De violentes manifestations contre l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko ont eu lieu dans la capitale sénégalaise Dakar, un premier mort a été recensé. Dans le pays, deux télévisions privées ont été suspendues par les autorité et accusées d'attiser les violences et des médias jugés proches du pouvoir par l'opposition ont été attaqués dans la soirée. Les réseaux sociaux, notamment YouTube, et l'enseignement en présentiel dans les écoles ont également été suspendus. Personnalité au profil antisystème, le député réfute ces accusations, dévoilées début février dans la presse. Il crie au complot ourdi par le président Macky Sall pour l'écarter de la prochaine présidentielle. Le président a démenti. M. Sonko a été placé en garde à vue mercredi, officiellement pour les troubles à l'ordre public qu'il aurait causés en se rendant en cortège au tribunal où il était convoqué. Le ministre de l'Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome a justifié l'arrestation de M. Sonko par l'interdiction des rassemblements édictée à cause du Covid-19 et par un plan de circulation mis en place par les autorités. Les manifestations "ont donné lieu à des actes regrettables de vandalisme et de violence. Ainsi, des commerces et des supermarchés (notamment des franchises françaises comme Auchan) ont été vandalisés et pillés. L'armée, déployée pour maitriser les manifestants, a tiré à balles réelles sur ceux-ci. Tout cela ayant malheureusement conduit à une mort d'homme en la personne de Cheikh Ibrahima Coly", a confirmé le gouvernement. Les réseaux sociaux font état de 4 personnes déjà tuées par les forces de l'ordre, cependant, aucun bilan officiel n'a encore été partagé. A Dakar, des groupes de jeunes et les forces de l'ordre avaient échangé mercredi des jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogènes. Les médias et les réseaux sociaux ont rapporté le pillage de magasins. Des heurt ont été rapportés dans d'autres villes, y compris en Casamance, où M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme l'un des principaux candidats à celle de 2024, bénéficie d'un fort soutien. Les heurts se sont poursuivis jeudi, notamment sur le campus de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, où des dizaines d'étudiants affrontaient en fin d'après-midi les policiers en leur lançant des projectiles. Jeudi soir, de nombreuses écoles ont informé les parents d'élèves de la suspension des cours en présentiel, jusqu'à ce que la situation se calme. Dans la soirée, le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) a annoncé suspendre pour 72 heures le signal de deux télévision privées, Sen TV et Walf TV, à qui il a reproché la diffusion "en boucle des images de violence". Le gouvernement "met en garde contre la couverture tendancieuse des événements par certains médias, de nature à attiser la haine et la violence", a-t-il aussi dit dans son communiqué. Jeudi soir, le siège de médias jugés proches du gouvernement ont été visés par des manifestants en colère, qui ont attaqué le siège à coup de cocktail molotov et de grosses pierres. Un journaliste de la radio RFM, appartenant au groupe de presse privé du chanteur et ancien ministre Youssou Ndour, El Hadji Assane Guèye, a fait état de "dégâts importants", dont "au moins une voiture brûlée", aux abords de sa rédaction. A l'occasion, le hashtag FreeSenegal a été lancé sur Twitter, afin de médiatiser un maximum la situation dans le pays. "Actuellement au Sénégal, des chaines de télévision n'émettent plus, YouTube est inaccessible, whatsapp bug, des opposants sont emprisonnés, le peuple reçoit des balles réelles quand il manifeste. Nous allons vers une dictature" #FreeSenegal — PROPHET (@Prophet_mee) March 5, 2021