Un minaret s'effondre et fait 41 morts et plus de 80 blessés dans une mosquée de Meknès. L'information a fait le tour du monde. Elan de compassion pour les victimes et familles des victimes. Mais également émoi et colère des habitants de Meknès pour qui cette catastrophe horrible ne devait point arriver et qui balaient d'un revers de la main la thèse selon laquelle les infiltrations dues aux fortes précipitations seraient à l'origine de l'effondrement d'une partie de la mosquée. Au-delà de la tristesse que l'on peut logiquement éprouver face à un tel drame, se pose surtout le problème de la vétusté de certains édifices très fréquentés par le public. En cela, Meknès n'est pas un cas unique. Dans plusieurs villes du Royaume, des ruines encore et piteusement «debout» menacent à tout moment de s'écrouler sans que cela n'effraie les autorités compétentes. Pourtant, la presse n'a eu cesse d'alerter sur tous ces vieux édifices et autres maisons chancelants situés particulièrement dans les médinas. Rien n'a été concrètement fait. Hormis, bien évidemment, de sordides déclarations d'intention. Malheureusement, ce n'est que lorsqu'il y a mort d'hommes que les consciences s'éveillent promptement, mais surtout de manière très ponctuelles, pour initier des mesures cosmétiques susceptibles de calmer les douleurs de la population. Et cette politique du «médecin après la mort» n'a que trop duré. Car il est temps que des mesures préventives importantes soient prises afin que de tels drames ne se reproduisent plus. Mais, surtout, il est temps que les vrais responsables payent pour leur laxisme et leur négligence. En cela, les citoyens attendent de l'enquête qui vient d'être diligentée non pas qu'elle désigne coûte que coûte un bouc émissaire, mais que les responsabilités soient clairement établies, à tous les niveaux de la hiérarchie. L'essentiel n'étant pas d'attendre, comme on a l'habitude de le faire, que le temps use les mémoires et guérisse les blessures.