* Une conjoncture internationale et nationale difficiles. Les analystes les plus optimistes ne prévoient une reprise quà partir du second semestre 2010. * Prix du pétrole, évolution des recettes fiscales, résultat de la campagne agricole, comportement des secteurs exportateurs, autant dindicateurs imprévisibles et véritables casse-têtes pour Salahedine Mezouar et son équipe. La Loi de Finances 2010 sera un texte bien particulier. Léquipe de Salahedine Mezouar aura du pain sur la planche pour élaborer le budget de lannée prochaine. Les marges de manuvre semblent réduites. Si lannée 2009 sannonce dores et déjà difficile, 2010 demeure incertaine. Le pays est confronté à plusieurs défis et contraintes, aussi bien au niveau national quà linternational. La conjoncture mondiale reste morose. Les quelques signes de reprise demeurent peu tangibles et les principales économies mondiales sont frappées de plein fouet par la récession. Les analystes des organismes économiques internationaux les plus optimistes estiment quun début de relance ne sera perceptible quà partir du deuxième semestre de 2010. Notre économie nationale pourrait-elle tenir le coup ? Déjà, les effets de la crise commencent à se faire sentir, et ce dans plusieurs domaines, notamment les secteurs liés à linternational, le tourisme, les branches exportatrices et les transferts des MRE. Sur trois ans, les réserves en devises ont baissé de 50%, passant pratiquement de près dune année dimportation à seulement 6 mois. «Depuis des années, le Maroc a gardé son autonomie financière en matière de change. Ses réserves reflétaient en quelque sorte la résistibilité et la bonne santé de son économie. Actuellement, si la tendance de régression et leffritement des réserves de change se poursuivent, le pays sera contraint de solliciter un soutien de la part du FMI pour financer ses exportations», a expliqué Youssef Oubouali, professeur déconomie à la Faculté de Settat. «Les contraintes majeures que le pays devraient affronter concernent le renchérissement des prix des matières premières, surtout agricoles et pétrolières. Lexpérience des deux dernières années a montré comment la montée de ces cours a eu un impact défavorable sur la balance commerciale, linflation et les réserves de change», a-t-il ajouté. Pour le pétrole, le phénomène des renchérissements a commencé. Un cours à plus de 100 dollars/baril en 2010 est fort probable. Plusieurs indicateurs semblent converger vers cette tendance : la demande qui va reprendre avec la relance de léconomie mondiale, la reprise des effets spéculatifs, puisque le pétrole demeure la matière la plus attractive, et la baisse des investissements, ces derniers temps, vont impacter loffre produit. Au niveau de la croissance, lincertitude est également de mise. En 2009, le pays ne doit son salut quà une campagne agricole record. Mais les données historiques des saisons agricoles montrent quune bonne campagne est rarement suivie dune autre bonne saison. Les statistiques révèlent que 2 campagnes sur trois ont des récoltes en deçà de la moyenne, soit moins de 60 millions de quintaux. Dans cette logique, le Maroc ne peut espérer, dans le meilleur des cas, quune saison moyenne en 2010. Déjà, le PIB non agricole évolue à moins de 2%, en 2009, et tout semble indiquer que cette tendance va se poursuivre lannée prochaine. La croissance sera, elle aussi, modeste. «Pour 2010, si reprise il y a, au niveau mondial, elle ne sera tangible quà partir du second semestre. Son onde de choc ne touchera le Maroc que quelque temps après. Donc, il ne faut attendre un véritable démarrage quà partir de lannée 2011. 2010 sera encore plus difficile», indique Oubouali. Lun des axes majeurs sur lesquels lEtat sest basé ces dernières années pour doper la croissance est linvestissement public; mais le pays aura-t-il suffisamment de ressources pour concrétiser ses objectifs ? 2009 devrait marquer un véritable revirement de tendance des recettes fiscales. Les recettes de monopole et des entreprises publiques seront sous le coup dune conjoncture défavorable. Déjà, des organismes publics comme la CDG, lOCP, la RAM et dautres connaissent une baisse de rythme notoire et procèdent à un pilotage à vue pour le prochain exercice. En effet, les recettes fiscales ont connu, durant les quatre premiers mois de lannée, une régression de 9%. La baisse de limpôt serait-elle compensée par leffet assiette ? «La baisse des taux dimposition et le manque de dynamisme de léconomie nationale en sont les principaux facteurs. Les efforts déployés par la Direction générale des impôts (DGI) en matière délargissement de lassiette, de contrôle et de recouvrement auront des effets limités», a affirmé Oubouali. En revanche, les dépenses de lEtat continueront de croître. Les dépenses de fonctionnement, surtout la masse salariale, vont augmenter à cause des engagements du gouvernement dans le cadre du dialogue social. Pour l investissement public, lEtat ne peut reporter aucun programme, surtout les grands chantiers. Il devra, dans ces conditions, sendetter pour assurer léquilibre. Un déficit budgétaire est attendu. Sera-t-il maintenu en deçà des 3% programmés ? La flambée probable du pétrole brut et éventuellement le renchérissement des produits alimentaires importés, vont se répercuter défavorablement sur la Caisse de compensation et, bien entendu, sur le déficit.