A l'occasion de la journée mondiale de la ménopause, plusieurs interrogations entourent le sujet. Quelques effets de la vaccination sur le cycle de menstruation ont désormais été recensés auprès de plusieurs chercheurs internationaux. Mais qu'en est-il de la ménopause? Une question qui s'impose. Un peu partout sur les réseaux sociaux, les conséquences que pourrait engendrer la vaccination contre la covid-19 sur la ménopause chez les femmes inquiètent un grand nombre de femmes. Après leur première ou deuxième injection, de nombreuses femmes ont d'abord rapporté quelques effets indésirables sur leurs menstruations. Il s'agit notamment de saignements anormaux en quantité et en durée, d'une absence de règles pendant plusieurs mois, ou encore de douleurs pelviennes ou abdominales importantes. Pour ensuite constater d'autres séquelles liées cette fois-ci, à la ménopause. Lire aussi. Covid: 3,2 millions de Marocains en plus ont basculé dans la pauvreté ou la vulnérabilité, selon le HCP « Certes, les effets indésirables liés au cycle décrits par de très nombreuses femmes existent bel et bien. Mais la ménopause ne fait pas partie des signalements. En général, ce sont des troubles menstruels transitoires, mineurs et totalement réversibles surtout pendant les deux ou trois premiers mois suivant l'administration du vaccin. Mais jusqu'à aujourd'hui, aucune relation de cause à effet n'a été constatée entre le vaccin et la ménopause», explique Pr Omar Sefrioui, gynécologue obstétrique et fertologue. En tous cas, le fertologue se veut ferme: aucune conclusion ne peut être avancée sans que des études sur une durée de dix ans ne soient réalisées. Il détaille néanmoins qu'une baisse de la réserve ovarienne est effectivement constatée chez de plus en plus de femmes au Maroc, même bien avant la propagation dudit virus. « Les causes sont multiples. D'abord, il existe un phénomène social relatif à l'augmentation de l'âge de mariage, ce qui peut avoir un impact négatif sur la fertilité. Ensuite, l'hygiène de vie et la pollution de l'environnement dans lequel nous vivons peuvent avoir un impact sur la réserve ovarienne, mais pas le vaccin contre la Covid-19», affirme le gynécologue. Il est somme toute normal que le cycle menstruel soit déstabilisé après l'injection d'un vaccin, disent plusieurs experts. Mais comment expliquer alors la ménopause précoce constatée par de nombreuses femmes? Moins de fertilité chez les femmes Les insuffisances ovariennes prématurées, anciennement appelées ménopauses précoces, sont définies sur des critères cliniques et hormonaux chez des femmes de moins de 40 ans. « C'est un phénomène qui existe depuis la nuit des temps et qui est lié à plusieurs facteurs sociodémographiques et environnementaux. Aucune étude n'a prouvé que le vaccin ait des conséquences sur la ménopause », note Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Les recherches qui ont précédé celle récemment parue dans Science Advances, « se sont surtout penchées sur les effets du vaccin sur la durée des règles, avant et après l'injection d'une dose, plutôt que, par exemple, sur les caractéristiques des saignements menstruels », poursuit Tayeb Hamdi. Mais cette fois, selon la dernière étude faite par ladite revue scientifique américaine, les réactions post-vaccin varient énormément selon deux axes: un premier touchant les femmes menstruées et un deuxième lié aux personnes qui ne le sont normalement pas, comme des femmes ménopausées. En ce sens, 42 % des menstruées ayant répondu au sondage ont affirmé avoir eu des saignements largement plus abondants qu'à l'habitude après avoir reçu leurs doses de vaccin. Alors que près de 44 % n'ont toutefois remarqué aucun changement dans le débit de leurs saignements. Lire aussi. #7achak: un mouvement pour dénoncer la précarité menstruelle au Maroc De plus, 71 % des femmes sous contraceptifs tels que les stérilets ou encore implants contraceptifs, ont pour leur part eu des saignements plus importants après l'une ou l'autre des injections. Quant aux personnes dites normalement non menstruées, un retour inopiné des saignements menstruels a été remarqué, que ce soit intermittent ou accru dans 66 % des cas des femmes ménopausées. « Il est tout de même difficile de confirmer un lien de causalité ici. Non seulement parce qu'un diagnostic de ménopause précoce se pose après une année entière sans règles, or il n'y a pas ce recul ici. De plus, il est impossible de faire une corrélation forte sur ces statistiques de vaccination car d'autres éléments interviennent toujours dans la vie et le cycle d'une femme: des troubles physiques, des causes psychiques... Comment savoir si le vaccin est "la" cause d'un dérèglement », questionne le chercheur en politiques et systèmes de santé. Rappelons que l'âge moyen de la ménopause au Maroc est de 50 à 51 ans. « Nous rejoignons par ce chiffre, la majorité des pays du monde entier. Avec plusieurs chercheurs des quatre coins du monde, nous avons constaté qu'il y a de plus en plus de femmes qui ont une insuffisance ovarienne. Mais ceci n'empêche pas que ces dernières aient leur ménopause à l'âge de 21 ans et que d'autres l'aient à 57 ans ou plus », conclut Omar Sefiroui.