La Chine a réévalué le Yuan, sa monnaie nationale pour la première fois depuis une dizaine d'années en fixant un nouveau taux de change. A partir de cette semaine, le taux de change du Yuan contre le Dollar américain est réévalué en hausse de 2%. Après les différentes requêtes des Américains et des Européens, la Chine a enfin cédé à la pression. Inutile de rappeler que la Chine a fait des ravages au niveau du commerce international. Le démantèlement des quotas conjugué à l'intégration de la Chine à l'OMC à la fin de 2001 a suscité les craintes des industriels du secteur du textile en Europe et aux États-Unis et a été également une source d'appréhension pour plusieurs pays émergents. La croissance du PIB chinois s'est élevée à 9,5% en 2004, soit 2,5 points de croissance supplémentaire par rapport à l'objectif fixé par le gouvernement. Cette performance est attribuable à la forte dynamique de l'investissement productif (25,8%), et ce en dépit des mesures restrictives menées par l'Etat (resserrement du crédit, contrôle des acquisitions de terrains, limitation des investissements dans les secteurs atteints par la surchauffe, comme ceux de l'acier, du ciment et de l'automobile). Les échanges extérieurs chinois ont progressé de 35% pour s'établir à 1.100 milliard de dollars, permettant ainsi à la Chine de devenir la troisième puissance commerciale mondiale. De plus, l'attractivité de la Chine pour les investissements directs étrangers s'est fortement renforcée avec un flux total de 61 milliards de dollars en 2004; ce qui lui a permis d'occuper le second rang après les États-Unis. En conséquence, les réserves en devises étrangères de ce pays ont continué de progresser pour totaliser plus de 600 milliards de dollars. En 2005, les prévisions tablent sur un prolongement des performances enregistrées, mais à un rythme plus ralenti. Ces simulations reposent essentiellement sur l'accélération du resserrement des politiques monétaire et budgétaire et de la politique de macrocontrôle. Ceci se trouve confirmé par les objectifs plutôt restrictifs arrêtés par les autorités chinoises : 8% pour le PIB, 16% pour la FBCF et 15% pour le commerce extérieur. A ce sujet, on peut dire que la Chine commence à répondre aux exigences de l'OMC. Aujourd'hui, le géant chinois a enfin réagi. Mais il faut dire qu'en dépit de leurs requêtes répétées, Américains et Européens n'y croyaient plus. Une réévaluation du Yuan Jeudi dernier, Pékin a fait un pas en annonçant d'une part l'appréciation de 2% du Yuan par rapport au Dollar et, d'autre part, la création d'un panier de devises auquel la devise chinoise serait reliée. Banquiers centraux et décideurs économiques occidentaux s'en sont aussitôt officiellement félicités. De l'avis des analystes, leur enthousiasme risque pourtant d'être de très courte durée. «D'abord parce que le changement de régime du Yuan ne préfigure en rien un véritable flottement de la devise qui viendrait compenser en partie les écarts considérables de coûts du travail. La Chine ne peut se permettre aujourd'hui une appréciation forte et durable de sa monnaie. Les exportations sont toujours le plus puissant moteur de la croissance. Or, la demande interne n'est pas suffisamment vigoureuse pour assurer à elle seule les 8% de croissance nécessaires à la création de près de 8 millions d'emplois par an». A cela, s'ajoute la question du poids des réserves en Dollars de la Banque centrale (243 milliards de dollars, les plus importantes de la planète) qui fondraient comme neige au soleil en cas d'appréciation trop forte du Yuan. Second motif de déception : l'impact attendu sur les déséquilibres commerciaux internationaux sera probablement très faible. Même avec une réévaluation de 2% de sa devise, la Chine reste ultra-compétitive sur la plupart des secteurs industriels. Le déséquilibre commercial avec les Etats-Unis, source de tensions politiques constantes entre les deux pays, devrait persister. Sur les cinq premiers mois de l'année, l'Oncle Sam a enregistré un déficit avec la Chine de près de 72,5 milliards de dollars, un chiffre en hausse de 33% par rapport à la même période de 2004 ! La Chine a fait un pas...elle attendra sans doute longtemps avant d'en faire un deuxième. Donc le Maroc ne pourrait espérer une amélioration de la situation actuelle. Parce que si les analystes modèrent l'impact de cette réévaluation sur leurs économies, le Maroc ne pourrait aspirer à mieux. Cette menace asiatique qui pèse lourdement sur l'ensemble des États ne pourrait être amenuisée que si la Chine prend une autre initiative encore plus pesante, indispensable pour assurer la progression des réformes et lui permettre de faire face aux échéances fixées dans le cadre de l'adhésion à l'OMC, tout en maintenant la cohésion sociale.