* La Commissaire de lexposition «Mataraïn» et directrice du projet artistique «Correspondencias» revient sur les objectifs du rapprochement entre artistes marocains et espagnols. * Esther Blanco souhaite que cette exposition et le cahier dart qui laccompagne soient un prélude pour une meilleure compréhension des artistes des deux pays. w Finances News Hebdo : Tout dabord, quelle est la principale spécificité de cette exposition qui sinscrit dans la continuité avec dautres expositions organisées par lInstitut Cervantes ? w Esther Blàsquez Blanco : Cest la première fois que l'Institut Cervantes et l'Ambassade dEspagne à Rabat accueillent un projet comme Correspondencias, dans lequel deux artistes ont travaillé pendant plus de 6 mois dans un dialogue permanent et effectuent une intervention à quatre mains, fruit de ce parcours artistique. Nous ne connaissons pas d'antécédents d'une expérience analogue dans laquelle l'exposition conjointe est le fruit d'une correspondance artistique exercée pendant 6 mois, et dont le parcours sera reflété dans un livre d'art et dans un documentaire.? w F. N. H. : «Mataraïn» est un titre qui renvoie à lexistence de deux imaginaires différents des deux rives. Est-ce que cette exposition se range dans cette optique ? w E. B. B. : L'eau a été un élément très présent tout au long des correspondances entre Mariona et Safaa. Je crois que la meilleure manière de répondre à cette question cest de dévoiler un fragment d'une lettre des correspondances, qui sera publié dans le cahier d'art : «En réalité, je sens ta présence depuis la première rencontre, même si nous ne sommes pas ensemble. Surtout depuis que je suis partie du Maroc. En fait, le même jour où nous commencions à tourner le documentaire sur la terrasse de l'atelier de Barcelone, il a commencé à pleuvoir. Et j'ai regardé vers le haut et jai pensé : «Il est ici, Safaa ». Et pardonne-moi que je te le dise et le pense ainsi, avec tant de simplicité, mais cest comme si une partie de toi était près de moi, à travers l'eau Les eaux partagées » ?? w F. N. H. : Enfin, est-ce que les artistes plasticiens espagnols sont conscients de la nécessité de travailler en commun avec les artistes marocains pour réaliser de meilleurs rapprochements ? w E. B. B. : De la même manière qu'un artiste approche un matériau pour créer et chercher une direction pour son ?uvre, Mariona et Safa se sont approchées lune de l'autre jusqu'à se sentir dans le quotidien et ont utilisé ensemble le matériel de leur travail ; elles se sont respectivement explorées jusqu'à provoquer une expérience créative. ?Ce processus m'a enseigné que le travail et le dévouement sont indispensables pour arriver à l'autre, pour communiquer depuis le même lieu et pour se reconnaître. Et que pour arriver jusque-là il est nécessaire d'avoir intériorisé et compris «le bien» qui existe chez lautre. Cest ainsi que je comprends le dialogue entre des personnes de différents lieux. Il n'importe pas d'où chacun provient : il y a un lieu commun où les deux parlent le même langage sans avoir besoin de mots.