Un rapport publié hier par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) revient sur la stratégie des groupes armés pour financer leurs activités ou augmenter leurs effectifs dans les conflits du monde entier, notamment en utilisant la traite des êtres humaines. Le rapport mondial sur la traite des personnes pointe ainsi que le recrutement de mineurs à des fins militaires est très fréquents dans les conflits, surtout en Afrique centrale et au Moyen-Orient. De groupes armés qui font appel dans le même temps au trafic d'adultes et d'enfants non seulement pour l'extraction minière ou autre mais aussi pour répandre la peur et prendre le contrôle de la population locale. Le document souligne ainsi que 70% des victimes de la traite connues dans le monde sont des femmes. Près de la moitié d'entres sont adultes. Alors que les filles reflètent un cinquième de toutes les victimes et leur part du total est en augmentation. Dans ce sens, les auteurs expliquent que les femmes et les filles sont victimes de la traite dans le cadre « d'esclavage sexuel ». Les zones de conflits sont d'ailleurs sujettes à ces actes venant de groupes armés et différents autres criminels. L'exploitation sexuelle, fonction principale de la traite Les trafiquants ciblent essentiellement les populations déplacées, entre autres les réfugiés syriens et irakiens, les Afghans et les Rohingyas. De plus, le rapport relate que les circonstances attisées par lesdits conflits armés ne font qu'accroitre la vulnérabilité des personnes. Parmi les circonstances citées, il existe la faiblesse de l'Etat de droit, la fragmentation sociale et l'éclatement des familles, les déplacements ou encore les difficultés socio-économiques. Enfin, il est à noter que l'exploitation sexuelle demeure la fonction de la traite la plus importante avec un taux qui s'élève à 59% environ. A contrario, le travail forcé représente près de 34% de tous le cas détectés. Concernant les enfants, les chiffres différent. Pour le travail forcé, ce sont essentiellement les garçons qui en sont victimes (50%). Ils sont également 27% à être victime d'exploitation sexuelle ainsi que d' « autres » formes d'exploitation telles que la mendicité, l'implication dans les combats armés (enfants soldats) ou encore les actes criminels forcés. Pour les filles, elles sont victimes de la traite dans 72% des cas, soumises ainsi à l'exploitation sexuelle. Dans 21% des cas, elles sont victimes du travail forcé. Quid de la région MENA ? Quant à la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), entre autres au Maroc, Algérie, Tunisie et Egypte, les adultes représentaient la majorité des victimes en 2016, soit 86%, avec un peu plus de femmes que d'hommes. Dans cette même région, le taux d'enfants sujets à la traite est faible en comparaison aux autres régions, soutiennent les auteurs. De plus, les garçons sont plus nombreux que les filles. En Afrique du Nord, la plupart des personnes qui subissent la traite sont des enfants, souvent exploité pour mendier ou pour le prélèvement d'organes. Au Moyen-Orient, la quasi-totalité des victimes sont des adultes. Le rapport ajoute aussi qu'en Afrique du Nord, plus de 8 victimes de la traite sur 10 sont exploitées à l'intérieur de leurs pays. Les victimes d'Afrique du Nord sont également exploitées dans les régions les plus riches, comme au Moyen-Orient et en Europe occidentale. Pour finir, concernant les pays du Golfe, les victimes de la traite interne sont rares. C'est en réalité, une destination des victimes de la traite, originaires de l'Asie du Sud, d'Asie de l'Est, d'Europe de l'Est et d'Afrique du Nord. Dans le reste du Moyen-Orient, les victimes viennent en grande partie de la Syrie, d'Europe et d'Afrique. Pour rappel, le rapport mondial sur la traite des personnes est produit tous les deux ans par l'ONUDC.