le met le pouvoir par son double discours, Karim Younès n'évoque à aucun moment la possibilité de jeter l'éponge. Au contraire, il estime que le panel n'est pas rejeté par le hirak. « Le rejet du panel, on l'entend dans certaines rues. Croyez-moi à Annaba, Tlemcen, Oran, dans le Hoggar où on a été rejoints par le fils d'Akhamokh, à M'sila, on est soutenus dans toutes les régions du pays. On nous supplie partout de ne pas démissionner », assure-t-il.