5 juillet, une date historique et donc une coïncidence dans laquelle beaucoup d'Algériens voient un signe du destin et une occasion de raviver la mobilisation. Ils sont descendus massivement dans les rues chantant l'un des hymnes phares de la contestation « la casa del Mouradia » en référence à la célèbre série « la Casa de Papel » et El Mouradia, au palais présidentiel, devenu la cible des manifestants en Algérie. Les rues sont noires de monde aujourd'hui. Les Algériens ont répondu massivement aux différents appels des principaux mouvements de la contestation pour faire de la date historique du 5 juillet, un symbole en adéquation avec les valeurs de l'Indépendance. Les « Dynamiques de la société civile », collectif de plusieurs syndicats et associations ont invité, dans un communiqué diffusé mardi 2 juillet « les Algériennes et Algériens à sortir massivement dans toutes les wilayas pour participer avec force aux marches du 20ème vendredi pour réaffirmer leur unité et leur attachement à la construction d'une Algérie libre, démocratique, plurielle, civile, gouvernée par le Droit en accord avec les principes tracés par la proclamation du premier novembre 1954 », rapporte le site algérien indépendant, TSA. Le même jour, Fatiha Benabou, Smail Lalmas, Abdelaziz Rahabi, Samir Belarbi, Nacer Djabi, Mostefa Bouchaci et Karim Tabou, sept personnalités parmi les plus respectées et écoutées par les activistes du mouvement populaire, ont diffusé un message vidéo de la même teneur. Ils ont appelé, affirme TSA, « toutes les tranches de la société algérienne à sortir massivement et avec force le jour de la fête de l'indépendance qui coïncide avec le 20ème vendredi du mouvement populaire pour faire du 5 juillet la date de libération des Hommes après avoir été celle de la libération de la terre ». D'autres mouvements ont appelé les Algériens à raviver la mobilisation. En effet, le tout nouveau réseau contre la répression, pour la libération des détenus d'opinions et pour les libertés démocratiques a appelé «l'ensemble des citoyens algériens à manifester en force» ce vendredi 5 juillet, pour faire de cette journée, celle « de la confirmation de l'attachement inébranlable du peuple à sa liberté et à sa souveraineté ». De son côté, le Rassemblement Action Jeunesse (Raj) a lui aussi appelé les Algériens à être «à ce rendez-vous historique» et à «une mobilisation populaire historique pour le 20ème vendredi qui coïncide avec le 5 juillet, fête de l'Indépendance nationale et de la jeunesse, pour dire à ce régime Basta, demander la libération immédiate des détenus, exiger le changement du système et la construction de la nouvelle république, celle des droits et des libertés, de l'égalité et de la justice sociale». Ces appels ont été accompagnés d'autres concernant l'hébergement des manifestants non résidant à Alger, pour leur permettre de venir avant le blocus qu'imposent chaque jeudi et vendredi les forces de l'ordre sur les routes menant à Alger. Sur internet, beaucoup d'Algérois ont répondu à cette demande : «J'héberge 10 personnes jeudi », a lancé un internaute algérois sur un groupe rassemblant plusieurs milliers d'activistes du hirak algérien. « Nous appelons les hôtels d'Alger à héberger le maximum de manifestants ce jeudi, gratuitement ou à un prix symbolique pour faire réussir la marche de l'indépendance », a sollicité un autre. Bien que le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah se soit adressé aux Algériens mercredi et ait « promis » un dialogue mené par des personnalités nationales auquel ne prendront part ni l'Etat ni l'armée, les mouvements de contestation estiment qu'il s'agit là d'un discours qui veut donner l'illusion d'ouverture et de concession en faveur du hirak mais qu'il « jure avec l'atmosphère répressive qui règne en Algérie depuis quelques semaines ».