Être compétitive et affronter la concurrence étrangère, tel devra désormais être le credo de chaque PME dans le contexte actuel. Cet objectif n'a pas laissé passifs les professionnels de la sphère financière marocaine. Bien au contraire, ces derniers, conscients de l'ampleur des défis que les PME devront affronter suite à l'abolition totale des droits de douane, ne cessent de leur renforcer le dispositif financier. La rencontre, la semaine dernière, dans les locaux de la Bourse des Valeurs de Casablanca, afin de se concerter sur le financement des PME par le marché boursier, s'inscrivait dans cette logique. Le poids de la PME dans le tissu industriel national, soit 92% et sa contribution pour moins de 20% au PIB ont incité les professionnels à réfléchir sérieusement sur les mesures à même de permettre à la petite et moyenne entreprise de jouer le rôle qui est le sien dans une économie en quête de compétitivité. Il y a 15 jours, c'étaient les experts-comptables qui s'étaient réunis pour réfléchir sur la nature du conseil à donner aux PME ( voir FN n° 231). Aujourd'hui encore, les professionnels de la Bourse des Valeurs de Casablanca se sont donnés rendez-vous pour soutenir les petites et moyennes entreprises afin d'affronter de nouveaux challenges ( contexte réglementaire, exigences fiscales, ouverture et concurrence, problématique de financement...). À ses débuts, l'introduction en Bourse avait pour objectif d'assurer aux actionnaires la liquidité des actions d'une société et de faciliter ainsi les souscriptions aux augmentations de capital. Ces dernières années, cette vocation a été détournée et a laissé place à la recherche de plus-values immédiates. Ces plus-values profitaient essentiellement aux spéculateurs financiers qui recherchaient le gain immédiat. Aujourd'hui, les professionnels sont conscients que la Bourse doit permettre à une meilleure canalisation de l'épargne qui devra permettre aux PME de faire face à cette nouvelle ère de compétition du commerce mondial. M. Khalid Belkhoutout, membre du Directoire de la Bourse de Casablanca, a axé son intervention sur les différentes opportunités qu'offre la Bourse des Valeurs de Casablanca (BVC) à la PME. Cette dernière permet de financer des projets et de valoriser les participations des actionnaires grâce à une meilleure notoriété. Le recours de la PME à la BVC lui permet de financer ses projets dans de meilleures conditions, et ce grâce à une diversification optimale des ressources. En outre, le financement via le marché boursier lui permet de renforcer son « haut du bilan », d'entreprendre des montages financiers sur mesure et d'assurer ainsi une croissance externe. Cette croissance lui favorise l'accès à de nouveaux marchés et la conclusion d'accords internationaux. Ceci lui permettra d'améliorer son savoir-faire, développer sa productivité et renforcer ainsi sa position concurrentielle. Mieux encore, la cotation permet à la PME de se doter d'un label qualité à travers la certification des comptes et la transparence. Pour les actionnaires, la cotation offre la liquidité de leur patrimoine, l'assurance et la pérennité de l'entreprise, et, pour les collaborateurs, elle met en place un système d'intéressement efficace. Avoir dans son tour de table des investisseurs de référence est aussi l'un des points forts de la cotation en Bourse. Les nouveaux marchés de la Bourse Les marchés auxquels pourra accéder la PME sont : le marché action et développement qui vise essentiellement les entreprises mâtures de taille moyenne, tous secteurs confondus. Les critères d'introduction sont un capital social entièrement libéré, un montant minimum à émettre de 25 millions de DH, le nombre de titres de 100 000, avoir deux exercices certifiés, un chiffre d'affaires minimal de 50 millions de DH et un contrat d'animation d'une année. Le marché action de croissance est destiné aux entreprises jeunes à fort potentiel de croissance et qui ont besoin de financer un projet de développement ; le marché obligataire est ouvert aux grandes et moyennes entreprises, tous secteurs confondus. Les critères d'émission sont un montant de 20 millions de DH, une maturité minimale de deux ans et deux exercices certifiés par le commissaire aux comptes. Enfin, le marché de fonds a pour cible les organismes de placement en capital risque. Les critères d'émission sont les actions ou parts des fonds de capital risque et de placements collectifs en titrisation dont le montant minimum est supérieur ou égal à 20 millions de DH. Toutefois, il est à rappeler que l'introduction en Bourse exige que le patron de la société adopte une approche managériale et professionnelle qui va dans le sens de la transparence et de la gestion conformes aux normes internationales. D'après la définition de la charte PME (chiffre d'affaires annuel hors taxes n'excédant pas 75 millions de DH), seulement 7 PME appartenant à différents secteurs sont cotées en Bourse. Elles représentent 12,5% du total des entreprises cotées et seulement 0,1% des PME nationales. Par ailleurs, un troisième compartiment a vu le jour et dont les conditions d'éligibilité favorisent les PME à fort potentiel de croissance. Toutefois, en 2001, une seule entreprise spécialisée dans les technologies de l'information a été cotée sur ce nouveau compartiment. Reste que les contre-performances antérieures jusqu'à fin 2002 de la capitalisation boursière (-11,9%) et des indices MASI (-12,8%) et MADEX (-12,5%) n'ont pas encouragé le recours des PME au financement boursier. Néanmoins une forte reprise a été enregistrée à fin octobre 2003 ( 27% pour le MASI et 19,4% pour le MADEX). Le recours à la Bourse est donc une alternative aux autres mesures de financement. On peut citer, à cet égard, les crédits bancaires à court moyen et long terme, les crédits spécifiques à la mise à niveau. D'autres formules de financement par participation ont vu le jour, il s'agit du capital risque, du capital développement... Les défis que devront relever les PME ont abouti par ailleurs à la création d'autres formules de financement telles que les lignes étrangères, les fonds de garantie à caractère général et sectoriel. Une chose est sûre: la PME a aujourd'hui devant elle une palette de formules de financement et c'est à elle de choisir celles qui s'adaptent à ses besoins.