N'en déplaise à ceux qui prévoyaient une mobilisation moindre en ce 31 janvier pour le cinquantième vendredi et donc l'échec du Hirak en Algérie, le mouvement populaire n'en est demeuré que plus imperturbable. A trois week-ends avant de boucler une année pleine toute de protestations, en Algérie, c'est un vendredi qui est intervenu sous la « menace du terrorisme » à l'encontre des marcheurs mais qui a, en dépit de cela s'est déroulé avec succès comme escompté par nombre d'Algériens. En effet, d'aucuns doutaient quant à la bonne marche de cette manifestation car, la veille de cette journée de mobilisation, les autorités avaient annoncé l'arrestation d'un kamikaze qui comptait se faire exploser au milieu de la foule à Alger. Qu'à cela ne tiennent les adeptes de la manifestation hebdomadaire voire bihebdomadaire (mardi) n'en ont eu cure et regagné la rue comme à l'accoutumée pour dire leur désapprobation d'une politique d'un régime qu'ils ne reconnaissent pas. Que ce soit à Alger, Bouira, Bejaia, Tizi Ouzou, Oran, Constantine, Mascara, Jijel, Mostaganem, ou ailleurs dans les wilayas et villes en Algérie, des milliers de participants aux différentes marches à chacune sa particularité et son mode de répression, ont défilé scandant les mêmes slogans, comme tous les vendredis que Dieu a fait près d'une année durant. A Tiaret où le régime a interdit les manifestations depuis le 12 décembre dernier, plusieurs militants ont été arrêtés par les services de l'ordre qui ont empêché le déroulement de la manifestation ce vendredi. Comme lors des précédentes sorties populaires, les manifestants ont réitéré leur principale revendication à savoir le départ définitif du système qui a plongé le pays dans l'impasse dans laquelle il se retrouve. Ils ont en outre réclamé la libération des détenus d'opinion et l'ouverture des champs politique et médiatique et de justice. La mobilisation s'était sensiblement réduite ces dernières semaines et d'aucuns avaient même anticipé sur une fin proche de la contestation. Au regard de celle d'aujourd'hui, il semblerait, qu'ils aient eu tout faux et sur toute la ligne. Les manifestants l'ont une fois prouvé et dans l'espace et dans le temps. L'espace pour le nombre de manifestants dans les nombreuses villes et wilayas d'Algérie et le temps pour cette longue longévité quand le Hirak bouclera une année de contestations qui ont conduit à l'éviction de Abdelaziz Bouteflika. Le Hirak tout au long de cette période a su résister, non seulement aux aléas du temps, mais également à la répression, les emprisonnements, le black-out médiatique, la lassitude, la démobilisation forcée et autres menaces. Même s'il n'a pas réussi à empêcher la dernière présidentielle, le Hirak est désormais une réalité qui s'est imposée en tant que contre-pouvoir et avec lequel le régime se devra de composer tôt ou tard.