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Loi de Finances 2010 : Que d’incertitudes… !
Publié dans Finances news le 04 - 06 - 2009

* Une conjoncture internationale et nationale difficiles. Les analystes les plus optimistes ne prévoient une reprise qu’à partir du second semestre 2010.
* Prix du pétrole, évolution des recettes fiscales, résultat de la campagne agricole, comportement des secteurs exportateurs, autant d’indicateurs imprévisibles et véritables casse-têtes pour Salahedine Mezouar et son équipe.
La Loi de Finances 2010 sera un texte bien particulier. L’équipe de Salahedine Mezouar aura du pain sur la planche pour élaborer le budget de l’année prochaine. Les marges de manœuvre semblent réduites. Si l’année 2009 s’annonce d’ores et déjà difficile, 2010 demeure incertaine. Le pays est confronté à plusieurs défis et contraintes, aussi bien au niveau national qu’à l’international. La conjoncture mondiale reste morose. Les quelques signes de reprise demeurent peu tangibles et les principales économies mondiales sont frappées de plein fouet par la récession.
Les analystes des organismes économiques internationaux les plus optimistes estiment qu’un début de relance ne sera perceptible qu’à partir du deuxième semestre de 2010. Notre économie nationale pourrait-elle tenir le coup ? Déjà, les effets de la crise commencent à se faire sentir, et ce dans plusieurs domaines, notamment les secteurs liés à l’international, le tourisme, les branches exportatrices et les transferts des MRE. Sur trois ans, les réserves en devises ont baissé de 50%, passant pratiquement de près d’une année d’importation à seulement 6 mois. «Depuis des années, le Maroc a gardé son autonomie financière en matière de change. Ses réserves reflétaient en quelque sorte la résistibilité et la bonne santé de son économie. Actuellement, si la tendance de régression et l’effritement des réserves de change se poursuivent, le pays sera contraint de solliciter un soutien de la part du FMI pour financer ses exportations», a expliqué Youssef Oubouali, professeur d’économie à la Faculté de Settat. «Les contraintes majeures que le pays devraient affronter concernent le renchérissement des prix des matières premières, surtout agricoles et pétrolières. L’expérience des deux dernières années a montré comment la montée de ces cours a eu un impact défavorable sur la balance commerciale, l’inflation et les réserves de change», a-t-il ajouté.
Pour le pétrole, le phénomène des renchérissements a commencé. Un cours à plus de 100 dollars/baril en 2010 est fort probable. Plusieurs indicateurs semblent converger vers cette tendance : la demande qui va reprendre avec la relance de l’économie mondiale, la reprise des effets spéculatifs, puisque le pétrole demeure la matière la plus attractive, et la baisse des investissements, ces derniers temps, vont impacter l’offre produit. Au niveau de la croissance, l’incertitude est également de mise. En 2009, le pays ne doit son salut qu’à une campagne agricole record. Mais les données historiques des saisons agricoles montrent qu’une bonne campagne est rarement suivie d’une autre bonne saison. Les statistiques révèlent que 2 campagnes sur trois ont des récoltes en deçà de la moyenne, soit moins de 60 millions de quintaux. Dans cette logique, le Maroc ne peut espérer, dans le meilleur des cas, qu’une saison moyenne en 2010. Déjà, le PIB non agricole évolue à moins de 2%, en 2009, et tout semble indiquer que cette tendance va se poursuivre l’année prochaine. La croissance sera, elle aussi, modeste. «Pour 2010, si reprise il y a, au niveau mondial, elle ne sera tangible qu’à partir du second semestre. Son onde de choc ne touchera le Maroc que quelque temps après. Donc, il ne faut attendre un véritable démarrage qu’à partir de l’année 2011. 2010 sera encore plus difficile», indique Oubouali.
L’un des axes majeurs sur lesquels l’Etat s’est basé ces dernières années pour doper la croissance est l’investissement public; mais le pays aura-t-il suffisamment de ressources pour concrétiser ses objectifs ?
2009 devrait marquer un véritable revirement de tendance des recettes fiscales. Les recettes de monopole et des entreprises publiques seront sous le coup d’une conjoncture défavorable. Déjà, des organismes publics comme la CDG, l’OCP, la RAM et d’autres connaissent une baisse de rythme notoire et procèdent à un pilotage à vue pour le prochain exercice.
En effet, les recettes fiscales ont connu, durant les quatre premiers mois de l’année, une régression de 9%. La baisse de l’impôt serait-elle compensée par l’effet assiette ?
«La baisse des taux d’imposition et le manque de dynamisme de l’économie nationale en sont les principaux facteurs. Les efforts déployés par la Direction générale des impôts (DGI) en matière d’élargissement de l’assiette, de contrôle et de recouvrement auront des effets limités», a affirmé Oubouali.
En revanche, les dépenses de l’Etat continueront de croître. Les dépenses de fonctionnement, surtout la masse salariale, vont augmenter à cause des engagements du gouvernement dans le cadre du dialogue social. Pour l’ investissement public, l’Etat ne peut reporter aucun programme, surtout les grands chantiers. Il devra, dans ces conditions, s’endetter pour assurer l’équilibre. Un déficit budgétaire est attendu. Sera-t-il maintenu en deçà des 3% programmés ?
La flambée probable du pétrole brut et éventuellement le renchérissement des produits alimentaires importés, vont se répercuter défavorablement sur la Caisse de compensation et, bien entendu, sur le déficit.


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