La semaine s'annonce tendue au Sénégal. A sept jours de l'élection présidentielle, des manifestants ont défié ce week-end l'interdiction de défiler dans le centre de Dakar. Mais ces rassemblements pour protester contre un nouveau mandat du président Abdoulaye Wade, ont rapidement dégénéré. Ainsi, des centaines de jeunes du Mouvement du 23 juin (M23) ont été dispersés samedi par les forces de l'ordre, alors qu'ils marchaient vers la place de l'Indépendance, où devait se tenir la manifestation. Tandis que les policiers lançaient des gaz lacrymogènes sur les manifestants, ceux-ci leur ont lancé des projectiles et ont enflammé des barricades. Place de l'indépendance sous haute protection Pendant quelques heures, le centre- ville a été le théâtre de courses-poursuites entre les manifestants et forces de sécurité. Toutes les rues et avenues menant à la Place de l'Indépendance, où se trouve le Palais présidentiel, ont été barrées par les forces de sécurité, empêchant plusieurs candidats opposants d'y accéder, dont le maire Cheikh Bamba Dièye et les ex-ministres des Affaires étrangères Ibrahima Fall et Cheikh Tidiane Gadio. Par ailleurs, un jeune est mort après avoir été blessé vendredi soir à Kaolack, dans l'ouest du pays, lors d'une manifestation organisée pour protester contre la profanation d'une mosquée de Dakar par la police. Ce décès porte à cinq le nombre de morts depuis fin janvier en lien avec la contestation de la candidature d'Abdoulaye Wade à la présidentielle du 26 février. Les manifestants étaient descendus dans les rues de Kaolack après avoir appris qu'un policier avait lancé des grenades lacrymogènes dans une mosquée de la confrérie musulmane des Tidianes à Dakar. Des manifestations de colère ont également eu lieu dans l'une des villes saintes des Tidianes, Tivaouane, où la mairie a été incendiée. Dizaines d'arrestations Des ONG de défense des droits de l'Homme ont déploré les violences, en dénonçant des « dizaines d'arrestations » depuis trois jours. Elles ont exhorté les autorités « à cesser immédiatement la répression en cours ». Sept jeunes du mouvement « Y'en a marre », opposé à un nouveau mandat du président Wade, qui avaient été arrêtés jeudi à Dakar, ont été inculpés de « participation à une manifestation non autorisée ». Ils seront jugés ce 22 février, selon leur collectif. 13 autres demeurent toujours à la police. C'est dans ce climat de vive tension que se profile la Présidentielle de samedi. Elu en 2000, puis réélu en 2007, Abdoulaye Wade se dit sûr de remporter cette élection au premier tour. Mais pour l'opposition et la société civile, rassemblées au sein du Mouvement du 23 juin, cette troisième candidature de Abdoulaye Wade est illégale. Alors que la Constitution sénégalaise ne prévoyait pas plus de deux mandats successifs à la tête de l'Etat, l'actuel dirigeant a réussi à imposer sa troisième candidature, générant des violences dans tout le pays. Quelque 23.000 militaires et paramilitaires ont déjà commencé à voter ce week-end.