Le cabinet d'audit et de conseil PwC au Maroc vient de publier une étude consacrée aux priorités 2023 des directions financières d'entreprises marocaines opérant dans pas moins de 10 secteurs d'activité. Sous le titre, "Garder le cap face à l'incertitude", le résultat de cette enquête expose ainsi, à court et moyen terme, les principaux enjeux et défis liés à l'organisation globale et interne de la fonction "finance", dans un contexte économique toujours de plus en plus incertain. Les auteurs de cette étude ont identifié trois leviers prioritaires. Il s'agit d'améliorer le pilotage de la performance dans l'incertitude, de faire évoluer les compétences des collaborateurs pour répondre aux nouveaux enjeux et d'intégrer la dimension RSE dans la fonction finance. Malgré la conjoncture actuelle, marquée par l'inflation ou encore la crise de l'énergie, les directeurs financiers se disent confiants sur les perspectives de croissance de leurs entreprises sur l'année à venir (78%) et sur un horizon de 3 ans avec un taux affiché en augmentation de deux points, atteignant 80%. "Les entreprises, quelle que soit leur taille, naviguent entre deux eaux. Elles continuent encore de bénéficier des acquis de croissance générés par la reprise de 2022, soutenue par les aides gouvernementales. Cependant les problèmes liés à la progression des coûts de production induits par la crise géopolitique en Europe pèsent sur leur activité", explique PwC. L'étude révèle ainsi que la gestion du cash, la maîtrise des risques et le pilotage de la performance, sont les principales priorités identifiées par les DAF interrogés. Surtout que l'inflation demeure comme principal risque a atteint un niveau élevé au Maroc. Afin de sécuriser leur rentabilité, les directions financières préconisent la mise en œuvre d'action d'efficacité pour compenser l'impact sur la marge (34%) suivi par la répercussion sur les prix de vente (30%). Dans un environnement où le pouvoir d'achat est limité, la répercussion sur le prix de vente ne peut être envisagée comme réponse systématique. Par ailleurs et compte tenu des difficultés d'approvisionnement, le levier ''pressions sur les fournisseurs" reste faiblement utilisé (21 %). Les dispositifs prévisionnels sont jugés encore trop lourds et pas assez outillés. Près de 14% se disent insatisfaits de leur processus budgétaire et 70% des répondants souhaitent faire évoluer leur approche budgétaire dans un avenir proche. Lire aussi. Maroc: la Banque mondiale projette une croissance de 3,5% en 2023 Pour optimiser les processus budgétaires, les rendre plus agiles et adaptés au contexte actuel, les directions financières identifient plusieurs leviers à mettre en œuvre. Le cadrage du processus apparaît comme le premier axe de développement, notamment pour mieux coordonner les parties prenantes. L'intégration des prévisions opérationnelles dans les prévisions financières est également un impératif identifié par les répondants. "Cette étude affirme clairement la volonté des directeurs financiers de faire évoluer de manière drastique leurs processus afin de gagner en agilité. Par ailleurs, une nouvelle vision de la Direction financière se dessine autour d'enjeux humains et RSE", indique Mohamed Rqibate, Associé responsable des activités d'audit chez PwC Maroc. La transformation de la fonction finance par la data et l'humain reste une priorité Les Directions Financières affirment leur volonté de transformer leur fonction, notamment pour gagner en efficacité et apporter davantage de valeur aux métiers afin de jouer pleinement leur rôle de Business Partner. Pour répondre à leurs enjeux de transformation, 92 % des directions financières envisagent d'investir dans la digitalisation de la fonction finance à court terme. Ainsi, en 2023, les technologies qui feront l'objet d'investissements prioritaires sont : les projets de dématérialisation ainsi que les projets de digitalisation qui font écho à la volonté des directions financières de gagner en efficacité et d'apporter davantage de valeur aux métiers. S'agissant du facteur humain, les DAF se disent en quête de nouvelles compétences. « La guerre des talents fait rage parmi les entreprises pour former ou recruter de nouveaux profils. 82 % des directions financières ont une idée claire sur leurs besoins à court et à moyen terme. Ce sont les compétences numériques (Data), IT et RSE qui sont à développer en priorité », lit-on. "La question n'est plus quand la crise surviendra mais quels sont les moyens que nous avons mis en place pour y résister ? Les Directions Financières au cœur de cette stratégie de résilience doivent se doter de solutions technologiques agiles et de nouvelle génération. Leur réussite passera d'abord par le développement de leur capital humain : formation des équipes, culture d'entreprise, gestion du télétravail, …" précise, pour sa part, Kenza Sabouni, Directrice Audit PwC Maroc RSE, des enjeux incontournables Depuis plusieurs années, le développement durable devient un sujet prioritaire pour les dirigeants. Poussé à la fois par de profondes évolutions sociétales et par une réglementation nationale ambitieuse en matière de finance durable. Ainsi, le rôle de l'entreprise est en train d'évoluer profondément avec une recherche d'un sens nouveau qui allie enjeux business et contribution sociétale. Le changement de paradigme impose l'intégration de nouveaux indicateurs non financiers. L'objectif de ce reporting extra-financier est de faire en sorte que les différentes parties prenantes disposent des informations nécessaires pour évaluer les risques et les opportunités ESG liés aux activités d'une entreprise. L'étude a révélé que 54% des grands groupes interrogés publient un rapport extra-financier face à 28% d'entreprises de tailles intermédiaire et réduite.